Fugue nocturne [PV Lorenzo]

« GWAAAAAAAAAAAAH J'EN AI MARRE !!!! »

Balançant la lecture du soir contre un mur, Shine s'échappa du coussin moelleux sur lequel il était assis pour se diriger à grand pas vers la fenêtre. Trop, c'était trop. Il avait besoin de bouger, de sortir, respirer l'air frais, merde ! Rester enfermé, très peu pour le jeune adulte. Tant pis s'il devait subir une énième fois la colère de l'héritier Sawada. Tous ces bouquins... ras la patate ! Ses neurones méritaient un peu de paix, de temps en temps. Zut !

« Tes bouquins, tu peux te les garder, crétin ! »

Heureusement que Nico s'était absenté, ce soir-là, autrement, l'espion se serait reçu une ribambelle de coups qu'il n'aurait pas oublié de sitôt.
La fenêtre s'ouvrit avec fracas. Les jambes par dessus le rebord, et hop ! A lui la liberté, les ruelles sombres, le ciel étoilé. La tranquillité. Enfin.
Sans plus attendre, le gamin s'enfonça dans la ville, courant à en perdre haleine. Pas question que son satané père ne le rattrape et l'empêche de profiter de sa fugue. De toute façon, le mafieux avait l'habitude de le voir disparaître, soudainement, sur un coup de tête. Il s'en remettrait, après quelques minutes d'inquiétude et un grand soupir blasé. Le jeune homme avait toujours été un animal sauvage, une sorte d'électron libre, n'obéissant qu'à ses propres lois. Seule la violence parvenait à le mater.

N'hésitant que peu de temps sur la destination à prendre, le Sawada traversa d'innombrables ruelles pour finalement déboucher sur la plage. Un sourire enfantin, inhabituel, illumina son visage. Posant un premier pied dans le sable, Shine progressa lentement, pas à pas, perdant son regard sur les vagues qui s'écrasaient non loin de lui. Il ne remarqua pas l'homme qui était assis, quelques mètres plus loin, près de l'eau.

Ses jambes l'emmenèrent jusqu'au liquide foncé. Les traits fermé, l'espion observa la lune, se déchaussant pour tremper ses pieds dans l'eau fraîche. Un léger tressaillement le parcourut. L'eau glaciale, plutôt.
Ses pensées divaguèrent alors que ses yeux se perdaient dans le vide. Ces dernières nuits, ses cauchemars étaient revenus le hanter, sans aucune raison apparente. Cela se ressentait sur son visage, où des cernes pointaient le bout de leur nez. Et puis, son teint, déjà pâle à la base, virait au blanc cadavérique. Il devait se reprendre. Arrêter de se torturer avec un passé révolu. Pfff, les humains lui semblaient vraiment pathétiques. Et dire qu'il en faisait partie. Misère. Toujours à ressasser les souffrances fanées, sans relâche, jusqu'à avoir atteint le fond du gouffre. C'était de l'autodestruction, pure et dure. Alors pourquoi s'évertuait-il à un reproduire un comportement aussi absurde ! Bouge-toi, mon vieux !

Décidé à sortir de sa transe déprimante, le garçon recula d'un pas, puis se jeta dans l'eau gelée, tout habillé. Aïe. La mâchoire serrée, il entreprit de nager. Voilà. C'était exactement ce qu'il lui fallait, un bain glacé pour remettre ses idées en place. Non mais. S'abaisser à déprimer de cette façon... cela ne lui ressemblait pas. Il s'efforçait de ne plus emprunter cette pente glissante. Sous peine de sombrer, et de ne plus trouver aucune main pour le secourir. Nico l'avait sortit une fois de l'enfer. Et malgré tout l'attachement qu'ils se portait, le jeune adulte n'était pas sûr que le mafieux recommencerait. Alors il s'accrochait, et ça lui réussissait plutôt bien, pour le moment. Même si son dégoût pour ses semblables ne paraissait pas vouloir s'estomper. Ça viendra avec le temps, lui avait-on dit. Tu parles ouais. Tout ce blabla sur le temps, que des foutaises. Les secondes qui défilaient ne réparaient pas toutes les blessures.

Après plusieurs minutes, ses muscles s'engourdissaient un peu trop à son goût. Il se sentait un peu déprimé, épuisé aussi, mais pas au point de se laisser couler au fond de l'eau. Direction la terre ferme. L'espion atteignit la plage en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. L'air frais l'enveloppa. Un frisson parcourut son échine. Quel imbécile. Trempé et sans autres vêtements, il n'allait pas tarder à attraper la mort. Bravo. Félicitations, môssieur idée foireuse de dernière minute.

Alors qu'il s'affublait de sobriquets ridicules dans son esprit, Shine remarqua enfin l'homme, toujours assis au même endroit. Son coeur rata un battement.

« Ah euh... bonsoir. »

Et une baffe virtuelle de plus. Une. La surprise passée, toute émotion quitta son visage. Un masque d'impassibilité exemplaire. Sur la défensive, il recula d'un pas, replongeant ses pieds dans l'eau. Pourquoi devait-il toujours y avoir quelqu'un pour gâcher ses instants de solitude ?

Time to go

Il était temps de partir, quitter la ville. Toshyo s'était fait griller au cours d'une mission alors qu'il était sous couverture et Lorenzo avait du aller le chercher. Ce fut périlleux, il crut qu'il allait devoir empoisonner Toshyo mais par un miracle son associé réussi à trouver la force de le suivre pour s'en sortir. Oui il était temps de déménager. Ce n'était pas un coup de tête, un projet déjà réfléchis, les choses s'accéléraient seulement un peu. Lorenz avait déjà quelques contact dans la nouvelle ville ou ils allaient aller. De toute façon s'était quasiment à côté, même pas une heure de route. Les gros clients suivraient, tout le monde sait que les hommes importants, les hommes d'affaires bougent souvent et vont de ville en ville. Non il ne s'inquiétait pas, il arriverait à se refaire un réseau et de contact et de client et puis le bouche à oreille c'est ce qui marche le mieux non ? Il verrait bien, il suffirait de lancer l'information sur le marché quand il serait prêt. Avant de se dévoiler il lui faudrait un nombre de carte minimum. Il y travaillerait jour et nuit. Son métier c'était sa passion. Ainsi ils déménagèrent et Lorenz n'était que le propriétaire d'un des plus grands restaurants de la ville et rien d'autre. Un propriétaire très occupé à observer ses clients, à écouter ce que lui dirait Toshyo qui lui se baladait dans la ville. La vie est un théatre dont les acteurs sont les personnes qui nous entourent : des amants, des ennemis, des amis, des clans, des promesses, des trahisons....un tas de choses. L'humain était si intéressant vraiment. Lorenz n'était pas déçu cette ville grouillait d'histoire réellement intéressante dont il se ferait une joie d'en connaître tous les contours. Voilà plus d'une semaine qu'il était arrivé, pas beaucoup sorti, beaucoup travailler. Il n'avait pas passé beaucoup de temps avec Toshyo non plus, son associé vivait sa vie, et lui ramenait des infos quand il en avait. Lorenz avait une confiance énorme en lui. Il savait que grâce à lui le succès serait assuré.

Time to stop

Le temps avait beau passer, devenir quelqu'un et savoir tout d'une ville ne se faisait pas du jour au lendemain. Il aurait beau travailler nuit et jour la seule chose qu'il arriverait à faire c'est de s'écrouler de fatigue aussi grande sa résistance soit elle. Oui il allait devoir être patient, le temps serait son allié, mais ce n'est pas en étant fatigué qu'il arriverait à quoi que se soit. Il était temps de faire une pause, Toshyo lui fit judicieusement remarquer que l'esprit avait besoin de s'aérer. Oui et le corps de se détendre. C'est vrai que plongé dans son travail il en oubliait même les désirs de son corps. C'est vrai que ça faisait du bien, c'est ainsi qu'il décida à la fin de sa pause de se prendre une journée entière. Son associé se débrouillera très bien tout seul une journée, il n'allait pas mettre le feu au restaurant, espérons le ça serait bien ennuyeux sinon. C'est ainsi qu'au beau matin, alors que le soleil se levait à peine illuminant les premiers immeubles, Lorenz pris un jean noir, un t-shirt et son vieux manteau de cuir pour partir sur sa super moto. Il roula jusqu'à la mer, et le midi il alla chercher son fils à l'école pour manger avec lui. Il grandissait son petit bout de chou s'en était effrayant. Il l'écouta raconter sa journée d'école. Ouais il était pas comme son papa, il aimait bien jouer avec ses camarades et il aimait pas la maitresse. Mais c'était bien d'être social et d'avoir plein de petit camarade. Il le ramena ensuite chez sa tante pour le coucher pour la sieste, lui raconte une histoire et rester à regarder son Ange dormir. Il n'y avait pas de plus belle chose au monde, à cause du déménagement il le verrait encore moins souvent qu'avant. C'est ainsi il a fait son choix à sa naissance, le tout est de ne pas le regretter. Il resta encore un moment, en profita pour parler avec sa tante, lui piquer tout un tas d'herbe et de petite potion c'est toujours utile ses choses là quand on s'en sert à bonne escient. Enfin bon une pause qui laissa un goût dans la bouche de Lorenz, un goût nostalgique, de plein de chose, d'avoir vu son fils. Il ne pu se résoudre à partir tout de suite et resta jusqu'au diner. Puis son bout de chou était si content de le voir et l'entendre dire papa c'était.....indescriptible. Enfin bon il fallut bien repartir, rentrer. Mais il n'avait pas envie de rentrer au bureau...pas tout de suite. C'est comme ça qu'il atterri sur une plage.

And night falls

Lorenz retira ses vieilles chaussures de cuirs usées et ses chaussettes pour laisser ses pieds s'enfoncer dans le sable. Le sable était fin et tout , ça le chatouillait un peu entre les doigts de pieds lorsqu'il le faisait glisser. Il passa un moment à contempler le large, les bateaux avec leurs voiles de couleur, les mouettes qui piaillaient, tout un tas de bruit. Les nuages qui faisaient des formes bizarres dans le ciel, les gens qui se baladaient et puis....le soleil se coucha, l'air devint plus silencieux jusqu'à ce que la nuit tombe. Lorenz n'avait pas bougé. Il commençait à faire frais mais qu'importe sa veste en cuir le protégeait du froid. Il n'y avait plus personne, juste le bruit de petites vagues qui s'écrasent contre les rochers un peu plus loin ou tout simplement sur le sable. Les bruits des grillons ou dieu sait quoi, il n'est pas un ami de la nature à reconnaître n'importe quel bruit, non lui c'est l'ami des humains xD. En parlant d'humain....il n'était pas si seul que ça. Lorenz avait une ouïe assez fine de sorte qu'il entendit ses pas aussi lent soient ils. L'homme marchait vers la mer, le plus drôle c'est qu'il était passé à côté de Lorenzo sans le remarquer. Peut être qu'a force de ne pas bouger il s'était transformé en rocher. Il pencha sa tête légèrement en observant le dos du type. L'heure de se baigner ? Ben il aurait pas le soleil en sortant pour se réchauffer mais la lune. Une lune pas complètement pleine mais dont le reflet s'étirait dans l'eau. Jolie couleur. Un adolescent dépressif prêt à se jeter dans cette eau gelée, comme c'est intéressant. Il étudia chacun des gestes qu'il pouvait apercevoir. On ne vient pas sans raison au bord de l'eau en pleine nuit, encore moins pour s'y baigner habillée. Il en conclua que quelque chose torturait la personne qui venait de se jeter dans l'eau sous ses yeux. Ça arrivait...

Il sorti son paquet de clope de sa poche pour en sortir une et jouer avec du bout des doigts sans quitter l'eau des yeux. La nuit était claire oui on y voyait assez bien une fois habitué à l'obscurité. Jusqu'ou nagerait il ? Reviendrait il ? Oh surement a moins de ce faire avoir par le poids des vêtements lourds une fois mouillé, le froid qui engourdis mais l'humain à un instinct de survit assez impressionnant autant que de destruction mais oui au final il finit par s'accrocher à la vie tout en se détruisant. Oui il paria sur le fait qu'il allait revenir en moins deux sur la plage, léger sourire quand son pari fut gagné. On s'amuse comme on peut. Lorenz adore regarder les gens et faire des pronostiques, il aurait du faire voyante. Peut être était il juste une sorte de mentaliste dans le fond qui sait ? Il faisait ça depuis qu'il était tout petit et c'est ce qui l'avait conduit à ce métier. Dans tous las cas même si il n'était pas revenu Lorenz ne serait pas allé le chercher. Il sauve des vies que par intérêt lui, or celle d'un inconnu vu que de dos....pas d'intérêt franchement. C'était vraiment amusant de le voir n'empêche, surtout quand il remarqua enfin Lorenz qui oui n'avait pas bougé. Il porta la clope à ses lèvres , un briquet suivit pour en allumer le bout, petit point rouge dans la nuit clair, fumée qui s'échappe... Il remarqua son pas en arrière, mignon petit.

«Bonsoir,

Ne vous inquiétez pas je ne mange pas. »

Amusant vraiment, il n'y avait pas de quoi être sur la défensive. Il était surpris, ce n'était peut être pas un ado avec des problèmes de coeur enfin de compte. Peut être était il sensé lui proposer sa veste pour éviter d'attraper la mort mais Lorenz n'a rien d'un gentleman. C'était son moment de solitude à lui qui venait d'être dérangé quand même. Faut pas abuser. Alors qu'il pensait à sa famille, sa vie tout ça un crétin était venu attraper la mort sous ses yeux et très franchement ce n'était pas son problème. Oui c'est très égoiste je suis d'accord. Mais bon si il devait s'en faire pour toutes les causes perdues de cette terre le pauvre il aurait pas fini quoi. Cela dit il pouvait se montrer gentil ça coutait rien, demandait pas d'effort. Puis a quoi bon faire preuve de méchanceté surtout face à quelqu'un qui n'avait pas l'air d'aller très bien. Il profita un instant de la nicotine qui envahissait ses poumons. Bon il allait pas rester comme un cake face à quelqu'un de tremblotant ça ferait vraiment...le type mauvais, or c'était pas quelqu'un de mauvais, enfin oui et non.

« J'espère que vous n'habitez pas trop loin sinon vous risquez d'attraper une pneumonie ça serait bête. »

Parle d'une voix très douce, assez basse. Il aime pas les gens qui parlent fort et qui crie ça fait mal au tympan et c'est soulant. Lorenz aime le calme. C'est pour ça qu'il reste dans le bureau et laisse Toshyo sur le terrain. Mais bon il va pas rester à faire causette sinon c'est lui qui sera responsable de la pneumonie de monsieur. De nos jours les gens vous attaquent pour tout et n'importe quoi. Faut toujours un responsable et a la fin on dira que c'est lui qui l'a poussé à plonger dans cette eau froide. Non mais c'est vrai il exagère pas faut toujours se méfier. Les gens sont parfois sournois et fourbe voilà ce qu'il sait. Attaquer n'importe qui en justice pour que l'assurance paye, mais oui on est tous victime en ce bas monde. Donc le mieux était de lui proposer gentiment de rentrer chez lui sinon...ouais si il habitait loin le mieux c'était le motel. Ou chez lui même mais bon. Enfin il n'avait rien à faire de la nuit cela dit, Toshyo ne devait pas l'attendre. Il resta le regard relevé vers l'inconnu, ben oui il connait pas son nom c'est pas monsieur je sais tout, ou pas encore xD.

Sans blague, crétin ! fut la première pensée qui traversa l'esprit du gamin à la réponse de l'inconnu. Encore heureux. S'il était tombé sur un cannibale affamé, il aurait pu définitivement dire que son karma ressemblait à celui d'un misérable vers de terre. Enfin bref. Ce type gâchait le pure plaisir d'un instant de liberté bien mérité. Maintenant il se sentait... observé. Emprisonné par le regard d'un parfait étranger. Même si l'homme ne paraissait pas s'intéresser pleinement à lui. Cela ne changeait rien. Sa seule présence suffisait à casser l'ambiance. Misanthrope sur les bords, l'adolescent ? Pas le moins du monde. Une envie de lui envoyer son poing dans la figure traversa l'espion... pourtant il se retint. In extremis.

Calme, calme. Respire. Ce type ne t'as rien fait. Il a le droit d'être ici. Reculant encore d'un pas, Shine se rendit compte qu'il tremblait de haut en pas, et que ses pieds gelaient dans l'eau glacée. Il crevait carrément de froid. Il ne manquait plus que ça... Sa colère enfantine s'estompa un peu alors qu'il s'approchait de l'inconnu pour sortir du liquide un peu trop rafraîchissant à son goût. Avant qu'il ne se transforme en statue de glace.

Ne trouvant rien d'autre à faire, il posa son regard sur son vis-à-vis, l'observant, détail par détail. Des cheveux et des yeux bruns. De taille moyenne, apparemment. Un physique banal, passe-partout. Et un air tout aussi impassible que le sien collé au visage. Ce qui le rendait difficile à cerner. Le gamin ne parvenait pas à se faire une idée sur cet homme. D'habitude, il dévoilait facilement la personnalité des gens, un simple coup d'oeil suffisait. A force de se taire et d'observer, et de côtoyer des gens peu fréquentables à longueur de journée, il avait appris à discerner les petits fragments, les simples expressions qui en disaient long sur les intentions et le caractère de n'importe quel quidam.
C'était un des avantages de son dégoût des autres humains. Des heures et des heures de pratique, tapis dans l'ombre, à simplement regarder. Le destin n'ayant pas été tendre avec lui, il avait vite compris. A qui il ne pouvait pas faire confiance. Et avec qui il pouvait parlementer, sans souffrir d'un danger trop direct. Cependant... certaines personnes restaient toujours des énigmes pour lui. Il pouvait lire en son père adoptif comme dans un livre ouvert, la plupart du temps, alors que certaines de ses rencontres les laissaient perplexe. Incapable de trancher. Bon, mauvais, neutre ? Danger ou rien à signaler ? Des personnes qui représentaient l'exception qui confirme la règle. L'étranger assis sur le sable, juste devant lui, faisait partie de ce groupe de personnes. Et cela piqua un peu la curiosité de Shine. Chose assez rare pour être mentionnée. A part Nico Sawada, peu de gens (pour ne pas dire personne) intéressaient l'espion.

Il décida donc de ne pas passer son chemin tout de suite, pour une raison inconnu de lui-même. Des fois, c'était comme cela, il agissait de manière totalement saugrenue. La voix de l'inconnu le coupa dans ses tergiversations. Ses yeux bruns pailletés de gris se plongèrent dans ceux de son interlocuteur. Non. Vraiment. Rien à faire, il n'arrivait pas à se décider sur la nature de cet homme. Raaaaaaah ! C'était un challenge à relever, et puis, cela semblait une bonne façon de passer le temps. S'il sentait le danger l'envelopper à un moment, il déguerpirait aussi vite qu'il savait le faire. Une ombre furtive dans la nuit, aussi rapide que le vent, insaisissable.

« Oh, en fait c'est plutôt loin... »

Il laissa sa phrase en suspends, se traitant d'abruti mentalement. Et le froid qui l'étreignait le frappa à nouveau. Quel con. En plus, il se connaissait. Sa constitution fragile... une porte ouverte à tous les virus et microbes à des kilomètres à la ronde. Il était bon pour attraper un bon rhume, dans le meilleur des cas. Dans le pire... il ne préférait même pas y penser. Tentant de maîtriser les tressaillements de ses muscles, il se décala et s'assit sur le sable, continuant à observer l'inconnu. Son esprit fonctionnait à tout vitesse. Non, il ne l'avait encore jamais vu en ville. Bien qu'il passait la plupart de son temps enfermé dans les appartements Sawada à étudier ou s'entraîner, ses nombreuses missions l'avaient amené à connaître les visages qui peuplaient la ville et ses alentours. Et il se souvenait toujours des traits des gens, même les plus banals. C'était comme ça, il possédait une bonne mémoire visuelle. Ce type était nouveau en ville. Alors, tant qu'à faire... autant se renseigner sur son identité. Peut-être que son nom lui rappellerait quelque chose.

« T... Vous êtes nouveau ici, si je ne me trompe pas. Quel est votre nom ? »

Le vouvoiement lui avait écorché les lèvres. Shine détestait être aussi formel. De toute façon, il s'adressait tellement rarement à quelqu'un d'autre que son paternel qu'il n'offensait que peu de personnes avec son manque de politesse. Cette fois-ci, il avait réussi à rattraper la chose juste à temps. Ou peut-être pas.

« Pourquoi étiez-vous assis, seul, sur la plage ? »

Question indiscrète. Mais la réponse lui en apprendrait beaucoup sur l'inconnu. Etait-il secret, ou du genre à déballer sa vie au premier venu ? Le gamin paria sur la première hypothèse. Le calme que dégageait l'homme ne plaidait pas pour la théorie du type bavard.

[Encore pardon pour le retard]

Mais Toshyo était un cannibale assoiffé. Peut être pas le cannibale de l'ancien temps comme on l'imaginait mais un cannibale des temps modernes. Ce qu'il cherchait chez ses victimes c'était leurs âmes ni plus ni moins. Un vampire moderne ? Pour atteindre leurs âmes et bien c'était pas facile il fallait chercher, creuse découvrir tout jusqu'à la dernière miette. L'informateur aimait savoir tout. Même de ses proches, il détestait quand Toshyo faisait des choses sans lui dire, il détestait ne pas savoir ce que faisait Toshyo. Un besoin de tout contrôler dans les moindre détail. Oui Lorenz était un cannibale mais pas de la chair seulement des informations. Et là devant lui se tenait quelqu'un, quelqu'un qui avait sûrement des choses à cacher comme tous les être humains. Peut être des choses insignifiantes d'adolescent, mais peut être des choses plus importante. Qui sait ce qu'il y a derrière cette petite tête. Un oncle assassin ? Une mère dans un asile ? Ou juste des histoire d'amourette de gosse. Il pouvait y avoir tant de chose. Aujourd'hui il n'était pas en service cela dit mais son instinct de prédateur était toujours là tapis dans un coin. Il pourrait vaguement essayer de le séduire, l'emmener boire et poser des questions innocentes, le mettre en confiance, le suivre chez lui... il y avait tant de chose à faire, tant d'option qui changeaient selon la personnalité de l'individu. Un homme du genre méfiant, un homme avec des faiblesses , un homme naïf... qu'importe on finissait toujours par trouver le chemin. Mais se soir il n'avait pas vraiment envie de jouer. Il s'en moquait un peu voir complètement de qui pouvait bien se trouver devant lui. Il y aurait pu y voir un intérêt humain, un mec à baiser, mais les jeunes c'est pas son truc. Il est pas pédophile. Puis monsieur est un homme marié, du moins peut on le penser en voyant son alliance briller autour de son doigt sous le reflet de la lune. Il était désolé de déranger le petit dans sa fugue nocturne, mais il tient à signaler qu'il était là le premier et que si quelqu'un avait été dérangé c'était bien lui quand même. Franchement au lieu d'aller se jeter dans l'eau comme un idiot il aurait pu regarder sur la plage le monsieur qui était là tout tranquille et aller se noyer plus loin hm ? Voilà maintenant c'est comme si ils étaient obligés de se parler....

Shine était donc un observateur comme lui ? C'est intéressant. Voilà enfin quelque chose d'intéressant. On peut le recruter ? XD Ce genre d'homme était si rare et précieux. Faut pas le laisser vagabonder dans la nuit comme ça il pourrait lui arriver des malheurs le pauvre. Il a de la chance Lorenz n'est pas quelqu'un de violent, pas un mafieux qui va trainer le premier type venu dans une cave. Ouais non. La violence pour lui ne servait qu'a se défendre. Jamais il n'avait obtenu une information par le biais de la violence. Il détestait la mafia et leur méthode. Il vouait envers eux une haine, une très grande haine. Mais ça personne ne le savait même pas Toshyo. Certes si il apprenait que Toshyo tentait de s'approcher de mafieux, les cherchait il essayerait de s'y opposer. Il désirait conquérir la ville mais il désirait aussi se protéger. Parfois il faut savoir se fixer des limites. On ne peut pas tout avoir, il y a des lignes à ne pas franchir. Si on franchit ses lignes on risque de tomber. En si bon chemin vers la gloire ça serait bête. Il n'a peut être pas choisi la bonne ville mais...il y a des mafieux dans toutes les villes. Oui il les craint. Ex agent de la mafia sensé être mort. Il les connait bien, trop bien. Le passé est bien là ou il est, pas tellement envie de revivre une expérience avec eux. Non vraiment... remarquez qu'il sait reconnaître un mafieux, les vrai pas les petits il entend. Il saura les éviter quand il les croisera. Pour ça faudrait qu'il soit sur le terrain vous me direz mais il y est de temps en temps. Il a observé beaucoup de petite chose dans cette ville. Pas assez pour lancer officiellement son activité et recevoir des clients mais ça viendra. Oui il sait déjà les personnes a cibler, les personnes à éviter parmi les plus importantes.

« Iwane Yoshida...je ne suis pas né ici si c'est ce que vous entendez par là... »

Aucune hésitation sur le nom. Oh il pouvait chercher, cette personne existait bel et bien et n'était pas nouvelle venue dans la ville. Disons que ça faisait deux trois ans qu'il était là. Mais les gens comme lui on ne les voit pas , ou très rarement. C'est pas comme les beaux monsieurs bien habillés avec beaucoup d'argent. Lui il n'avait pas grand chose...il avait un métier dans cette ville oui. Ça faisait deux ans qu'il travaillait pour l'Etat. Enfin l'Etat...autant dire la mairie. Mais bon ce n'est pas le genre de métier très glorieux dont on aime se vanter. Se sont ses gens qu'on ne voit jamais et qui se fondent dans le décor et pourtant ils sont là tous les jours autour de nous. Ceux qui permettent à une ville de rester propre. Parce que les humains c'est franchement crade. Le bas peuple, tout le monde connaissait Iwane Yoshida dans le bas peuple bien sur. Mais après quand on monte personne le connaissait. L'homme avait parlé d'une voix basse mais très douce. Impassible pas tant que ça. Il avait l'air fatigué et il l'était. Il y a beaucoup de raison à la fatigue, la tristesse en fait partie parfois. Mais dans cette nuit que seule la lune et les étoiles éclairent il est bien dur d'y voir la vie de quelqu'un. On peut voir les détails tels que ses vêtements, ses cernes sous les yeux mais son regard....pouvait on réellement voir son regard dans l'obscurité ? Il n'était pas certains. On peut sentir les choses. Y en a qui ont de bonne aura et d'autre de mauvaise. Non il ne voit pas les esprits il sent. L'homme qui sait sentir sait rendre son odeur neutre. Façon de parler ou il savait bien se protéger et empêcher quelqu'un de lire ses pensés. Il se montrait lui même tout en ayant pas d'odeur, ce qui pouvait paraître louche c'est vrai. Mais pourquoi pas dans le fond... On ne peut jamais être sur , seulement douter.

« Vous êtes un homme curieux... la curiosité est un vilain défaut. Vous feriez mieux de rentrer chez vous. En courant vous vous réchaufferez cela permettra a la température de votre corps de ne pas trop descendre. »

Il ne disait pas ça méchamment du tout mais...le fait est que c'était de la curiosité de vouloir savoir son nom ce qu'il foutait là et tout. Un vrai interrogatoire de police. Le jeune était soit quelqu'un de très curieux, comme les enfants qui s'intéressent à tout et veulent toujours savoir qui pourquoi. Mais l'enfant n'aurait pas su dire si l'homme était nouveau en ville. Oui Lorenz analysait chacune des paroles de son interlocuteur. Peut être pas vraiment un gamin enfin de compte. Il ne trouvait pas ses questions si innocente que ça. A la fois oui et non. Remarquez que c'est vrai que c'est étrange de voir quelqu'un sur une plage au milieu de la nuit. Oui ça devait intrigué. Il hocha un peu la tête. De toute façon il n'avait rien à cacher. Non il n'attendait pas là qu'un navire se ramène, que des hommes débarquent sur la plage pour lui fourguer de la marchandise illégal ou bien. Mais non vraiment il n'y avait rien qui l'attendait sur cette plage. Il eut un léger soupire et décida de répondre a la question du petit monsieur. Mais bon il voulait pas l'encourager a crever de froid sous ses yeux, ferait mieux de rentrer chez ses parents franchement. Les parents de nos jours c'est plus ce que c'étaient. Ils laissent leur gamin faire n'importe quoi. Faut les enfermer à clé dans leur chambre sérieusement alala. Quoi que déjà à son époque ses parents ne le contrôlaient pas huhu. Mais ils auraient peut être du quand on voit le résultat... enfin bon inutile de regretter le passé.

« Ce ciel n'est il pas magnifique ? Les étoiles nous montrent le chemin à suivre.... tous ses petits points dans le ciel ça fait réfléchir non ? C'est beau, c'est apaisant.... La vérité est que je suis insomniaque ses derniers temps.. »

Non il n'est pas philosophe pas du tout. Et il lit pas l'avenir dans les étoiles. C'est un pauvre mec seul en effet c'est le cas de le dire et qui ne dort pas parce que la tristesse ça fatigue je l'ai déjà dit. Dur de trouver le sommeil quand on est rongé par un tas de chose, quand on ferme les yeux des images du passé nous hante et on a de nouveau envie de pleurer. Autant dans la journée on peut s'affairer à mille et une activité pour essayer d'oublier l'espace de quelques secondes notre malheur...autant la nuit tout nous revient en pleine face. Il devrait essayer les somnifères mais...le médecin ça coute cher tout ça. Il a pas de sécurité sociale ça coute trop cher. Quand t'es pauvre tu crèves dans la rue sans secours. Non il vit pas dans la rue je vous rassure il a un apart' quand même. Mais bon voilà il dépense pas son argent pour des pilules, pour de l'alcool oui mais pas pour ses trucs douteux dont il ne sait pas trop de quoi c'est fait. Mais c'est donnant donnant, il lui dit ce qu'il fout là et l'autre aussi. Du coup ça n'est plus de l'indiscrétion puisqu'il a commencé. Jamais Lorenz se serait permis de lui demander autrement. Quand on ne veut pas se faire interroger on évite de poser des questions à un inconnu. Sa maman lui a jamais dit qu'il fallait pas parler aux inconnus alala.

« Et vous la raison de ce bain glacé ? »

Iwane Yoshida...

Cela... ne lui disait rien du tout. Alors soit c'était un nom d'emprunt, soit l'homme n'avait pas encore fait parler de lui dans la ville. Tant mieux. Au moins, il ne se trouvait pas assis près d'un type qui traînait des dizaines de morts de réputation derrière lui, comme un gros boulet clignotant et menaçant attaché au pied. Ce qui n'excluait pas qu'il soit un dangereux assassin. Ou tout simplement un badin assoiffé de sang. Enfin... le Sawada ne pensait pas que son interlocuteur soit de ce genre... il paraissait... trop calme et trop intelligent pour se laisser aller à de trop nombreuses incartades meurtrières. Mais comme l'erreur était toujours possible, même pour un observateur de sa trempe, Shine se ramassa un peu sur lui même, près à déguerpir au moindre signe suspect à ses yeux. On n'est jamais trop prudent.

Son regard scrutait l'étranger, sans ciller une seule seconde. Ne pas rater un seul de ses faits et gestes. L'inattention pouvait être fatale, il l'avait appris lors de ses missions d'espionnage, frôlant la mort d'un peu trop près à son goût, quelquefois. « C'est les risques du métier », lui répétait sans cesse son abruti de père, le grand héritier de cette famille mafieuse à la con dont il faisait partie malgré lui. Famille qu'il n'appréciait pas du tout, d'ailleurs, mis à part ledit paternel. Mais bon... il n'aimait personne, à part Nico. Sauf que... son ressentiment pour les membres de ce clan paraissait plus profond...

« Oh... il faut bien être curieux parfois, même si ce n'est pas forcément de bon goût... autrement la vie n'aurait pas de sens. On ne s'intéresserait jamais à rien.»

Il retint un léger rire ironique. Que lui, le gamin misanthrope à l'air éternellement blasé et désintéressé, quand son visage daignait bien arborer une expression autre que l'impassibilité, dise ça... quelle ironie. Mais au fond... il n'avait jamais eut d'enfance. Et l'innocence que ses parents ne lui avaient pas accordée... il l'avait ravivée, et le faisait encore, en devenant curieux de choses qu'il n'aurait sûrement pas notées autrement. Cela l'occupait, et lui permettait de s'échapper, quelques instants. Un moyen de se raccrocher à la réalité. Alors, quand il croisait quelqu'un qui semblait digne d'intérêt, comme ce Yoshida... et bien, sa curiosité s'éclairait. Et il agissait comme il ne le ferait jamais dans d'autres cas.

« Je n'ai pas envie de rentrer chez moi... »

Son regard se voila de tristesse, un instant, avant de redevenir neutre, presque vide. Pourquoi se confiait-il à un parfait inconnu ? Décidément, quelque chose ne tournait pas rond chez lui cette nuit-là. La curiosité, c'était une chose... mais dévoiler ses émotions, qui d'ailleurs, ne captivaient sûrement pas l'homme, c'était quelque chose qu'il ne faisait quasi jamais... même en face de son père adoptif. Shine se mordit la lèvre, conscient qu'il devait passer pour un imbécile fini... ou un gamin puérile, à choix. Tant pis. Ce qui était fait... était fait.

Et puis... c'était un fait. Pourquoi rentrer maintenant ? Pour se faire réprimander, enfermer – encore une fois – dans sa chambre, enseveli sous une montagne de bouquins plus barbants les uns que les autres, avec pour condition sine qua non pour sortir de les avoir finis, puis de subir un entraînement intensif qui le laisserait sur la touche pour plusieurs jours d'affilée ? Non merci. En plus, Nico le délaissait, ces derniers temps. Et le fait de se sentir mis de côté par la seule personne qu'il appréciait réellement... la seule personne avec qui il avait réussi à crée un lien... c'était douloureux. Très. Donc... pas question de rentrer maintenant. L'espion s'accordait encore quelques heures de liberté avant de rentrer à l'abattoir.

Un soupir traversa ses lèvres. Et voilà que l'autre lui assénait un discours poétique sur le ciel et les étoiles. Il n'était pas d'humeur. Ce fut plutôt la dernière phrase qui retint son attention. Insomniaque ? Hm... comme lui. Et en y réfléchissant... ce n'était peut-être pas un mal. Quoique... qu'est-ce qui faisait le plus mal ? Cogiter sans cesse, se torturer mentalement pendant des heures en contemplant le ciel, ou être bercé de cauchemars enflammés toute la nuit, puis se réveiller en sueur, le coeur battant, le souffle rauque, seul et apeuré... ? Personnellement, il préférait l'option de la conscience. Il se sentait moins vulnérable, ainsi, même si la souffrance semblait la même, au final. Aucun moyen d'y échapper. Si seulement il pouvait s'endormir et se réveiller le lendemain, sans aucun souvenir de ces horribles images ? Mais non. Depuis plus d'un mois. Ses démons passés le hantaient à nouveau, le traquaient à chaque fois qu'il menaçait d'abaisser les paupières. Alors tant qu'il ne ressentait pas le besoin insurmontable de s'assoupir... il évitait.

« Vous devriez vous gaver de somnifère. Il paraît que ça fonctionne bien. »

S'il avait pu, aussi, il aurait avalé une boîte entière de ces petites pilules. Malheureusement, son organisme ne le lui permettait pas. Foutu corps. Shine détestait cette facette de lui-même. Cette faiblesse qui lui mettait des bâtons dans les roues. Un seul comprimé le rendrait trop malade pour pouvoir sortir de son lit. Fiévreux, nauséeux, voire pire. Une intolérance qui lui causait bien des problèmes, certaines fois.

Ses yeux se perdirent dans le noir de la nuit, avant de regagner le visage de l'inconnu, alors que celui-ci l'interrogeait sur ses précédents actes. Bonne question.

« Besoin de se changer les idées. Le froid, ça calme très vite l'esprit. »

L'adolescent ne se fatigua pas à donner plus d'explications. Parce que son interlocuteur s'en foutait sûrement, et surtout parce qu'il ne voyait pas pourquoi il étalerait sa vie, comme ça. Il en avait déjà dévoilé bien assez.

Les frissons qui parcouraient son corps lui rappelèrent une nouvelle fois qu'il avait vachement froid. Vraiment. La meilleure solution aurait été d'enlever son haut, histoire que sa peau sèche et ne soit plus recouverte d'un tissu trempé et glacial. Mais voilà... il ne pouvait pas se dénuder devant un inconnu. Les cicatrices qui ornaient son corps... il en avait bien trop honte. Il préférait encore supporter le froid, quitte à virer en iceberg, qu'exhiber les vestiges d'un passé déshonorant et dégoûtant.

Shine se leva, le regard perdu au loin. Le silence s'installa entre, seulement brisé par les vagues qui s'échouaient sur le sable, tout près des deux hommes. Un silence qui lui rappelait bien trop celui qui l'avait entouré pendant des années, alors qu'il était enchaîné dans cette cave, dans le noir, si seul... Soudain bouleversé par cette image, il prononça les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit, pour combler le vide.

« Vous avez une famille ? »

Il cacha sa bouche d'une main aussitôt la question posée. Paroles lancées sous le coup d'émotions indésirables, qu'il tentait tant bien que mal de supprimer. Se replonger dans les douleurs passées... c'était toujours mauvais, et ça lui faisait perdre ses moyens, à chaque fois. N'apprenait-il jamais de ses erreurs ? Mais ce soir-là... il se sentait trop faible pour lutter contre les aléas de son esprit. D'où l'interrogation futile qui venait de lui échapper... pas si futile que ça, en y pensant. Une famille... il n'en avait jamais possédé, jusqu'à Nico. Et maintenant, la sienne n'avait rien de traditionnel. Il avait toujours voulu savoir... ce que c'était, d'avoir un vraie famille, comme on pouvait le lire dans les romains, ou le voir dans certaines séries télévisées.

« Désolé... je suis encore indiscret et trop curieux, non ? »

Un léger sourire contrit étira ses lèvres. Un sourire pouvait sortir quelqu'un de presque toutes les situations... même s'il était feint... son pouvoir ne pouvait pas être négligé.

Il était normal que le nom de Iwade Yoshida de lui dise rien. Mais dans quel monde il vit, celui du je connais tout le monde ? Ben c'est bien une idée de noble ça. L'idée de connaître tout le monde se résumait en réalité à l'idée de connaître toutes les personnalités d'une ville, du maire au mafieux, du propriétaire du casino a un grand actionnaire. Bref soit ceux qui avaient du fric, soit de l'argent. Et ces personnes là constituaient le monde pour eux. Alors qu'en réalité c'était quoi....une minorité. Grumbl. La population en dessous on y fait jamais attention, c'est juste des fourmis travailleuses c'est ça ? Alors lui qui n'est même pas prof ou autre métier on va dire respectable sur qu'on devait encore moins connaître son existence. C'est triste c'est ainsi. Il en a vu des lycéens qui passent devant lui en riant et jette leur canette de soda après l'avoir bu juste sous ses yeux ! Foutage de gueule... non pas nécessairement, ils ne l'ont pas vu, font pas attention. Y aura quelqu'un pour ramasser de toute façon alors quelle importance ? Et après on veut sensibiliser les gens à l'avenir de leur planète ? Mais à quoi bon, ils les voient jamais leurs déchets puisque y a toujours des gentils monsieur pour ramasser et nettoyer. Ils ont pas conscience à quel point ça serait crade et on marcherait plus tellement y aurait de déchets par leur faute si le monsieur existait pas. Mais c'est comme ça, on est en haut ou en bas de l'échelle. Il s'est fait à son sort, plus trop d'illusion et puis voilà. Ça l'a pas empêché d'avoir une vie à côté avant...oui avant quand il avait encore sa femme. Maintenant sa vie bah...c'est des insomnies, de l'alcool et les gentil gens du bar qui boivent avec lui parfois.

Les gens normaux c'est quand même les trois quart de la population. Vous imaginez si vous avez une chance sur deux de rencontrer un psychopathe qui traine plein de mort derrière lui ? Je crois que je ne sortirais plus de chez moi à ce rythme là. D'ailleurs ça existe que dans les films les personnes comme ça. Ou pas... peut être qu'ils savent juste être discret et se cacher derrière des apparences. La nuance entre le fou et le psychopathe. Le fou tue et se fait prendre , le psychopathe étudie ses victimes, a de la réflexion, tue et ne se fait pas prendre. Il gagne la confiance de ses victimes en fait c'est horrible. Comme quoi faut jamais faire confiance même à son meilleur ami. Mais bon que Shine se rassure, Lorenz n'est pas un assassin. Il ne tue personne, c'est mieux d'avoir des hommes de mains pour ça. Si il devait tuer, c'est pour se défendre, ou bien pour faire payer une trahison trop grande. Mais il n'aime pas trop la violence. Lui il est neutre, il laisse les hommes régler leurs problèmes entre eux. A vrai dire la seule chose qui l'intéresse c'est l'argent, argent sans violence. Il ne fait que donner des informations. Il n'y peut rien si ça finit en drame et c'est pas son problème à vrai dire.

Il était vraiment doué le petit à guetter la moindre erreur de sa part. Cela dit il manquait quelque chose à sa perfection c'était la discrétion . C'est très désagréable la sensation d'être observé dans les moindre détail. Ça rend mal à l'aise même. C'est comme si on était transparent et que l'autre allait nous sortir les quatre vérités. Enfin c'est impossible dans ce cas y a rien à sortir. Il est toujours vigilant ou qu'il se trouve donc c'est naturel. Il n'a pas à se forcer d'être plus vigilant du simple fait de se sentir analysé. Il est simplement … il se pose des questions sur celui qui est en face. Mais bon pas plus que ça. Si c'est quelqu'un d'important il finira par le savoir, si c'est juste un lycéen qui a de grande faculté... il essayera de l'embaucher à ses côtés. Non pas qu'il manque de personnel mais quand on trouve une perle rare on la prend comme on dit. Non non il le voit pas comme un objet alala. Toshyo il l'a trouvé...bon cherché aussi c'est vrai. C'est sa création, son homme. Il est très réussi malgré des débuts.. des débuts qui l'ont fait douter de plein de chose mais aujourd'hui l'harmonie est parfaite et c'est pour ça qu'ils sont là, tous les deux. Après Toshyo il y a les indicateurs qui pour quelques billets lâchent des infos, il y a des pions ici et là mais sans grande importance. Des gens qui ignorent pour qui ils bossent. Tout ce qu'ils savent c'est qu'ils sont payés et fort bien. Leur sort n'a pas d'importance aux yeux de Lorenz. Il pense à tout, quelqu'un de maniaque, ou minutieux Peut être , il est simplement...la moindre erreur peut entrainer de trop grande conséquence alors il fait très attention à tout oui.

« C'est vrai.... la curiosité donne donc un sens à votre vie ? »

Il tire conclusions de sa phrase rien de plus. Regarde la mer. Curieux...bah curieux d'un inconnus si ça donne du sens à sa vie tant mieux. Lui il est curieux des gens qu'il aime mais c'est bien tout. Donner un sens à sa vie... c'est très profond comme phrase. Il a devant lui quelqu'un d'intelligent en apparence. Un littéraire peut être. Les gens qui aiment lire sorte parfois des choses incroyable très réfléchies c'est extraordinaire non ? Enfin bon ça n'a pas d'importance. Ns comme ça il finira pas a faire des chateaux de sable avec le gamin. Drôle il vient là pour le calme , la beauté de l'endroit et se retrouve avec une discussion semi philosophique avec quelqu'un qui vient de nulle part.

« Vous posez beaucoup de question sans vous être présenté cela dit... »

C'est vraiment pas correct. Faut les éduquer à cet âge là je vous jure. C'est pas à Lorenz de lui demander son nom il est sensé le faire de lui même. Mais ou va le monde, la politesse infinie des japonais qui ont toujours peur de déranger et s'excuse un million de fois au cours d'une journée. La jeunesse n'est plus ce qu'elle était. On voit des gens étrange gueuler au milieu d'une rue habillé n'importe comment. AH non il n'aurait jamais été comme ça lui. Il était peut être pas l'élève modèle voulu mais il faisait semblant de l'être. Puis lui , il aimait pas les gens de son âge, il préférait travailler avec les beaux messieurs riches et élégants. Peut être qu'a cause de ce rêve inhabituelle...il avait en contrepartie perdu ses parents. Il y a un sacrifice pour chaque rêve après tout. Certain rêve d'être chanteur et finissent droguer dans un coin de rue une fois leur gloire passée. Lorenz se demandait bien ce que la vie lui réservait. Cela faisait un moment que tout allait trop bien pour ainsi dire. Oh juste une accroche peut de temps avant de déménager ou il avait cru perdre Toshyo mais sinon...oui sinon ça roulait bien pour lui. Sans doute parce qu'il s'était sacrifié avant, il avait perdu ses parents alors maintenant... ouais dur de savoir ce qui pouvait se passer plus tard. Il n'aimait pas penser à ça, ça le rendait triste...puis après la tristesse vient la colère. La colère c'est quelque chose de mauvais. C'est ce qui peut tout foutre en l'air. Un homme en colère agit impulsivement. Un homme en colère n'apporte rien de bon. Il laisse son regard obstinément fixé sur la mer, le reflet de la lune qui s'étalait... troublé par les vagues. Quand on contemple quelque chose ça permet de ne penser à rien d'autre. Un esprit vide est un esprit indéchiffrable. Toujours garder l'image en tête, ou une musique ça marche pas mal aussi.

« Vos parents vont s'inquiéter. Il ne faut pas causer de peine à ses parents... on le regrette parfois plus tard quand ils ne sont plus là. Rentrez chez vous je vais vous raccompagner. Ce n'est pas prudent de sortir la nuit comme ça à votre âge vous pourriez vous faire agresser. »

Papa est de sorti. Ouais il parle comme un parents ça fait peur. Monsieur s'échappe de chez lui pour tomber sur un autre papa ce n'est vraiment pas de chance. Enfin lui il aura jamais la chance de véritablement éduquer son fils. Il est très fier de son petit garçon les rare fois ou il le voit mais au quotidien... parfois il doit donner du fils à retordre même si sa tante n'en dit rien. Ouais quand on élève quelqu'un ça ne doit pas être facile. Une tendance a à vouloir surprotéger ce qu'il aime. Il sera un vrai père il serait complètement paranoïaque. Quand on sait les vrai danger qui existent dehors et qu'on les a cotoyé forcément. Et puis bon là il rencontre un gars qui a l'air...paumé, ouais parce que prendre des bains glacés en pleine nuit c'est pas catholique. Doit sacrément être mal dans sa peau le pauvre gosse. Epoussette ses vêtements pour faire tomber les grains de sable en se relevant. Au pire il le raccompagne pas et leur chemin se décroise ici même. Mais bon au moins il aura pas sur la conscience le fait de lui avoir fait attraper la mort. C'est vrai à rester bavarder parce qu'il a pas envie, tss c'est capricieux. Faut penser à sa santé avant de penser à ses envies c'est quand même plus intelligent. Et même si il avait pas envie parce qu'il était en colère contre ses parents, qu'il s'était pris une claque et bien... un jour il sera content d'avoir des parents. C'est normal y a un âge ou on les déteste. Et si il n'a pas de parents ben son tuteur c'est pareil. Sans eux on ne serait que des gamins mendiants dans la rue, un gosse dénué d'avenir. Faut savoir prendre conscience de la chance qu'on a. Cela dit la question lacée trop vite par le gamin l'interpella. Il releva son regard pour le planter dans ses yeux. Ouais ouais c'est destiné à le déstabiliser genre. Une famille. Quelle famille pouvait il avoir pour poser ce genre de question... un enfant battu ? Rejeté ? Indésiré ? … les enfants sont si précieux pourtant, ouais son coeur de papa qui parle là.

«J'en ai eu une comme tout le monde. Oui vous l'êtes mais ce n'est pas grave...allez venez ne rester pas là. Si vous ne voulez pas rentrer je peux vous emmener chez moi le temps que vos habits sèchent. Ça serait bête d'attraper la mort. Quoi que vous décidiez ne restez pas planté là comme ça. »

Qu'il vienne ou non. Si il veut pas retrouver sa..famille tout de suite il peut mais pas plus de 2h squatter chez l'inconnu. C'est juste le temps que les vêtements sèchent , qu'il se réchauffe, prenne un thé , raconte ses malheurs de la pauvre petite Cosette chez les taverniers et hop il faudra bien qu'il rentre chez ses bourreaux. Il se fait des films bizarre dis donc là. Ouais aller chez un inconnu personne n'accepterait, du moins personne de sensé mais lui il s'en fout. Il a rien d'autre à faire de la nuit, il a zappé les médicaments parce que bon... il semblait pas, il n'avait rien à répondre à la suggestion du gosse. Il s'en fiche en fait qu'il dise oui ou non. Tant qu'il continue pas de le faire culpabiliser à devenir un bonhomme de neige sous ses yeux. C'est l'essentiel. Il veut pas être responsable. Vous voyez les gens de nos jours sont tous fans de justice et de mettre le mot responsabilité sur quelqu'un. Vous l'avez vu prendre un bain glacé et vous avez rien fait ? Pan dans les dents ça tombe sur sa gueule. Il y peut rien si les gens savent pas surveiller leur gosse, l'a pas à le faire a leur place alala. Non mais c'est vrai omettre de secourir quelqu'un c'est un,e infraction très grave qui peut entrainer une putain de condamnation. Il a franchement pas besoin de ça pas la tune pour l'avocat non plus. Non mais genre quoi. Donc option a il le raccompagne, option b il le ramène chez lui, option c..il se casse et disparait dans la nature, l'a jamais existé ? Même si y a eu témoin personne pourra dire qui s'était le monsieur a chapeau >_< nuit noir et physique passe partout ça aide pas.

Le sourire s'effaça vite. Quel con, mais quel con ! Qu'est-ce qu'il lui avait pris, aussi, de laisser s'échapper une question aussi... étrange. Et voilà, maintenant, il se retrouvait avec une étiquette « crétin » collée sur le front... ou peut-être pas. Peu importait, finalement. Cet homme, il ne le recroiserait sûrement plus jamais. Sa crédibilité ne souffrirait pas encore trop longtemps.

Déstabilisé par sa propre faiblesse, le gamin ne savait plus où poser son regard. Il opta finalement pour le sol, détaillant chaque grain de sable avec une attention feinte. Discrètement, il se mordit la lèvre inférieure. Merde. Leçon retenue. Ne plus sortir lorsqu'il était fébrile, sous peine de se dévoiler à un parfait inconnu. En même temps... il détestait craquer devant son très cher père indigne. Lui montrer à quel point il était encore vulnérable, et poursuivi par certains souvenirs. Zut, il était encore jeune ! Il pouvait bien avoir quelques bas, de temps en temps, non ? Ce n'était apparemment pas l'avis de Nico, en apparence en tout cas. Et le garçon en pâtissait dans ses mauvais jours.

Ah oui... il n'avait même pas donné son nom à son interlocuteur. Ce nom qui n'était pas le sien, mais qu'il préférait grandement à son vrai, porteur de bien trop de souffrances brûlantes. L'espion pesa le pour et le contre. Utiliser un pseudonyme ? Ou non ? Oh, et puis, son nom ne donnerait aucune information à l'homme, de toute manière. Il n'avait sûrement jamais entendu parler de lui, et si c'était le cas, sous sa fausse identité. Donc pas de danger à l'horizon.

« Je m'appelle Shine... »

Ses lèvres s'étirèrent un peu à la pensée des nombreux visages qui l'avaient scruté à la découverte de son nom. C'était vrai que ce n'était pas un appellation porteuse de beaucoup d'affection, pour un japonais. D'ailleurs, cela avait parfois porté à confusion, sa rencontre croyant qu'il voulait le tuer. Non mais, quelle idée d'appeler un gamin comme ça ! C'était bien Nico.

La proposition de l'inconnu le fit s'immobiliser. Son corps fut envahit par une grande hésitation. Son instinct lui disait d'arrêter les dégâts ici, de s'enfuir sans demander son reste. Chose la plus raisonnable à faire. Et pourtant... son coeur balançait. Parce qu'il ne voulait pas rentrer chez lui, dans cette grande demeure où il se sentait tellement seul depuis quelques temps.
Le gamin ne pensait pas courir un grand danger en s'invitant chez sa récente rencontre... mais, connaissant sa propension à fuir tout être humain dès qu'il le pouvait... il n'arrivait plus à se décider. A discerner l'idée la moins mauvaise d'entre ces deux solutions.
Il pouvait aussi rester assis sur cette plage, dans ses habits trempés, et ne se traîner chez lui que lorsqu'il aurait définitivement attrapé la mort, et des tas d'autres virus avec. Cette perspective ne l'enchantait aucunement.

« Oh, mon père ne remarquera sûrement ma disparition que lorsqu'il aura fini de s'occuper de toute sa paperasse... ce qui devrait bien lui prendre plusieurs jours. »

Mensonge éhonté, mais la rancoeur s'accumulait depuis quelques jours. Nico avait peut-être même déjà découvert sa chambre vide. Mais l'ado se sentait tellement délaissé qu'il ne pouvait que nier les rares preuves d'affection qu'il recevait, tout en déplorant leur absence.

L'hésitation l'enroba encore quelques instants, avant qu'il ne se décide. Il avait besoin d'un peu de temps, avant de se jeter dans la gueule du loup et de subir les foudres divines. Le temps de s'inviter chez un parfait étranger, de squatter son humble demeure, de sécher un peu, puis de parcourir le chemin qui le séparait de la grande résidence qu'il habitait.

Hochant la tête, et sans prononcer un mot, il suivit l'inconnu, prêt à profiter de toutes les minutes offertes pour éviter de rentrer chez lui. Encore un peu de calme. De paix intérieure toute relative. Et il pourrait se recomposer assez pour affronter l'héritier Sawada et sa colère qui risquait d'être retentissante.

» Valse nocturne, trois temps.
» Lorenzo Yara
» Half Alive [PV Lorenzo]
» Une nouvelle rencontre. [PV: Lorenzo]
» Bain nocturne (pv Nico, mais d'autres peuvent venir aussi :D)