Bain nocturne (pv Nico, mais d'autres peuvent venir aussi :D)

==> Luxurious

Le jeune homme n'aurait jamais pensé qu'il pouvait être aussi facile de s'échapper du Club. Peu de temps après la dure épreuve subie en compagnie de Shiki et Toshiya, il s'était discrétement esquivé vers la sortie et, l'air de rien, parfaitement détendu, avait franchit les doubles battants vitrés en faisant un large sourire aux videurs.
Et voilà.
Il était dehors.
En plein air, le vent caressant vivement son visage, emplissant ses poumons, le grisant de cette odeur de liberté enfin retrouvée. Il s'était efforcé de garder une attitude calme et détachée jusqu'à l'angle de la première rue, mais dès que le Club avait disparut derrière le mur... il s'était mis à courir. De toutes ses forces. Enchaînant rues, ruelles et avenues aussi vite que possible, ivre de vitesse et de peur de se faire rattraper. Il ne s'était arrêté qu'une fois devant chez lui, hors d'halleine et le coeur battant.

Une petite heure chez ses parents, le temps de casser la gueule à son frère et de prévenir les siens qu'ils devaient partir au plus vite, puis il était repartit, allant se plaquer dans une piaule moisie non loin de la plage, histoire d'être sûr que personne ne le retrouverait tout de suite.
Il lui fallait un peu de temps.
Un peu de temps pour récupérer de l'argent et s'acheter un billet de train.
Ensuite il s'en irait loin d'ici.
Très loin.
Très très loin.
Et il serait enfin tranquile.
La journée s'était étirée à n'en plus finir, alternant entre ennuit et angoisse, sursauts et somnolence. Enfin, la nuit était tombée, et le jeune homme avait osé se risquer dehors, faisant prudemment le tour des endroits connus pour prendre contact avec des gens pouvant l'aider à partir.
Enfin, alors que minuit approchait à grand pas, il avait attérit avec une bouteille de bière sur la plage.

La bière, ça donnait mauvaise halleine.
Mais ça l'avait toujours aidé à réfléchir. Mieux, et plus vite. Enfin... il en avait l'impression.

Assit non loin de l'eau, il regarda un long moment les vagues venir s'échouer sur le sable, la lune diffractée en milions d'éclats venant s'étioler avec elle sur le rebord de la terre. Il aimait la mer... vraiment. C'était un de ses grands amours de gosse.
Il soupira doucement.
Dire qu'il allait devoir abandonner tout ça...

Vaem se redressa, retira lentement sa chemise, puis ses chaussures, son pantalon, son sous-vêtement, et marcha jusqu'à l'eau, restant un long moment face au ressac avant d'y entrer, s'immergeant jusqu'à la poitrine avant de plonger. Retrouvant avec délice la sensation de l'eau sur son corps nu, il se mit à nager, évacuant la peur et le stress dans un crawl puissant et bienfaisant.
Ce ne fut qu'une heure plus tard qu'il revint sur la plage, s'allongeant sur le sable humide, laissant l'eau caresser sa peau au rythme des flux et reflux de la mer, les yeux perdus dans la lune et le ciel étoilé.

Nico avait ramené Arkalya au club après leur escale au restaurant panoramique. Sans l’hôte pour le distraire un peu, il redevint sombre, tendu et irritable. Trop de problèmes, trop de poids sur ses épaules. L’arrivée de Tatsuya n’avait pas amélioré les choses. Soudain énervé, Nico accéléra, se dirigeant vers la plage. Il ne pouvait pas rentrer comme ça chez lui, sans avoir d’abord maîtrisé ses émotions.

Il ne réfléchit pas beaucoup. Lui qui était si prudent, si méfiant, ne portait d’autres armes que son couteau favori, attaché à sa cheville. Le jeune mafieux sortit de sa voiture, se foutant totalement de pouvoir être aisément tué. Il passa un blouson en cuir noir puis descendit sur la plage.

La brise qui apportait les embruns de la mer réussit à détendre un peu son visage, mais il avait besoin de se défouler. Tous les sentiments qu’il gardait au fond de lui avaient besoin de sortir. Puisqu’il se refusait aux pleurs ou toute autre expression de ce genre, il ne lui restait que deux chois. Un effort physique intense, ou un cambriolage dangereux.

Faisant son choix rapidement, il courut vers l’eau et jeta son blouson sur le sable, ainsi que chemise et pantalon. Nico prit pourtant le temps dans sa hâte pour sécuriser son portable et l’empêcher d’être ouvert à quiconque.

Alors qu’il n’était plus qu’en caleçon, il remarqua une forme allongée et jura. On ne pouvait pas être tranquille ici ? Le jeune mafieux hésita puis se dirigea vers l’inconnu. En le détaillant, il crut reconnaître un des nombreux dossiers qu’il avait dû traiter. Mais la pénombre empêchait toute analyse sérieuse et puis, Nico avait besoin de se défouler. Il demanda :

« Une course au crawl avec moi vous tenterait ? »

Tout pour oublier le boulot et la mafia, même une rencontre avec des inconnus. Il ne dit pas son nom, espérant que cet homme ne le reconnaîtrait pas.

Nico n’aurait même pas noté la présence de cet étranger s’il n’avait été seul. Sauf que voilà, il n’avait pas la protection habituelle et avait voulu savoir s’il courrait un danger ou non. La réponse affirmative ne sembla pas affecter le jeune mafieux, mais en même temps, il avait tellement l’habitude de devoir se voiler…

Voyant l’autre remettre son boxer, il s’attarda sur les formes rendues difficiles à voir par l’obscurcissement de la lune. Nico détourna vite les yeux pour essayer de voir le visage de l’autre, mais il ne voyait que quelques angles qui lui semblaient familier.

Ne cherchant pas plus car n’y trouvant aucune motivation, il acquiesça silencieusement, ne voulant plus faire entendre sa voix. L’autre avait l’air suffisamment musclé pour faire de cette course une distraction intéressante.

Se mettant en position également, il ne regarda plus son adversaire, se concentrant uniquement sur le phare. Nico sentait l’impatience monter en lui, couplée avec le plaisir d’enfreindre une des règles de son père.

Troisième révolution. Sans jeter un coup d’œil à l’autre, Nico courut se jeter à l’eau et commença à crawler. Il allait vite, mais la raison n’en était pas la course. Toute l’irritation et la tension qu’Arkalya n’avait pu faire disparaître semblaient passer dans ses muscles. Nico ne fit pas attention à ses limites, il fonça, se perdant dans l’eau, ne réfléchissant pas à son bras qui le brûlait à présent.

Le sang se répandait dans l’eau, mais à vrai dire, il se fichait bien de la douleur, des serments faits à Tatsuya, là, il voulait juste oublier et se dépenser le plus possible. La balise fut bientôt dans son champ de vision et il put enfin se retourner pour voir la plage. Nico continua de nager jusqu’à atteindre le sable et s’y allongea, sans penser regarder si c’était lui ou l’autre qui avait gagné.

Sa main alla tâter son bras blessé. Les points de suture avait lâchés, mais il s’en détourna et regarda le ciel. Le vent écartait puis amenait d’autres nuages. Quelques étoiles perçaient et Nico sourit, enfin détendu. La légère brise le fit frissonner et il s’assit pour regarder le jeune homme. Son visage lui disait quelque chose…où l’avait-il déjà vu ?

Nico détourna les yeux de la voute étoilée et regarda son adversaire. Il avait aimé la course et c’était bien détendu ainsi qu’amusé. La lune éclaira alors le visage du jeune homme et Nico ne se priva pas d’observer. Enfin il pouvait détailler et comparer avec ses souvenirs. Il fronça les sourcils…cette tête…

La lune fut voilée, mais le jeune mafieux avait toujours les traits de l’autre en tête. Perdu dans ses pensées, il tourna légèrement a tête à la remarque de l’autre. Acquiesçant à nouveau sans parler, il se leva et alla chercher son foulard et le noua maladroitement autour de la plaie, toujours un peu perdu…

« Ton visage me dit quelque chose… »

Nico s’approcha de l’inconnu et utilisa son portable déverrouillé pour l’éclairer. Fouillant dans sa mémoire, il se rappela d’une photo…d’un dossier…Mais avec les cheveux mouillés ce n’était pas facile…

« Toi, tu as eu affaire à la mafia…non ? »

Son bras valide empoigna celui du jeune homme. Le yakusa ne se souciait pas de faire mal à l’autre ou non…il ne le laisserait pas partir. Le visage froid, l’héritier Sawada passa son autre main sur la poitrine découverte…il cherchait une cicatrice, juste pour être sur.

La fine trace ne lui donna aucune émotion, il fit juste une clef de bras à l’autre, ayant son idée confirmée. Puis d’une voix glaciale, mais douce, il murmura :

« Je fais les présentations ? Nico Sawada et toi ? Tu ne devrais pas être là… »

Il ne se rappelait plus du nom de ce jeune homme. Nico traitait ce genre d’affaires depuis un moment maintenant, et il n’aurait pas pu continuer si sa mémoire lui rappelait tous les noms. Mais cet homme avait été très récemment sur son bureau…Il soupira, décidément le boulot le rattrapait même dans ses heures de loisirs à présent…

Voir la panique chez ses victimes n’apportait rien à Nico. Il n’aimait pas ça et y était trop habitué. Juste maintenant, alors qu’il maintenait ce jeune homme par une clef de bras, ses idées tourbillonnaient et il se demandait pourquoi il faisait ça. Avec l’absence de son père, ses sentiments premiers avaient pu lentement faire surface…

Le jeune mafieux savait que cet homme avait été vendu à la mafia qui l’avait offert au Luxurious club. Il le savait parfaitement. Il savait aussi que demain on l’en informerait et qu’il devrait ordonner la mise à mort ou en prison de ce jeune homme. Que n’importe où il irait se cacher, la mafia le retrouverait.

« Attends… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il dû détourner le visage pour éviter une poignée de sable. Le yakusa relâcha cet homme, par surprise, pas manque de volonté. Se relevant, il hésita à poursuivre l’autre. Après tout demain, il pourrait faire comme s’il ignorait tout de cette affaire. Mais non. Il se mit à courir.

Pour plusieurs raisons. La première-il ne le niait pas- était directement inspirée par son père. Quelques semaines de liberté seraient nécessaires pour qu’il s’affranchisse à nouveau de ce dernier. La deuxième était humaine et cause de cette journée. Tatsuya, puis Arkalya avait réveillé des choses en lui qu’il voulait continuer d’expérimenter. Il cria :

« ATTENDS ! »

Mais apparemment, la panique gagnait encore sur l’autre. Soupirant, il prit son couteau, sans s’arrêter de courir, et visa. Nico ne voulait ni tuer, ni blesser sérieusement ce jeune homme. Le couteau vola dans les airs, vers la main de l’autre. Ce n’était pas un visé facile, beaucoup moins que sur une jambe ou dans l’épaule. Mais Nico ne voulait pas être une menace, pas maintenant. Sa voix portée par le vent retentit dans la nuit :

« J’ai un marché…et une trêve à proposer. »

Nico était honnête lorsqu’il prononçait le mot trêve. Pour lui, ça voulait dire négociations. Si ça échouait, l’autre reprenait sa place et ils continuaient la course. Sans bruit, il arrêta de courir.

Plus de menaces

Juste le silence.

Le cri de douleur du jeune homme ne déchira pas que la nuit, mais aussi les oreilles de Nico. Pourtant, aucune panique ne filtra sur son visage, ni dégout ou plaisir. il était trop habitué à entendre des supplications ou des cris d'insultes comme de douleur. Son visage devint plus froid si c'était possible et il observa l'autre se terrer dans l'ombre. Ses yeux se firent narquois un instant avant de redevenir polaire. Lentement, sans se presser, il avança.

Ses pas claquaient sur l'asphalte sans que la mer n'arrive à en adoucir le bruit. Le jeune mafieux ne cherchait pas à rassurer cet homme, il restait l'héritier de la famille Sawada. Ne prenant garde à la main qui tenait désormais son couteau, il resta debout, à regarder le fuyard de haut. Son visage était illuminé par le lampadaire et mettait en valeur ses yeux bleus nuit et ses cheveux noirs. Il tenait bien son rôle, sa main pouvait effectivement sembler avoir le droit de vie ou de mort sur un humain.

" Ton nom ?"

Il ne lui revenait toujours pas. L'idée de la trève commençait à le déranger un peu, à vrai dire, maintenant que ce jeune homme était à sa merci, il avait de la peine à ne pas abuser. Rapidement, il se baissa et arracha son couteau de la main valide pour le rattacher à sa cheville. Ce faisant, il se baissa et planta ses yeux dans ceux verts de l'autre. nico ne fit pas un geste pour arrêter le flux de sang qui s'écoulait de la main blessée. Il n'en avait rien à faire pour l'instant.

Mentalement, il nota la fatigue de cet homme et ne put retenir un sourire à la fois sadique et supérieur. Mais il le dissimula vite, réfléchissant encore quelques instant avant de parler. Rien ne l'empêchait de ramener ce jeune au Luxurious club...sauf qu'il s'échapperait sans doute à nouveau...et Nico n'avait pas envie de devoir le faire tuer ensuite...

" En quelque sorte, oui..."

Ses idées n'étaient pas très favorable à ce jeune fuyard, mais elles le préservaient de la mort. Lentement, sa main alla prendre celle, blessée, de l'autre et il la regard sans vouloir aggraver la blessure. une grimace le trahit, Kyoshi n'allait pas être très content de voir son hôte abîmé ainsi...

" Je ne peux pas te rendre ta liberté."

Ca serait trop de risque pour lui-même. Nico n'avait pas les pleins pouvoirs, lorsque son père reviendrait, il devrait justifier ses actions. Et si ses souvenirs étaient exacts, cet homme avait déserter la mafia un temps...Soupirant un peu sous la fatigue qui le prenait, le yakusa hésita. Sa tendance à l'instant présent était d'être plutôt gentil, mais il était censé être méchant pour le monde alentours. Son autre main souleva le menton due jeune homme.

" A la limite, je peux négocier avec Kyoshi..."

Pour qu'il lui appartienne plutôt qu'au club ? Ca semblait être une idée...Nico n'avait pas beaucoup de temps, ça plairait au jeune homme d'être un peu libre...mais quand il était chez soi, le jeune mafieux pouvait être insupportable, sévère et violent. Détachant le tissu de son bras, il arrêta l'hémorragie de la main.

" Pour que tu me soit réservé..."

Ca, ca lui avait échappé, il commençait réellement à être fatigué...mais au moins, ça signifiait que cet hôte naurait pas à se payer tout le monde. Juste une personne...Se relevant, il regarda à nouveau le jeune homme de haut, sans expression sur le visage, frissonnant un peu à cause du vent qui séchait son corps mouillé.

Que Vaëm n’ait indiqué que son prénom fit à peine sourire Nico. A quoi bon demander plus ? Le dossier de ce jeune homme était soigneusement rangé, il n’aurait aucune peine à le retrouver. De tout manière, il n’en avait l’utilité, il allait agir dans le dos de son père, raison de plus pour rester discret.

La première de ses raisons était tout aussi, si ce n’est plus, importante. Normalement, par le simple fait de s’être enfui, Vaëm aurait dû être tué. Nico ne souhaitait pas ce gâchis. Observant plus attentivement ce jeune captif, il nota le sourire cynique et le manque de peur. Mentalement un point d’estime alla en face de la photo de Vaëm.

Se désintéressant un instant de Vaëm, Nico regarda autour de lui. Il n’attendait pas vraiment une réponse à son marché, l’autre n’ayant de toute manière pas le choix. Ses pensées se dirigèrent vers ses frères et il se demanda un instant comment on pouvait vendre son propre frère.

Il sursauta un peu à la réponse. Le commentaire sarcastique avait glissé sur lui comme la pluie, c’était tout ce qu’il restait à Vaëm. Au contraire le rire le perturba, intérieurement, sans qu’il ne le montre. Nico connaissait le prix de la liberté, ce merveilleux diamant, mais il savait aussi que ce trésor n’était qu’un mirage.

« Tu ne vas pas me servir… »

Pas tout de suite du moins. Nico connaissait son caractère et il savait que si ce jeune hôte dépassait les bornes, il pourrait le tuer. De sang-froid. Sans remord. Le voyant se relever puis accepter, Nico sourit. Avec le peu de chaleur qu’il pouvait offrir à quelqu’un qui n’avait pas sa confiance.

« Parfait. »

Il plongea ses yeux narquois dans ceux de son cadet. Le yakusa savait très bien ce qui se tramait en Vaëm. Lui-même avait eu le même réflexe. Plier d’abord pour se redresser ensuite. Se penchant rapidement, il prit l’hôte dans ses bras et le porta. Sa poigne était assez forte pour ôter toute tentative de rébellion ou de débats.

« Une question, tu croyais vraiment qu’on t’aurait laissé t’enfuir ? »

Parce que si oui, c’était sous-estimer la mafia et se comporter…sans jugement. C’était également sous-estimer Kyoshi avec beaucoup plus de menaces.

Courant sans sprinter, Nico regagna la plage et leurs habits. Il n’avait pas envie de voir Vaëm être dévisagé par tous. Même si à cette heure-ci, les gens dévisageaient plus leurs oreillers qu’autre chose. Même s’il se privait d’une belle vue.

« Habille-toi, on va chez moi. »

Il parlait sans sévérité, ni réelle froideur. Vaëm avait le droit au même traitement que tout le monde : l’indifférence de Nico. Sauf qu’elle était nuancée d’un léger intérêt. Intérêt parce qu’apparemment, Vaëm refusait de se laisser porter par le destin et agissait.

Sans plus parler, l'héritier Sawada passa ses propres habits, souillant sans y penser sa chemise noir de son sang. Le bruit des vagues le captivait...la tranquillité aussi.

La réponse de Vaëm à sa question fit sourire Nico. La fatigue gagnait sur lui et il n’arrivait plus vraiment à contrôler son visage. L’envie de liberté de ce jeune homme était claire, et compréhensible. Sa malchance également. Vaëm semblait avoir déjà été marqué par le sort malgré son jeune âge et Nico était presque désolé d’être responsable d’une partie de ses malheurs.

Après tout, n’était-ce pas lui qui avait préféré qu’on offre ce jeune à Kyoshi plutôt qu’autre chose ? Vaëm aurait pu s’en sortir avec quelques missions impossibles à faire…Quoique, ce n’était pas entièrement sa faute, son père et des conseillers avaient participés aussi…comme pour chaque chose qui touchait le patron du Luxurious….

Perdu dans ses pensées, l’héritier Sawada entendit à peine la demande. Il acquiesça sans en dire plus. Lui aussi n’avait pas envie de retourner chez lui. Rien que devoir affronter les mafieux qui servaient sa famille l’énervait.

S’asseyant aux côtés de Vaëm, Nico sourit quand le vent passait dans ses cheveux, les faisant voleter un peu, les séchant également. Tournant un peu la tête pour observer son prisonnier, il remarqua la posture prostrée et préféra détourner son regard.

Il avait à peine un an de plus que cet hôte…Brusquement, il comprit pourquoi il avait été incapable de renverser son père, pourquoi ce dernier avait essayé de l’immuniser aux sensations…Nico ne pouvait pas être éternellement froid et cruel. Avec lui, Vaëm reverrait sans doute cette plage…

« Tu vas revenir ici, tu sais ? »

Parce que le jeune yakusa, aussitôt qu’il aurait un peu confiance en son captif, reviendrait ici. Pour une vraie course de crawl cette fois…Nico avait été privé d’une réelle adolescence, il ressentait à présent le besoin de partager certains trucs avec un homme de son âge…

« Viens à présent. »

Il se releva et regarda une dernière fois la lune à présent découverte. Son visage qui s’était adouci avec ses pensées et la tranquillité présente redevint dur et froid. Il était de nouveau celui qu’il montrait à tous, celui qui était l’héritier de la mafia. Petit à petit, les effets de la rencontre avec son frère s’effaçaient et il reprenait sa véritable nature.

[Désolé, c'est court TTwTT]

Les yeux brillants qui accueillirent sa promesse faillirent faire rire Nico. L'espoir et peut-être le bonheur qu'il sentit dans la question réagir en éui pour faire naître une étincelle de malice dans ses pupilles. Il haussa les épaules et remarqua :

" Ca serait stupide de ma part de t'enfermer dans mon appartement. Tu y tournerais comme un lion en cage."

Il mentait. La vraie raison tenait plutôt de sa mémoire. Nico avait été enfermé une année dans sa chambre d'adolescent sans voir d'autre personne que son père. Il ne pourrait jamais faire subir 4a à quelqu'un d'autre qui ne l'avait pas mérité.

Se levant, le jeune yakusa marcha sur le sable, profitant encore du doux sable qui s'immisçait entre ses doigts de pied et lui procurait un doux massage. Il ne faisait guère attention à Vaëm, mais un mouvement trop brusque de ce dernier aurait suffis pour qu'il sorte son couteau. Ses idées étaient cependant focalisées sur les marques qui s'étalaient sur le corps de son prisonnier. Preuves d'une non-soumission frappantes.

Son visage devint glacial alors qu'il s'asseyait au volant de sa voiture. Sans rien dire, il prit son portable et envoya un message pour qu'on ne panique pas à la disparition de Vaëm. Puis il ôta le sable de ses pieds à l'extérieur et remis ses chaussures, attendant que l'hôte s'installe à ses côtés.

" Ta main ?"

Il ne s'en inquiétait pas vraiment, mais voulait juste savoir s'ils allaient devoir passer chez le médecin des mafieux ou non, ou encore à l'hôpital. Ses mains pianotaient sur le volant alors qu'une fois de plus son esprit s'envolait. Nico était vraiment fatigué...et il ne devait pas être le seul.


( C'est bon , y a pire , je crois que j'ai pas fait beaucoup également)

Le sourire de joie fit sourire involontairement le jeune Sawada. Ca lui changeait tellement des grimaces et des cris de douleur...Il n'avait pas l'air d'en falloir beaucoup pour satisfaire son captif et Nico se surprit à en être soulagé. Mais la suite ne fut pas pour lui plaire.

L'interrogation fit froncer les sourcils de Nico. Vaëm avait oublié sa main ? Son bras, moins amoché lui faisait déjà suffisamment mal. Se tournant vers l'hôte, il observa la main ensanglantée puis à l'éclairement de l'autre, il avança brusquement sa main et appuya fortement sur le membre blessé. Même si le geste faisait enfin souffrir Vaëm, même dans le cas contraire, Nico démarra le véhicule et dérapa pour prendre la direction de l'hôpital.

Les lumières passaient à toute vitesse, tout comme le paysage morne et gris de la ville. Nico accéléra encore. Il maîtrisait parfaitement son véhicule et adorait la vitesse, de plus, il n'avait pas à s'inquiéter d'une quelconque amende. Non, ce qui l'occupait, c'était que Vaëm soit aussi amorphe, parce que ça, c'était pas bon du tout. Son visage n'exprimait aucune crainte à l'égard de Vaëm.

Arrivé très rapidement à l'hôpital, Nico sortit rapidement de la voiture puis alla prendre le blessé dans ses bras. Délicatement, il fit attention à ne pas trop le bousculer et l'amena directement aux urgences. Celle-ci était bondée et Nico se demanda un instant comme autant de gens faisaient pour se blesser...

Il patienta deux minutes, les narines agressées par l'odeur typique des lieux stériles puis se dirigea vers un médecin. L'héritier Sawada savait jouer de son visage et se composa un air encore plus froid et méchant qu'à l'ordinaire. Autoritaire, il n'eut besoin de dire qu'une phrase :

" Soignez-le."

Ses traits étaient connus et ses ordres respectés à la lettre. Une équipe médical prit Vaëm en charge et Nico suivit, se méfiant encore trop de ce jeune homme pour le laisser tout seul. Il se mit dans un coin, observant le tourbillon des blouses blanches. Kyoshi allait le tuer si Vaëm perdait sa main...mais ce n'était pas la principale raison de sa hâte. Vaëm avait besoin de ses deux bras pour nager et Nico avait besoin d'un partenaire.

Nico avait été soulagé en entendant le cri de douleur. Pas assez cependant pour décider que l’hôpital ne valait pas la peine d’être visité. Son empressement grandit encore quand Vaëm se recroquevilla contre lui et il ne fut soulagé qu’en voyant le jeune homme dans les mains des médecins.

Pas un remord ne perturbait ses pensées alors qu’il vit Vaëm sombrer dans l’inconscience. En réalité, Nico était plutôt détaché des soins apportés au jeune homme…Il réfléchissait à ses arguments contre Kyoshi, sachant parfaitement qu’un était assez lourd pour peser dans la balance de cet homme.

Ses yeux demeuraient néanmoins attentifs. L’héritier Sawada vérifiait que personne n’essayait de mettre fin à la vie de son prisonnier. Une main timide lui fit tourner les yeux. Regrdant de haut l’infirmière qui lui indiquait son bras, il lui sourit gentiment en guise de remerciements.

Le hoquet de surprise ne l’étonna pas lui-même et il s’assit, ôtant sa chemise pour se laisser soigner. Le sédatif qu’on lui mit à son insu lui fit fermer les yeux un instant, gagnant facilement avec sa fatigue la lutte qu’il donnait contre le sommeil.
Il ne rêva pas…
Il entendait toujours tout…Mais il n’était plus là. Au bout d’un moment, Nico se força à rouvrir ses yeux et vit que son cadet avait été entièrement soigné. Se levant, il observa le visage endormi et sourit un peu, il était rassuré.

« Merci. »

Le mot fusa, s’adressant à toute l’équipe médicale. Ceux-ci lui sourirent en retour, par habitude avant de se regarder étonnés. Un remerciement sincère d’un Sawada… Ils n’avaient rien dit ou demandé sur l’origine de la blessure et Nico en était content.

Son bras était réparé alors il reprit Vaëm dans ses bras, faisant attention à nouveau. Il avait l’aire…si tranquille pendant son sommeil…Sans se presser, il remarcha à son véhicule, pestant contre le bruit des ambulances et des sirènes. On était devant un hôpital bordel ! Les gens s’y reposaient, il en avait besoin ! Exactement comme le jeune homme dans ses bras. La journée devait avoir été rude.

La douceur de Nico ne s’appliquait d’ordinaire qu’à ses frères, mais toujours sans qu’ils le sachent. Il fit la même chose avec Vaëm. Le déposant délicatement sur la banquette arrière, il alla prendre une couverture et l’y enrouler doucement. Le froid de la nuit devenait plus vif et brûlait la peau découverte. Une autre couverture et l’hôte avait un petit coussin. Soupirant un peu, il mit les ceintures plates de sa voiture puis retourna au volant.

Les lumières blanches et rouges projetées par l’hôpital captivèrent un instant son regard. Nico ferma la porte de la voiture mais ne démarra pas, observant les signes de l’autre. La respiration qu’il entendait le calmait et l’enchantait un peu. Les autres bruits également. Tournant la clef, il démarra et alla doucement ; ses yeux vagabondaient sur les enseignes lumineuses.

Les yeux perdus dans le vide, Nico gardait les actions de Vaëm en tête. L’air si tranquille de ce jeune homme lui aurait presque fait douter du rapport qu’il avait lu sur lui. Après tout, à part la fuite, il s’était tenu assez tranquillement. Ses actions faisaient plutôt penser à un enfant un peu perdu à vrai dire.

En une journée, perdre ses repères, perdre sa vie, devenir une sorte d’esclave…Ce ne devait pas avoir été facile…ni facilement accepté à voir les bleus qui martelaient la peau de l’hôte. Passant les vitesses machinalement, notant à peine les feux de signalisation, Nico s’était perdu en lui…seul le bruit fait par Vaëm l’en fit sortir.

Regardant dans le rétroviseur, le jeune Sawada fut un peu soulagé en voyant que tout allait bien. A vrai dire, il avait surtout craint de ne pas voir Vaëm se réveiller…C’était stupide, mais voir les gens dormir l’effrayait toujours un petit peu…surtout lorsqu’il s’agissait d’inconscience.

L’effleurement timide et la question le firent redevenir sérieux et il répondit sans quitter la route des yeux, toujours un peu doux.

« Ce n’est pas très important, mais il va bien. Rattache ta ceinture. »

Maintenant que Vaëm était réveillé, Nico ne voyait plus d’objections à son plaisir de la vitesse. Sans prévenir, son pied appuya sur la pédale d’accélération et la voiture bondit, allant tout de suite beaucoup plus vite. La vitesse apportait un certains réconforts à Nico ; souvent ennuyé, elle avait le mérite d’obtenir de lui toute son attention.

« Et toi ? Ta main ? »

Il s’inquiétait réellement, mais peut-être pas pour les bonnes raisons. Ses yeux ne quittaient pas le paysage défilant et se concentrait sur les points importants. Le yakusa s’amusa un instant à déraper dans ses virages puis arrêta, ça ne le captivait pas plus que ça…il accéléra juste encore un peu.

Se perdre dans le flux d'adrélanine...il adorait ça...

En voyant Vaëm passer sur le siège avant sans se soucier d'obéir et de s'attacher, Nico fronça les sourcils. Il allait dire quelque chose, mais la vitesse du véhicule ramena rapidement le jeune homme à de meilleurs résolutions et le yakusa ferma sa bouche, supposant que la petite frayeur avait été assez et qu'il n'avait pas besoin d'en rajouter.

Apparemment, Vaëm avait encore froid, mais c'était compréhensible et discrètement, Nico monta le chauffage grâce à la mette aux côtés du volant. Focalisé sur les tâches de lumière qui lui servaient de repères, le Sawada n'avait pas vraiment conscience que sa conduite pouvait paraître effrayante et puis même, il sen fichait. Que l'autre soit terrorisé ou non, Nico n'allait pas s'arrêter tout de suite, la sensation l'enivrait et lui offrait une sorte de liberté.

La réponse à sa question lui fit hocher la tête et il décéléra un peu, juste pour pouvoir soutenir un semblant de conversation. Son visage se reflétait aux côtés de celui, plus jeune de Vaëm. Pourtant, il ne devait pas y avoir une grande différence d'âge entre eux, mais l'autre paraissait plus poupin, bien que marbré par des hématomes.

A la remarque sur les médecins, Nico eut un sourire froid. Ces derniers avaient intérêt oui. Ils étaient peut-être les seuls que la mafia épargnait...quoique plus maintenant en fait. C'était l'avantage d'être un Sawada, la qualité primait et était plus rapidement obtenue. alors Vaëm...sa main devait être bien recousue et dans quelques temps, il n'y paraîtrait plus, la cicatrice disparaîtrait certainement très rapidement.

A la dernière question, il ralentit en douceur, reprenant un rythme normal, son instant d'évasion était terminé, l'oiseau avait rejoins la cage. Sans plus rien exprimer, il se détourna de la route et fixa Vaëm, toujours néanmoins alerte ; il n'avait guère envie d'un accident.

" Tu es crevé, on va chez moi."

Nico n'avait pas une once de remord quant à la fatigue de ce jeune homme. La main blessée ne réveillait pas sa conscience et il l'avait presque déjà oubliée. Presque.

L'allure se ralentit un peu plus alors qu'ils pénétrait dans la propriété de la famille Sawada. Parquant la voiture n'importe comment, sachant parfaitement que quelqu'un viendrait rapidement la garer correctement, Nico sortit d'une des portières un jeu de menottes. Il était presque désolé, mais ne le montra pas. En un murmure, sa voix proposa :

" Deux solutions. Ou tu coopères et je te les enlèves dès qu'on est dans mon appart' ou tu résistes et tu dors dans les caves."

Il était sérieux, même s'il craignait un peu pour la santé de l'hôte. Enfin, ce n'était que quelques craintes qui s'effaceraient vite si Vaëm trouvait l'envie de compliquer les choses. Nico savait parfaitement tenir son rôle d'héritier Sawada, la cruauté et le sadisme lui venaient au naturel.

Les yeux bleus se figèrent dans ceux émeraude et s'y installèrent, attendant une réponse. Il n'allait pas les passer sans avoir entendu la voix de Vaëm et cet instant était parfait pour analyser le comportement du jeune homme.

( je te laisse répondre chez lNico Sawada ?)

....


==>Chez Nico Sawada / bienvenue chez les Sawada...