Bienvenue chez les Sawada...

==> La plage / Bain nocturne

Il avait sentit la voiture déscélérer, et son interlocuteur s'était tourné vers lui tout en surveillant la route avec attention pour éviter l'accident.

" Tu es crevé, on va chez moi."

Il était effectivement fatigué, tellement qu'il ne chercha même pas à empêcher le sourire cynique et désabusé voulait s'étaler sur son visage. Callé contre le dossier de son siège, il posa un regard insondable sur le Sawada puis poussa un soupir, son sourire devenant une moue désabusée. Détournant la tête, il appuya son coude contre la portière, sa joue contre son poing et se mit à regarder dehors, son autre main chiffonnant machinallement un bout de la couverture.
Genre... il s'inquiétait de son état...
Si ç'avait été vrai, il l'aurait tout simplement reconduit au Luxurius, c'était bien plus près que la résidence principale de la famille Sawada. Et il aurait suffit au jeune mafieux de dire un mot pour que Vaem ne se fasse pas rosser en revenant au club.
Non... il y avait autre chose. Et c'était certainement pas de la compassion.

Le jeune homme resta silencieux tout le reste du trajet, se contentant de regarder dehors, son ventre se nouant un peu lorsqu'ils franchirent la grille délimitant le domaine de la famille. Voilà... il y était. En plein dans la gueule du loup.
Lorsque la voiture s'arrêta enfin, il tourna lentement la tête vers le conducteur, cherchant à savoir ce qu'il devait faire, et son visage blêmit en voyant ce que Nico tenait dans les mains.

L'espace d'une seconde, l'envie de le giffler se disputa l'espace de sa conscience avec l'envie de rire et celle d'ouvrir la portière pour partir en courant. Se laisser entraver ?? Et puis quoi encore ?! Il avait toujours détesté les liens, et même ce cr*tin de Shiki avait dû lutter pour pouvoir lui passer les bracelets... et là il devrait accepter de se laisser attacher bien gentiment ??? Non mais pour qui il se prenait lui ???
Les yeux verts croisèrent les yeux bleus, et la colère qui les embrassait s'estompa un peu, laissant place à une rage froide et contrariée. Lentement, il lui tendit ses mains pour se laisser attacher, constant par là même qu'elles tremblaient, non pas de peur, mais de toute cette colère qu'il essayait de garder rentrée.
Un sourire ironique se dessina lentement sur ses lèvres.

- Je suppose que j'ai eu assez d'humidité pour la journée...

Sa voix était glaciale et rendue légèrement rauque par les émotions violentes qui se battaient pour sortir de son corps. Une fois attaché, il se détourna sans un regard et ouvrit la portière pour descendre dans l'air tiéde de la nuit, les bracelets des menottes lui donnant l'impression d'être brûlé au fer rouge dès qu'ils frottaient contre sa peau.
Il referma la porte d'un coup de hanche et alla se placer devant la voiture, sombre et toujours en colère, le regard brûlant d'une insoumission contenue qui n'attendait qu'une étincelle pour devenir de l'insolence.
Bien... Maintenant qu'il était entravé comme une bête, est ce que son "Maître" deignerai bien vouloir se bouger le derche pour sortir de cette p*tain de bagnole et l'emmener à l'intérieur ?

Ses yeux se firent amusés un instant devant le comportement du jeune homme. L'air désabusé l'intéressait presque autant que le sans-gêne d'Arkalya, comme si tout passait désormais par dessus Vaëm. Et une bombe dans le ventre, il accepterait aussi ?

Le jeune mafieux digéra sans trop de mal la rage qu'il lisait dans les émeraudes. Il faillit hausser les épaules d'impatience, lui trouvait ces jouets particulièrement stupides, mais il n'était pas libre de son comportement ici. C'était pathétique, le territoire Sawada opprimait plus les Sawada que l'extérieur. toujours se plier aux règles de sécurités, d'étiquettes et gnagnagni et gnagnagna.

L'ironie mordante ne fit pas réagir Nico qui se contenta de refermer les bracelets métalliques sur les bras tendus. Les mains tremblantes lui firent à peine hausser un sourcil, mais il ne dit rien, trouvant le sujet complètement inintéressant. En réalité, ses idées étaient déjà parties vers d'autres préoccupations et Vaëm aurait pu danser le tango devant ses yeux qu'il n'aurait pas réagi.

La portière claqua, réveillant Nico qui s'empressa de sortir, fâché de s'être laissé surprendre ainsi. Rejoignant l'hôte, il eut un regard froid en constatant l'insoumission que hurlait tout le corps du jeune homme. Un doute lui traversa l'esprit, avait-il bien fait de conclure ce marché ? Le jeune mafieux eut un geste pour cacher le sourire qui prenait forme sur ses lèvres. Kyoshi avait dû avoir du travail...et en avait encore. Rien que pour le plaisir, il aurait bien assister aux cours de bonnes manières tient...Vaëm ressemblait vraiment à un jeune roquet indomptable...

" Viens..."

Rapidement, il guida le jeune homme dans la propriété jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la parie qui abritait son appartement. Nico ne se préoccupa guère de saluer les mafieux qui les croisaient, son air froid suffisant pour qu'on les laisse tranquille. Intérieurement il remerciait toutes les divinités que Vaëm ait passés ces foutues menottes...

La lumière de l'ascenseur brûla un peu les yeux bleus et ses pupilles se rétractèrent, l'œil blessé. S'habituant peu à peu à la luminosité ainsi qu'à l'odeur de renfermé qui flottait dans la petite pièce, Nico attendit patiemment que l'hôte se place à ses côtés. Rapidement, ses yeux firent le tour de la morphologie qu'il n'avait eu , ma foi, que peu de temps pour découvrir. Là, dans la lumière artificielle, il pouvait apprécier le corps un peu petit du jeune homme.

Les portes de l'ascenseur se refermèrent dans un claquement sourd et un peu sinistre. Décidément il fallait faire quelque chose pour que tout cela soit un peu plus accueillant. Sitôt la montée débutée, le yakusa tint sa promesse et sortit la clef des menottes pour la donner à l'autre. C'était calculé, le temps qu'il réussisse à enlever les menottes de lui-même et ils seraient déjà dans l'appartement.

En tournant la clef dans la serrure, Nico repartit directement vers son principal problème...comment allait-il négocier Vaëm ? Les idées fusaient en lui et il entra sans vraiment s'en rendre compte dans son grand loft aux murs peints de couleurs vives. C'était vivant et ça sauvait Nico de sa morosité habituelle.

" Tu veux à manger ?"

Sa voix était atone, froide. Il demandait par pure prévention, n'ayant pas envie de le voir s'évanouir. Rien que la pensée l'ennuyait et l'énervait...Se laissant tomber dans son canapé, Nico gouta à la sensation douce sous sa peau et eut brusquement envie de s'endormir là tout de suite. Finalement, il aurait peut-être dû ramener Vaëm à son club et supporter les reproches de Kyoshi...ça valait bien quelques heures de tranquillité...

Il avait patiemment attendu que son "maître" se manifeste et descende, puis l'avait suivit sans rien dire. D'abord à distance, renfrogné, presque boudeur, puis de plus près lorsqu'ils avaient commencés à croiser d'autres mafieux. Marchant sur les talons de Nico, Vaem avait sentit un frisson d'angoisse lui glacer l'échine : le regard des autres personnes se détournait peut-être du Sawada, mais il n'en allait pas de même pour lui; et les yeux qui le fixaient le métaient infiniment mal à l'aise. Malgré tout, parce que les habitudes ont la vie dure, le jeune homme se mit à repérer le chemin, a compter le nombre de pas, d'embranchements et de personnes croisées, plus pour se reconcentrer que pour une véritable tentative de fuite : si à cette heure de la nuit, ou plutôt du matin, ils croisaient autant de monde, alors qu'est ce que ça devait être dans la journée !
Il serra un peu les poings dans ses menottes qui l'indisposaient toujours et baissa la tête. Son impuissance le minait, plus de rage que de déspoir, et il aurait donné n'importe quoi pour qu'on lui donne l'occasion d'exploser.

Les deux jeunes gens s'arrêtèrent finallement devant un assenceur, et la lumière crue des néons leur agressa la rétine, et le plus jeune mis un certain temps avant de se décider à entrer, restant une poignée de seconde à observer son guide.
Puis il secoua la tête et pénétra dans l'étroite cabine, se callant dans l'angle opposé à celui de Nico, l'air maussade, ses mains liées reposant sagement contre ses jambes. C'est à peine s'il trésaillit lorsque les portes se refermèrent, absolument pas étonné qu'elles produisent un son aussi sinistre : ça collait bien à l'atmosphère.

Ce qui l'étonna en revanche ce fut que Nico teint sa promesse : à peine les portes refermées, il lui prenait les mains pour lui donner la clef permettant de défaire ces odieux bracelets qui lui rongeaient tant la peau depuis qu'il les lui avait mis. Soullagé, le jeune homme se débatit un peu avec la fermeture, finit par la faire céder, et laissa tomber ses entraves sur le sol, se frictionnant les poignets jusqu'à ce que la sensation des menottes disparaîsse.
Il commença seulement alors à se détendre et à oublier un peu sa hargne.

Les portes s'ouvrirent alors sur un pallier ne possédant qu'une seule sortie, ou entrée, c'était selon, et le temps qu'il s'extraie de la cabine, Nico était déjà en train de dévérouiller ce qui devait être la porte de ses appartements. Vaem le suivit sans un mot, s'arrêtant cependant sur le palier, estomaqué de se retrouver dans un endroit aux couleurs si vives.
Il s'était attendu à quelque chose de froid, de fonctionnel, un peu à l'image de la façade de glace que son compagnon présentait à tout le monde, et cette plongée dans un univers qui pourrait presque être chaleureux le décontenaçait un peu...

Lentement, il fit un pas à l'intérieur.
C'était étrange... il avait l'impression dérangeante d'entrer dans l'intimité de quelqu'un. De voir quelque chose qu'il n'était pas censé voir, et ce sentiment lui redonnait presque envie de fuir.
Doucement, il referma la porte derrière lui.
Voilà. Toute veine tentative stupide lui était retirée.
Il soupira.

- Oui... mais te dérange pas, si tu veux, je peux m'en occuper seul.

C'était un mensonge, il n'avait absolument pas faim, mais quelque chose lui disait qu'il avait besoin de manger pour se reconstituer un peu de sang.
Et puis... être isolé dans la cuisine le couperait un temps de la présence hérissante du Sawada. Il n'avait rien contre Nico lui-même (à part pour sa main, mais ça il trouverai un moyen de le lui faire payer) mais son nom de famille avait tendance à le porter un peu sur les nerfs.
Laissant le jeune homme à moitié endormit sur le canapé, et forçant ses yeux à ne pas s'attarder sur le corps de son hôte, il se mit en quête d'une cuisine.

- Tu voudras quelque chose ?

Cette échange de pseudo civilité lui tira un sourire ironique et amusé. La situation n'aurait pas été aussi risquée pour lui, il l'aurait sans doute trouvé très drôle.

Le comportement de Vaëm était réellement distrayant à observer. Ses réactions dénotaient toujours une envie de révolte, de liberté. Un passage à tabac n’avait apparemment pas suffis à le dompter, ni un trou dans une main ou quelques autres humiliations subies.

Ne plus avoir de lien semblait avoir détendu un moment le captif et confirma l’idée de Nico. Faire de ce jeune homme un modèle de docilité n’allait pas être facile…voire impossible. Cependant ce côté de la personnalité de Vaëm n’était pas le seul point d’intérêt de Nico. Ses yeux rirent un instant en constatant la surprise de l’hôte devant son appartement.

Il avait conscience que le décalage entre sa froideur apparente et la chaleur de ce lieu pouvait sembler énorme. L’atmosphère dégagée était chaleureuse pour Nico qui sentit une partie de ses barrières tomber. Avoir un étranger ici le troublait un peu, mais c’était sur sa propre initiative, il n’avait rien à redire. Il se sentait pourtant comme un livre aux secrets violés.

La porte fermée, il s’enfonça un peu plus dans son canapé, rassuré sur le fait que Vaëm ne s’enfuirait pas aujourd’hui. Il s’attendait à être submergé par une vague de soulagement, mais rien ne vint. A vrai dire, vu la condition physique de l’hôte, ça semblait logique…Nico en semblait presque déçu, mais Vaëm et sa capacité à le surprendre n’avait pas encore baissé dans son estime.

En réalité, il y montait plutôt. La réponse à sa question le réveilla suffisamment pour qu’il daigne se lever. Nico venait de constater l’usage du tutoiement et son corps y réagissait bizarrement. L’énervement se mêlait à un certain apaisement. Apaisement en voyant qu’on pouvait oser naturellement le tutoyer. Un autre point commun avec Arkalya. Énervement inspiré par son rôle et sa position.

Sans répondre tout d’abord, il guida Vaëm vers la cuisine. Bien éclairée, mélange de rouge et de noir, elle était néanmoins assez banale. Nico ne l’utilisait que rarement, mangeant la plupart du temps sur le pouce. Personne n’avait éveillé un quelconque intérêt culinaire chez lui. La proposition faillit le faire rire, mais il se retint ; la question était néanmoins surprenante par sa courtoisie.

« Un chocolat. Fais-toi ce que tu veux, je vais prendre une douche. »

Pure information. Sans rien ajouter, le yakusa se dirigea vers la salle de bain. Sa tête était un peu lourde et il avait besoin d’un coup de froid pour se réveiller. Sans avoir eu l’hémorragie de Vaëm, son bras le lançait, il n’aurait pas dû porter Arkalya puis Vaëm. Ce n’était guère prudent.

Le carrelage froid sous ses pieds le fit frissonner, lui préférait largement le bois. Nico pouvait sembler à un fils à papa avec ce loft et tout ce qu’il avait à disposition. Illusion. Le luxe était une piètre consolation face aux troubles de la vie dans une famille mafieuse. Déjà, il s’inquiétait pour ses frères, n’en ayant pas entendu parler de la journée. Pas de nouvelle, bonnes nouvelles. Ici ce n’était pas forcément une vérité…

Se glissant sous la douche, Nico régla le jet d’eau à pleine puissance. Le fouet de l’eau glacée fit brusquement retourner son ventre et lui brula sa peau. Après la première surprise, c’était l’engourdissement qui le prenait, aussi s’empressa-t-il d’élever la température de l’eau jusqu’à tiède.

Les pensées vagabondent, il repensa à Vaëm et à leur course sur la plage. Il courait vraiment vite…et nageait bien aussi…Il était intéressant du point de vue de Nico et ça valait peut-être mieux pour le jeune hôte.

Le jeune homme avait passé quelques minutes à s'impreigner de l'atmosphère et des couleurs chaudes du lieux, laissant ses doigts effleurer les murs et les meubles comme pour mieux comprendre la personne qui y vivait. Mais la différence était trop grande, trop tranchante entre les deux pour qu'il puisse réellement appréhender le personnage dans son ensemble. Du moins ce soir. Aussi abandonna-t-il cette idée pour se reconcentrer sur celle de manger, allant jusqu'à se montrer civil en demandant au Sawada s'il voulait quelque chose.

Ce dernier se leva, le guidant jusqu'à la cuisine, puis l'y abandonna en signalant qu'il allait prendre une douche, et Vaem haussa simplement les épaules avec indifférence. Qu'il fasse ce qu'il veut après tout, il était chez lui.
Il attendit cependant que l'eau se mette à couler dans la salle de bain avant d'enteprendre une inspection en régle de l'appartement, repérant rapidement fenêtres et balcons, hauteur par rapport au sol, pièces, chambre, bureau, éventuelles issues de secour et de fuite, puis de s'assoir brièvement sur le canapé pour se laisser le temps de réfléchir.
Mais là encore, son cerveau se heurta à un insoluble néant.

Avec un soupir désabusé, présentant qu'il lui faudrait probablement un peu de temps pour laisser décanter les informations et que son esprit élabore un plan à peu près acceptable, il finit par se relever pour rejoindre la cuisine et se mettre en quête de nourriture.
A sa grande suprise, le frigo de Nico était à moitié vide, et sur la totalité des produits, un bon tiers était périmé ou en passe de devenir toxique. Amusé par la négligence du jeune homme, il prit le temps de désencombrer les rayons des aliments inmangeables avant de commencer à faire chauffer une poëlle dans laquelle il jeta un peu de beure et un steack. Une bouteille de lait encore buvable lui servit de base pour le chocolat de son hôte, et suite à la présence de choses non identifiées dans la boîte de chocolat en poudre, il préféra jetter cette dernière pour remplacer le chimique par quelques carreaux de chocolat mis à fondre à feu doux.
Un instant, il se laissa aller à la rêverie, le regard perdu dans l'immencité du ciel visible au travers de la fenêtre, enviant stupidement le pauv' piaf qu'il pouvait voir en train de chanter sur une branche d'arbre dehors.
C'était pas le moment de se laisser aller.

Le jeune homme s'assit sur le plan de travail, son assiète et son steack sur les genoux, et mangea rapidement tout en surveillant la cuisson du chocolat. Ce dernier commençant à sentir bon, il y ajouta une pincée de canelle et versa le tout dans une tasse qu'il alla poser sur la table basse du salon, l'y abandonnant pour aller s'échouer dans un fauteuil près d'une des grandes fenêtres donnant de la lumière. La fatigue et la lassitude commençaient sérieusement à avoir raison de lui, ses yeux le brûlaient, sa main le lançait douloureusement, et son corps semblait lui peser des tonnes.
Lentement, il déboutonna sa chemise jusqu'à mi-torse et se massa vaguement ses côtes marbrés d'échymoses avant de s'avachir un peu plus dans son fauteuil et de fermer les yeux pour quelques minutes.
La musique de l'eau coulant encore dans la salle de bain finit par l'endormir, le faisant dériver dans une sorte de sommeil cotonneux juste assez profond pour que les bruits légers allentours, comme les pas de Nico revenant de la salle de bain, ne l'en sorte pas.

L'eau tiède n'était pas assez chaude pour endormir Nico, mais suffisante pour qu'il dérive dans ses pensées et qu'il oublie qu'un jeune homme était seul dans son appartement. Après tout, l'autre ne pouvait pas s'enfuir et la seule chambre intéressante du loft était la sienne...qu'on n'ouvrait pas si facilement.

Étant en passe de rester indéfiniment sous la douche, le jeune mafieux coupa l'arrivée d'eau puis sortit, frissonnant légèrement face au changement de température. Négligeant ses habits, il s'entoura les reins d'une serviette et se sécha sommairement. Une autre sur le cheveux, il débarqua dans le salon, un peu plus réveillé et alerte, sans avoir seulement pensé à refixer son couteau à sa cheville.

Le corps avachi de Vaëm le fit rester un instant immobile, puis, voyant qu'il ne bougeait pas, Nico s'approcha lentement pour l'observer. Prenant la tasse de chocolat qui embaumait au passage, il s'arrêta devant le jeune homme. Ses yeux vagabondèrent, suivant le chemin des ecchymoses qui coloraient ce torse, puis remontant pour détailler le visage. C'était réellement différent d'une photo, détendu, le visage de l'hôte était...envoutant...mignon...et aurait presque fait oublier le fichu caractère du jeune homme. Tout en regardant, Nico but une gorgée et murmura :

" Oh il est bon !"

L'arôme du chocolat mélangé à la cannelle le réchauffa totalement et il sourit, ravi par les sensations que lui envoyaient ses papilles gustatives. Secouant ensuite la tête, mais sans se départirent de son sourire, Nico alla chercher une couverture. Au moment de la déposer sur le corps endormi, il hésita, la peau découverte, le visage enfantin, tout semblait appeler à être toucher.

Plus ou moins inconsciemment, son doigt était déjà trop près de Vaëm et fit les derniers centimètres, caressant doucement la peau marbrée. Elle était assez douce, mais ça Nico avait déjà pu le constater sur la plage. Rapidement, les doigts du voleur découvrirent agilement une nouvelle fois cette partie du torse avant de se remettre sagement autour de la couverture et de cacher cette tentation.

Comme si un surplus de sentiments avait saturé son cerveau, Nico se sentait vide et étrangement tranquille. Se détournant de l'hôte, il alla s'allonger sur le canapé, prenant un livre au passage. Ça faisait un moment qu'il avait délaissé ses études et avec Vaëm à ses côtés il ne pouvait guère faire autre chose. Et puis, sa thèse en histoire n'allait pas avancer toute seule.

Les mots valsaient devant ses yeux malgré ses efforts de concentration. Une phrase lue et relue lui échappait encore et son regard dérivait souvent sur Vaëm. Il eut un grognement d'irritation et ferma violemment le livre. Inutile, il n'y arrivait pas, pas avec une nouvelle personne à découvrir. Ses paupières lui cachèrent celui qui occupait ses pensées et lui permirent de réfléchir un peu plus sereinement.

Il avait conclu un marché et n'allait pas le trahir. Cependant, tous les problèmes qu'il lui apportait n'étaient pas pour le réjouir. Un bras sur les yeux, il soupira. Déjà Kioshi, on verrait ensuite, après tout ce n'était même pas sur qu'il accepte. Au fur et à mesure de ses réflexions, la fatigue prenait le pas sur la curiosité et bientôt, il n'eut plus à lutter pour éviter de fixer Vaëm.

Somnolant, Nico gardait une oreille attentive. Il ne pouvait tout simplement pas se laisser complètement aller avec la compagnie d'un prisonnier réticent. Même si le calme du loft l'enhardissait à se laisser happer par les bras de Morphée...

La respiration calme, le visage apaisé, Vaem avait donc sombré dans le demi-sommeil lourd qu'entraîne parfois la fatigue, ne le laissant que très vaguement conscient des mouvements et des bruits autour de lui, ces derniers étant tout au plus une gène légère bien vite oubliée. Cependant il n'en allait pas de même avec les contacts, et au passage des doigts de Nico il broncha, sa poitrine se creusant, les muscles de son ventre se contractant légèrement comme pour échapper au touché sans pour autant fuir, plus par surprise d'être effleuré que par réel désagrément, et un minuscule soupir contrarié franchit la barrière de ses lèvres entrouvertes.
Doucement, il bougea, laissant voir la double cicatrice ornant sa poitrine, puis se nicha dans la couverture qu'on venait de poser sur son corps, s'enfonçant un tout petit peu plus dans un sommeil qui aurait pû faire toute la nuit s'il n'y avait pas eu le claquement sonore d'un livre refermé avec rage.

Le jeune homme sursauta légèrement, émergeant brutallement du sommeil pour rebasculer dans la réalité. Réfreinant son reflexe premier de se redresser brusquement, il resta immobile dans son fauteuil, se contentant de tourner lentement la tête pour voir ce qui se passait, pour voir pourquoi on l'avait tiré aussi viollement des bras de Morphée.
Son regard rencontra la forme allongée sur le canapé et un sourire amusé s'esquissa sur ses lèvres en voyant qu'il n'était encore vêtu que d'une simple serviéte de bain nouée autour des reins. Combien de gens dans la ville pouvaient se permettre de dire qu'ils avaient vu Nico Sawada, héritier de la famille de mafieux la plus crainte de région, dans une attitude aussi vulnérable...

Le garçon laissa passer une poignée de minute avant de se risquer à se redresser, se rendant alors seulement compte qu'on avait déposé une couverture sur son corps.
C'était la seconde fois que Nico avait ce genre d'attention avec lui... s'en devenait perturbant : l'image publique du jeune homme à laqelle on l'avait habitué était complétement à l'opposé des actions qu'il avait envers lui depuis le début de leur rencontre.
Enfin à le jet de couteau dans la main mis à part bien sûr...

Doucement, en prenant soins de ne pas faire de bruit, il roula la couverture en boule et s'approcha du mafieux apparement endormis pour l'étendre avec délicatesse sur son corps dénudé. Ceci fait, il ramassa le livre posé sur la table basse et alla s'assoir dans un coin pour le consulter et s'occuper les mains. Le sommeil l'avait fuit, même si la fatigue demeurait, et il se sentit partit pour rester éveiller jusqu'au lendemain soir au moins.
Alors autant se renseigner sur les goûts et les occupations de ce mafieux qui lui paraissait bien trop ambivalent pour être réellement ce qu'il donnait l'impression d'être non ? Lentement, il ouvrit le livre et se plongea plus ou moins dans l'Histoire.

Nico, étendu sur son canapé, vagabondait, ses pensées se mélangeant avec un semi-rêve. Il somnolait, le visage pour une fois complètement détendu, rajeunissant un peu ainsi. Il n'entendit pas Vaëm se réveiller et bouger, mais secoua un peu la tête, dérangé par une mèche noire. Le contact de la couverture sur sa peau lui fit froncer les sourcils doucement et il rouvrit les yeux, luttant contre la somnolence.

Constatant que Vaëm avait étendu une couverture sur lui, Nico se redressa légèrement pour voir ce que faisait l'hôte. Remarquant un livre dans les mains ne son cadet, il tourna la tête et vit que c'était effectivement son livre qui avait été emprunté. Il haussa les épaules, ce n'était qu'un livre d'histoire assez général, pas grand chose de compromettant. Bon, les notes pouvaient indiquer un certain intérêt pour de grands règnes ou de grands événements, notamment ceux où le peuple avait été le plus manipulé...mais pour un profane ça ne voulait rien dire.

La couverture s'imbibait de l'eau qui coulait encore des cheveux noirs et Nico l'ôta rapidement, fixant toujours Vaëm. Le calme de ce dernier l'intriguait. Il était blessé, enfermé avec lui dont la réputation n'était plus à faire - aussi bien au lit que mafieusement - et restait aussi tranquille ? Penchant la tête, redevenant plus sérieux, Nico demanda de sa voix froide :

" Ça t'intéresse ?"

Aussi bien qu'il pouvait être très attentionné, il détestait que l'on touche ainsi à ses affaires. Et puis, il ne donnait des attentions que quand on ne le voyait pas. il préférait rester dans l'ombre et garder son image de jeune yakusa cruel et froid. Se levant, il alla à l'extrémité du salon, tournant le dos à l'hôte et alluma son ordinateur. Il ne pourrait pas domrir en sachant que Vaëm était éveillé, autant travailler. Déjà se renseigner sur le jeune homme et préparer un argumentaire...ensuite régler les affaires courantes.

Les information sur Vaëm Harön s'affichèrent sur l'écran luminescent. Nico hocha la tête, satisfait qu'on lui ait obéis et que les fichiers aient été remis à jour. Prenant son temps pour tout enregistré, il se retourna sur sa chaise-il s'était assis sans même y faire attention- et observa l'autre avant de demander :

" Faculté d'art ? Étrange...se faire passer pour un étudiant et s'y enterrer. L'Idée n'est pas bête...elle aurait presque pu fonctionner."

A vrai dire être trahi par son frère n'était sûrement pas la plus agréble des choses...Nico aurait sans doute tuer les siens s'il avait été dans le cas de Vaëm. Fixant toujours ce dernier, ses yeux se firent durs alors qu'il réfléchissait à l'avenir de cet hôte...dans quelque semaines tout au plus, il l'aurait lassé...à moins qu'il ne dissimule des surprises...mais normalement quelques semaines à la limite quelques mois et Nico devrait trouver un nouveau jouet...que ferait-il de Vaëm ?

Haussant les épaules, il quitta le fichier biographique et se mit à travailler, il verrait plus tard. Peut-être que le jeune homme réussirait à s'enfuir ou encore à intéresser suffisamment Nico pour qu'il s'y attache. Dans tous les cas, ce n'était pas maintenant que le problème se posait et il n'allait pas s'énerver là-dessus.

" Tu devrais aller te doucher et changer ton bandage."

Il n'avait même pas regardé Vaëm pour déclarer ça. Pourquoi aurait-il dû ? La fatigue pouvait avoir deux effets sur lui. Soit il devenait incapable de retenir ses émotions et d'être froid, soit il était horriblement mal luné. Doucement sa main alla caresser son tatouage en un geste machinal et il frissonna, le souvenir de sa punition ne le lâchait toujours pas.

Vaem avait donc déposé la couverture sur le corps de son aîné, couvrant sa quasi nudité, et avait machinallement repoussé une mèche noire qui semblait gèner son propriétaire tout en continuant de réflechir au paradoxe qu'offrait son hôte : dans son sommeil ou celui des autres, il avait l'air gentil, presque attentionné ou tendre, et il suffisait de regarder son visage détendu pour se convaincre qu'il n'était pas si méchant que ça. Mais dans la période d'éveille...
Il frissonna.
Ses deux donnaient franchement la chair de poule.

Il se détourna, ramassant le livre d'Histoire et allant se caller dans un coin pour le bouquiner, ou plutôt le survoller, cherchant à savoir ce qui pouvait bien intéresser le Sawada là dedans tout en laissant son esprit digérer les différentes informations aquises au cours de la soirée.
Avec un peu de chance, le "paradoxe Sawada" pourrait l'aider à se faire la belle, et méritait d'être concidéré.

Tout en feuilletant le livre, s'arrêtant de temps à autres sur une annotation et ne pouvant s'empêcher de sourire en remarquant qu'il s'agissait toujours des récits historiques concernant une manipulation massive du peuple (quel sujet d'étude étonnant tient, chez un des maîtres de la ville, n'est ce pas ?), il se surprit à jetter de fréquents coups d'oeils à la forme allongée sur le canapé. Nico somnollait... il n'avait pas d'arme... et ç'aurait été si facile de serrer les mains autour de son cou. Ou de se déplacer sans bruit jusqu'à la cuisine et trouver un couteau bien aiguisé pour lui dessiner un nouveau sourire...
Oh bien sûr, après ça il n'aurait plus une seconde de répit avant que la famille ne le retrouve et l'écharpe, mais bon, il était déjà à moitié dans cette situation, alors un peu plus, un peu moins... ça pouvait être à tenté.
Surtout si en fait il essayait tout simplement de l'étouffer avec un alliment, histoire que ça fasse naturel.

Dans un petit coin de sa tête, il se nota en post-it de chercher les allergies du Sawada, et continua son délire, les yeux dans le vague, fixant une page sans la comprendre et surtout sans chercher à le faire.
Au point qu'il en oublia de surveiller son compagnon dont la voix froide le fit brusquement sursauter.
Il referma précipitament le livre, comme un enfant pris en faute.

- Pas vraiment...

Ses yeux verts glissèrent sur le visage froid du Sawada tandis que ses doigts caressaient nerveusement la couverture. Doucement, il finit par hausser les épaules et déposer le livre par terre à ses côtés.

- J'avais juste envie de savoir ce que tu lisais.

Un instant, il souteint le regard saphire qui le fixait, puis observa l'autre se lever, toujours en tenue négligée, et aller se poser devant un ordinateur qu'il avait déjà repéré lors de son premier tour du propriétaire. Lentement, il ramena ses jambes contre lui et les encercla de ses bras pour pouvoir poser son menton sur ses genoux, observant la nuque de son hôte pendant un long moment avant de fermer les yeux, regrettant que son moment de soliture n'ai pas été plus long. Enfin, il ferait avec...
Engourdit par la fatigue, il écoutait sans mot dire le tip-tip des touches du clavier lorsqu'un bruit de mouvement lui fit vaguement rouvrir les yeux, son regard filtrant au travers des mèches en désordre tombant de son front.

Les mots de Nico l'irritèrent, et il eut un léger mouvement de tête comme un cheval réticent qui se braque et renâcle, les dents serrées.
Il n'avait pas spécialement envie de repenser à cet épisode... et pourtant son insolence naturelle l'empêcha de rester silencieux.

- Ouais hein ? J'm'étais dis que les faqueux d'art, ça devait pas franchement vous intéresser, c'est pas votre domaine... et puis un cadavre perdut au milieu d'une centaine de milliers d'étudiants... (il posa la joue sur ses genoux, regardant dehors) A croire que je me trompais...

Il serra les paupières et prit une grande inspiration pour essayer de calmer la douleur et la rage qui montaient en lui au souvenir de la trahison de son frère. Il ne parvenait toujours pas à comprendre comment cet enf*iré avait pû faire une chose pareille...
Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

*J'espère au moins que j'ai valut cher... s'il m'a vendu pour une dête de m*rde il va morfler dès que je le retrouve l'enc*lé.*

Enfin, il dérouillerait juste un peu plus que prévu en fait, histoire de rendre la donne. Sa sombre pensée fut intérompue par un conseil qui tennait plus de l'ordre, et il se déplia lentement, prenant sagement la direction de la salle de bain, laissant l'autre travailler en paix. Une fois dans la salle d'eau, il retint un juron en s'appercevant qu'il n'y avait pas trace de vérou pour fermer la porte, ou de chaise pour en bloquer la poignée et s'assurer ainsi une douche tranquille.
Bah voyons...

Gromellant dans sa barbe, Vaem retira rapidement ses vêtements et s'arrêta une poignée de minutes devant le miroir pour constaté les dégats provoqués par son passage à tabac de la veille. C'était pas très joli à voir : certains hématomes tournaient jaunes tandis que d'autre restaient d'un beau violet sombre, donnant un peu l'impression que ses côtes et ses bras avaient été les victimes d'un peintre fou défoncé à l'acide qui aurait essayé de faire un patchwork du plus pur mauvais goût.
Appétissant.
Après avoir jetté un coup d'oeil par la fenêtre - probablement juste assez large pour le laisser passer - et avoir repéré une bien-heureuse gouttière à l'air solide et descendant jusqu'au sol, le jeune homme se glissa avec délice sous le jet brûlant de la douche, bien déterminé à y rester un peu plus que nécessaire.

La nervosité de Vaëm ne donnait naissance à aucune pitié chez Nico. Son regard était froid avec tout le monde et ne se réchauffait que rarement (sauf dans un lit évidemment). La justification ne le satisfit pas ou disons, glissa sur lui comme de l'eau, il n'en avait rien à faire, l'hôte n'avait juste pas à prendre ses affaires ainsi. Le visage sévère, il pianotait sur le clavier, observant les réactions de Vaëm du coin de l'œil.

L'énervement qui apparut dans le comportement du jeune homme l'amusa assez pour qu'il cherche d’autres manières de le provoquer...subitement, l'idée de livrer l'ainé de Vaëm à celui-ci s'imposa en Nico qui eut un léger sourire sadique...il imaginait la rencontre...le combat qui ne manquerait pas d'en découler...les mots blessants que ces deux frères se cracheraient à la figure...et la complexité des sentiments qui en résulterait. Voir deux frères s'entretuer ou se déchirer...quel spectacle intéressant et peu coutumier. Enfin il connaissait les petites querelles, mais une vraie bataille...

Perdu dans ce rêve éveillé, l'insolence de Vaëm le ramena à terre avec l'efficacité d'une morsure empoisonnée. Ses yeux polaires dévisagèrent l'impudent, mais le yakusa ne bougea pas ni n'alla frapper ce dernier...la douleur qu'il devinait le contentait. Que Vaëm ait détourné ainsi son visage, qu'il se rappelle à cause de qui il avait tout perdu, qu'il ait du mal à contenir la rage qui devait hurler en lui...tout cela ravissait Nico. Lui qui s'ennuyait tant de la fadeur des gens, adorait les voir en proie à des émotions intenses et passionnelles. Même si il se lassait vite des expressions de douleurs humaines, à certains moment il s'en délectait.

Le mafieux n'en rajouta pas, gardant ses atouts pour plus tard. A vrai dire, si Vaëm avait été vendu contre l'annulation d'une dette, la mafia n'avait rien fait d'autres et sa famille s'endetterait à nouveau...Nico ne savait pas ce qui était le plus...drôle...la trahison inutile du frère ou l'enterrement d'une famille énervante – de son point de vue.

Nico ne fit pas attention quand l’autre quitta la pièce, songeant aux différents moyens qu’il avait pour jouer de son prisonnier, de déclencher en ce dernier des réactions amusantes. Travaillant encore un instant, son bras le brûla à force de devoir bouger aussi rapidement – même si le mouvement était minime. La blessure lui inspira une idée dont il se réjouit.

Finissant le dossier qu’il tapait, Nico mit ensuite l’ordinateur en veille. Rangeant les quelques traces compromettantes, il se dirigea ensuite vers la salle de bain. Aucun verrou sur la porte, en même temps, il vivait seul dans son loft et n’allait pas se verrouiller pour ça-surtout qu’il n’avait rien à cacher.

L’instant de solitude et d’intimité qu’il avait laissé à l’hôte avait été court, mais Nico en rigolait plus que s’en souciait. Ignorant d’abord le corps nu qu’on pouvait deviner à travers la buée, il ouvrit un tiroir et en sortit une bande neuve. Après tout, lui aussi devait en changer, c’était une excuse suffisante pour entre à ce moment précis dans la salle de bain, s’il en avait besoin d’une.

Le tatouage noir qui se reflétait dans la glace l’agaça un peu et l’attrista également. Être ainsi marqué comme un criminel – en même temps qu’était-il d’autre – était un sujet très sensible chez lui. La marque punitive des Sawada – un tourbillon- le privait à jamais de sa liberté de conscience, elle le suivrait éternellement et lui rappellerait qui il était et ce qu’il avait fait.

Nico se retint de ne pas briser le miroir à ses pensées et entreprit de rebander son bras. L’action, délicate au début, ne lui posait pas trop de problème et son regard put enfin se poser sur Vaëm. Il restait froid, presque méprisant ou dédaigneux et ne montrait aucun intérêt. Après tout, ce que voulait Nico, s’était voir la réaction de son cadet, pas se délecter du beau corps qui était à sa disposition. Qu’allait-il faire ? Se rebeller ? Faire comme si de rien n’était ? Se crisper et abréger la douche ? Mais il faudrait sortir…Le yakusa eut un sourire cruel, Vaëm devrait bien quitter la cabine et se présenter dans sa nudité.

La main de Nico alla éloigner les serviettes à disposition suivant le court de ses idées. Mal luné, il devenait réellement digne de son nom de famille et les attentions qu’il dispensait en secret n’abordaient même pas sa conscience. De toute manière, ce n’était qu’une manière de faire payer à Vaëm ses nombreuses insolences, non ? On ne provoque pas le loup qui dort…le réveil était toujours dangereux et Nico n’était pas le conseiller personnel de son père pour rien. Soumettre les gens, les torturer, les rabaisser, il savait parfaitement comment faire.

Avec un soupir et une caresse sur son visage tuméfié, le jeune homme s'était glissé dans la cabine de douche, refermant soigneusement la paroie derrière lui, et avait réglé la température de l'eau de façon à ce qu'elle lui brûle la peau, accueillant la brûlure de l'eau sur son torse avec plaisir comme un exutoire à la douleur qui lui rongeait les entrailles.
Lentement, il s'était laissé glisser contre le mur carrelé de la douche, se retrouvant assit dans un coin, les jambes remontées contre lui, la tête cachée dans ses bras, le dos fouétté par l'eau brûlante mise à pleine puissance. Il en voulait à Nico de lui avoir rappelé aussi durement sa situation, mais ça encore ça allait, c'était le rôle du Sawada que de lui pourrir la vie non ? Mais surtout, il en voulait à son frère...

Noyé sous la pluie battante de la douche, il pleura toute la rage et la colère qu'il ne pouvait hurler, laissant l'eau tout emporter et le laisser complétement vide. Ce fut seulement alors qu'il se releva et entreprit de se laver, débarassant sa peau du sel et du sable de la plage, ses muscles de leur tension, son corps d'une petite partie de sa lassitude.

- Journée de merde...

Cambrant légèrement les reins, il appuya ses mains contre le mur, tête basse, tandis que l'eau le débarassait de la mousse le couvrant encore, observant avec indifférence la tache rouge en train de s'élargir sur le bandage détrempé de sa main. Cette dernière le lui faisait plus mal, mais il pouvait encore sentir la lame qui l'avait transpercé. Sur le moment, il avait vraiment cru qu'on la lui avait arrachée...
Lentement, il la décola du mur pour la lever au niveau de ses yeux, pliant doucement les doigts et grimaçant en sentant les points de suture tirer sur sa chair.
Peut-être qu'il devrait y faire un peu plus attention, finalement...

Après avoir poussé un léger soupir, il coupa l'eau, se rendant alors seulement compte de la présence de Nico dans la salle de bain. Jusqu'à présent, la tête et les oreilles noyés sous la pluie battante du jet, il n'avait rien entendu ni vu signalant la présence du Sawada dans la même pièce que lui.
Il serra légèrement les dents.
L'enfoiré...

Faisant mine de prendre son temps pour se laver les cheveux, le jeune homme tourna ostensiblement le dos à l'homme en face du lavabo et prolongea encore un peu sa douche jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de ne pas sortir sans que ça paraisse complétement suspect.
Et comme l'autre n'avait pas l'air de vouloir bouger avant qu'il ne l'ai fait...

Serrant les dents, Vaem ouvrit la porte de la cabine et lança un regard exaspéré au jeune homme se tenant face à lui : c'était la seconde fois qu'il se retrouvait nu devant un homme aujourd'hui, et l'impression d'être évalué et testé comme un bout de viande ou un cheval à vendre commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Mettant sa pudeur habituelle de côté, autant par colère qu'à cause de la fatigue, il passa devant Nico sans lui accorder un regard, conscient que son tatouage à l'aine devait attirer celui de son vis à vis, et se dirigea vers l'endroit où il avait repéré les serviètes en arrivant.
Serviètes qui n'y étaient plus, bien sûr...
Il poussa un soupir.

- Très drôle...

Les muscles de son dos se contractèrent, se dessinant joliment sous le satin de sa peau.

- Puis-je avoir une serviète ?

Il avait dit ça en se retournant, ses yeux verts s'enfonçant dans les yeux bleus, son visage exprimant clairement son agacement et sa fatigue.
Nico ne lui faisait pas peur. Il avait eut plus qu'à son tour son nombre de coups et d'humiliations, et là, franchement, expression glaciale ou pas, tout ce qu'il ressentait, c'était une puissante exaspération mélée d'indifférence pour ce qu'il pouvait lui arriver.
Il en était presque au point de trouver séduisante l'idée de provoquer son interlocuteur jusqu'à ce qu'ils en viennent au poings.
Au moins cela l'aurait calmé...
Doucement, il crispa sa main bandée au pansement rougie et attendit sans sciller que l'autre réagisse...

Nico observa un moment le corps nu sous la douche, il ne distinguait pas très bien, mais pour l'instant, il s'en contentait. Que Vaëm ne l'ait pas entendu arriver le décevait un peu, il était l'enfant à qui on avait ôté une partie de son jeu...interdit de monter plus haut que la troisième branche d'un arbre. Aussi chercha-t-il à pimenter un peu ce qui pourrait se passer bientôt. Les serviettes qu'il avait écartée était encore trop proche à son goût et les empoignant, il les passa simplement par la fenêtre.

Le mafieux était curieux de voir la réaction de Vaëm et le voir prolonger sa douche l'impatientait légèrement. Aussi fut-il content quand l'autre se décida à sortir. Sans délicatesse - il était toujours énervé - il détailla le corps qui se présentait à lui. Le tatouage attira son regard quelques secondes avant que ce dernier ne glisse pour enregistrer le moindre détail du corps nu. Cet observation ne dura pas très longtemps. même si Nico était obligé de s'avouer que le corps était plaisant et l'attirait, même s'il adorait le sport de chambre, ce qui l'intéressait là, c'était les réactions du captif. Il fut comblé.

En le voyant se déplacer sans peur, en entendant la remarque puis la demande, en constatant la crispation qui prenait les muscles de son cadet, Nico eut un sourire froid, satisfait. Voir ce jeune homme lutter ainsi, non contre la peur mais contre l'énervement, le ravissait. Enfin non, le réveillait, il ne pouvait guère tolérer être satisfait d'être traité en égal ou pire en soumis.

Il ne répondit pas tout de suite, notant les réactions, lisant dans toutes les données que Vaëm lui fournissait. Ça n'avait été qu'une petite étape de l'expérience, il voulait continuer, voir certaines limites de l'hôte. Enfin il bougea et s'approcha du couteau qu'il avait jusqu'alors laissé dans la salle de bain. Tout en le fixant à son poignet cette fois, il répondit :

" Bien sûr. Elles sont en bas de l'immeuble, la dernière est sur ma taille..."

Il mentait avec brio et laissa passer quelques secondes. Pas assez pour laisser le temps à Vaëm de réagir. La main crispée ne montrait que trop bien son envie de se battre. Se rapprochant lentement, comme d'une proie, Nico sourit et ce sourire qui illuminait si rarement ses traits n'avait aucune chaleur, il était fait pour terrifier.

Une de ses mains poussa le torse marbré de bleus - qui n'étaient plus vraiment bleus d'ailleurs - jusqu'à ce que le dos du jeune homme touche le mur froid de la salle de bain. Que cet homme ne réagissent pas plus que ça, qu'il ne pleure pas - il n'avait rien vu en tout cas - l'intriguait énormément. Ses yeux se plantèrent dans les émeraude et livrèrent un combat de domination, saphir contre émeraude. Nico n'était pas sur de gagner, mais il voulait essayer, se tester sur ce jeune hôte. Le combat n'en était pas vraiment un, pas pour l'instant...il devenait de plus en plus doux au fur et à mesure que l'excitation retombait et que le yakusa redevait sérieux.

La fatigue avait été chassée par ce petit jeu et Nico devenait plus à même de se contrôler. Cependant une parole de travers de Vaëm et il se lâcherait. Totalement. Sans pitié. Lâchant le jeune homme, il détacha la serviette qui couvrait une mince partie de son corps et la lança à l'autre.

" Ton quota de survie avec moi vient de gagner quelques points."

Sa voix était mordante de sarcasmes, mais les mots étaient sérieux et réels. Se retournant, il prit un pantalon jeté négligemment dans un coin lors de sa propre douche et l'enfila sans caleçon. En faisant ce mouvement habituel, il se rendit compte qu'il ne s'était pas calmé. Rabaisser aussi légèrement Vaëm ne lui avait pas suffis. Nico avait besoin de quelque chose pour l'occuper, quelque chose d'intéressant et la personnalité de son prisonnier l'était réellement. Se contrôlant une nouvelle fois car Vaëm ne lui était pas encore réservé, il indiqua un tiroir.

" Pour ta main."

Vivement qu'il ait vu Kioshi et qu'il puisse user de cet hôte à loisir...se retenir n'était guère facile, mais le patron du Luxurious club était - avec son père - la seule personne à qui il obéissait ou semblait obéir.

( si tu veux une bataille ou plus de violence, demande il est fin prêt)

[Alors allons-y X3]

L'incrédulité avait un instant illuminé les yeux verts lorsqu'on lui avait apprit que les serviettes étaient dorénavant en bas de l'immeuble, et que la dernière était sur la taille de son interlocuteur. Durant une poignée de secondes, Vaem se demanda sérieusement si Nico Sawada n'était pas, au final, complétement dérangé pour avoir fait une chose pareille, puis son regard capta l'expression qui se dessinait sur le visage du jeune homme et quelque chose lui dit que non, il ne l'était pas.
Bien au contraire.
Et que c'était ça, le plus inquiétant.

Avant qu'il n'ai pu bouger, ce dernier avançait vers lui, un sourire de loup sur le visage, et l'hôte en fuite ne put réprimer un léger mouvement de recul lorsque ses yeux croisèrent ceux de Nico : son sourire psychopathe s'y reflétait.
Ahah...
Il sursauta lorsque la main entra en contact avec sa peau et eut un nouveau mouvement de recul, qui fut suivit d'une pression l'amenant bientôt jusqu'au mur glacial de la salle d'eau contre lequel son dos se retrouva plaqué, déclachant un frisson de froid le long de son corps. Ce qui avait été au début de l'incapacité à détacher son regard d'une vision inquiétante s'était progressivement mué en volonté de ne pas baisser les yeux devant quelqu'un qui s'amusait visiblement avec lui, et sa main douloureuse à force d'être crispée l'avait aidé à soutenir sans faillir la pression des saphirs, à ne pas baisser la tête, et surtout, à lutter pied pour pied pour savoir qui dominerait l'autre.

Le temps s'était écoulé sans que Vaem en ai conscience, dans le silence le plus total, chacun cherchant à savoir comment faire flancher l'autre, comment le forcer à détourner les yeux ou comment rompre le combat sans avoir l'air de perdre. La tension nouait de nouveau les muscles du jeune homme, et le jeux prenait pour lui des dimensions d'impératif de survie.
Et brusquement, les yeux bleus ne furent plus là.

L'hôte resta quelques instant hébété avant de comprendre que Nico avait volontairement détourné les yeux pour s'occuper d'autre chose et que le machin blanc qu'on lui tendait n'était autre qu'une serviette.
Serviette qui juste avant couvrait une partie intéressante du corps du Sawada.
Le jeune homme secoua la tête, s'emparant du linge.

- Merci...

Le remerciement englobait aussi bien le don de serviette que la remarque qu'il ne pouvait concidérer que comme un compliment de la plus grande valeur de la part de son compagnon.
Réprimant son agacement, il se séchat sommairement en tâchant d'ignorer les déplacements de l'autre dans la pièce. Il n'aimait guère les corps d'homme, mais il devait avouer que Nico était loin d'être moche. Selon les critères féminins, il était même probablement un beau gosse, et l'idée d'un héritier Sawada coursé par une cinquantaine de jeunes filles lui arracha un sourire.
Son regard tomba sur le tiroir désigné pour sa main.

Avec un bref hochement de tête, il signifia qu'il avait parfaitement saisit le message et, après avoir défait et jeté la bande rougie, inspecté rapidement les sutures et désinfectées ces dernières sous le regard oppressant de son hôte, refit soigneusement son pansement tout en calculant le nombre de chances qu'il avait de mettre à exécution le plan stupide qui massérait depuis un moment dans sa tête.
Depuis qu'il avait vu le couteau sur le rebord de l'évier pour être exact.

Bien...
Trois... quatre.
Sans que le moindre trésaillement ou mouvement d'inspiration ai pu le trahir, Vaem pivota brusquement sur lui-même, son coude allant s'enfoncer dans les côtes de Nico tandis de que son épaule partait faire pression au niveau des clavicules du mafieux, le propulsant sciament en direction du prote-serviette qui dû entrer cruellement dans le bas des reins du jeune homme. Dans le même mouvement, la main de l'hôte s'empara du manche du couteau dépassant de sa gaine et tira un coup sec pour l'en déloger avec la très ferme intention de le remplanter ensuite entre les côtes de son propriétaire...

Voir les yeux ne pas se baisser mais rester en signe de fanfaronnade, de lutte avait fait en quelque sorte plaisir à Nico en le distrayant. Il aimait les choses inhabituelles et les coursait. Aussi avait-il laissé ce combat pour plus tard et détourné les yeux. L'hébétude de Vaëm l'enchanta, mais il ne le montra pas, peinant déjà à se retenir. Ses efforts contenaient difficilement sa convoitise envers ce nouveau divertissement

Passant par dessus le remerciement et l'agacement qui alourdissait la voix de son captif, Nico se tourna un peu. Pas pour laisser de l'intimité au jeune homme, mais pour éviter une tentation supplémentaire. Malheureusement le fait de ne pas voir ne faisait pas disparaître Vaëm. Entendant le tiroir être ouvert, il dirigea à nouveau son regard vers l'hôte, oubliant un instant le couteau qu'il avait voulu saisir quelques instants plus tard,
Grave erreur.

Comment se faisait-il qu'il s'était laissé aller à ce point. Sa méfiance semblait avoir fondu comme neige au soleil, aussi fut-il réellement surpris en sentant le coude heurter ses côtes, lui coupant le souffle. D'un côté il en fut plutôt heureux car incapable de respirer, il ne put pousser un cri de douleur en sentant le porte-serviette s'enfoncer dans son dos. La douleur monta vite le long des nerfs et envahit son cerveau, l'empêchant de penser à quoique ce soit d'autres.

Ce ne fut que la vision du métal brillant qui parvint à s'infiltrer dans l'esprit brumeux de Nico et déclencher l'alerte. Il était en danger. Sa vision se clarifia rapidement et il put voir le couteau, son couteau, dans la main de l'autre. Réagissant sous le coup de l'adrénaline, sans réfléchir tout d'abord, sa main empoigna une bouteille d'alcool dans le tiroir ouvert et il la lança à son agresseur.

Nico ne s'arrêta pas là, ses yeux étaient toujours fixés sur la lame qui pourrait d'un instant à l'autre lui ôter la vie. S'appuyant sur le lavabo, empoignant la porte de la douche, il se souleva et propulsa son pied contre le poignet de Vaëm, faisant éjecter le couteau.
Le yakusa avait presque put entendre le bruit de déchirure des coutures de son bras. Lentement, il regarda sa blessure. Un filet de sang en coulait, vite rejoint par une quantité plus importante d'hémoglobine.

Lorsqu'il ramena son regard sur l'hôte, ses yeux ordinairement froids exprimaient de la rage à l'état pur. Son bras n'était que douleur, totalement engourdi, mais ce n'était pas la vraie raison de son ire. Il était en colère de s'être laissé ainsi surprendre, d'avoir baissé sa garde, d'avoir été attaqué par un simple garçon des rues. Attentif cette fois au moindre mouvement de Vaëm, il se tenait droit comme une statue, le sang traçant des rigoles sur son membre blessé.

" Tu n'es qu'un gamin égoïste et irréfléchi."

Alors que jusque-là, sa voix avait toujours été assez neutre voire respectueuse, cette fois, elle n'exprimait qu'un mépris sans fin. Le mafieux s'avança tout en parlant. Menaçant.

" Ce n'est pas toi qui pâtis de tes actions stupides et insubordonnées, ou si peu. Mais ta famille, tes anciens amis, voir même des personnes que tu as croisées une fois dans ta vie. A chacune de tes rebellions c'est une de ces personnes choisie au hasard qui souffre. Ta mère va être ravie de se réveiller demain, je peux t'en assurer."

Brusquement son bras valide se détendit et s'enfonça à la place du foie du jeune homme. Si ce dernier voulait un combat, il allait l'avoir. Mais sans le couteau qui avait atterri il ne savait où. Nico n'avait plus à se retenir, après tout il n'avait qu'à dire à Kioshi que Vaëm avait résisté. Légitime défense. Il n'aurait jamais cru que ce terme s'appliquerait à lui une fois.

Son mouvement était fluide, parfaitement minuté, il aurait dû réussir... oui mais c'était sans compter l'instinct de survit de Nico qui avait poussé ce dernier à lui balancer un flacon d'alcool qui traînait sur le rebord de l'évier. Par reflexe, il avait levé son bras pour dévier le projectile, ce dernier allant heurter avec violence le manche du couteau qui le fit exploser sous le choc, des bris de verre se plantant dans son avant bras.
Avec un léger cri de surprise, le jeune homme avait fermé les yeux pour éviter de les retrouver noyés d'alcool, serrant violement les dents en sentant le liquide s'écouler sur ses plaies neuves, lui donnant l'impression qu'on lui enfonçait des braises dans les écorchures. Ce simple mouvement suffit à lui faire perdre l'initiative. Quelques secondes plus tard, l'os d'une cheville lui frappaot méchamment le poignet et faisait voler la lame quelque part dans le salle de bain, le laissant désarmé face à un Sawada en fureur.

La première phrase du mafieux lui fit redresser la tête, le visage fermé et les yeux brûlant de défi, ulcéré par son ton et son comportement. Lentement, il fit un pas en arrière, puis un autre, tandis que Nico avançait, se retrouvant bientôt collé à l'un des meubles de la salle de bain, montrant les dents, le corps tendu, pour essayer de tenir l'autre à l'écart.
Le reste du petit laïus lui tirra un feulement de rage et ses poings se crispèrent, traduisant de nouveau sa colère.

- Touche à un seul de leur cheveux Sawada, et tu te fera un enemi qui n'a plus rien à perdre...

Le poing du mafieux s'enfonça alors dans son foie, lui arrachant un hoquet de douleur et le faisant se plier en deux, sa main non blessée se refermant sur l'épaule musclée de l'homme dans un geste instinctif pour se retenir, mais aussi pour l'empêcher de s'écarter, ses cheveux valsant devant son visage dissimulant le sourire qui étirait ses lèvres.
Il devait gagner du temps...
Même s'il se rétractait maintenant, même s'il demandait pardon à genoux, promettant de faire tout ce que voulait le mafieux, rien ne garantissait qu'il ne ferait pas de mal aux siens... ce genre d'hommes aimait assoir son pouvoir sur les autres, surtout quand ce dernier avait été bafoué par un être d'une classe inférieure, par une sous merde venant des rues. Il les abattrait pour l'exemple...

Seulement voilà.
Ils étaient loin. Très loin. A l'heure qu'il était, ils devaient déjà être à l'autre bout du pays, mieux encore, être hors du pays. Hors de porté. Son père avait du fric caché rien que pour ça, pour ce genre de situations d'urgence, et rien ne permettrait de les retrouver.
Jamais.
Mais pour le moment le Sawada était persuadé du contraire. Pour le moment il pouvait les occuper assez longtemps pour leur donner un délais suplémentaire...
Et quoi de mieux que la poursuite du meurtrier de l'héritier pour les occuper un moment.

Le jeune homme toussa, ses doigts s'enfonçant dans l'épaule de Nico, et un rire lui échappa.

- On est pareil...

Son poing blessé s'enfonça plusieurs fois dans les côtes du mafieux avec violence tandis qu'il faisait basculer son poids contre le corps musclé du mafieux pour le faire reculer tout en essayant de le frapper à l'entre-jambe. Il ne voulait absolument pas rester acculé de la sorte. C'était mauvais, il lui fallait de l'espace pour pouvoir bouger. Avec un grognement de rage, il le repoussa encore plus loin, se jetant à sa gorge comme une bête fauve, lui balançant son poing en pleine figure.
Non seulement il allait vendre chèrement sa peau, mais en plus il ferait en sorte que celle de Nico ne vâlle plus grand chose après qu'il se soit battut contre lui.

Nico voyait l’autre reculer, mais ne s’en délectait même pas. De la rage, de la souffrance, il voyait presque son double en face de lui. Ils étaient deux jeunes hommes d’approximativement du même âge à se battre pour une vie. La leur ou celle d’un autre. Et tout ça pourquoi ? Si Nico n’avait pas été l’héritier Sawada et Vaëm une victime - car s’en était une - ils seraient sûrement devenus amis. Dans d’autres circonstances…

Seulement voilà. Ce n’était pas un ami que le yakusa avait en face de lui, mais un homme blessé protégeant le peu qui lui restait. La déclaration aurait pu le faire sourire par son inutilité. Des ennemis qui n’avaient plus rien à perdre ? Mais il en avait déjà…et pas qu’un peu. Alors un de plus, il s’en foutait royalement.

L’épaule maintenue, Nico ne bougea pas tout de suite, son corps tremblait autant de colère que celui de Vaëm, mais lui n’avait pas envie de blesser plus ni d’asseoir son autorité encore et encore. C’était fatiguant à la langue. Le murmure de l’hôte lui fit pencher un peu la tête pour écouter et il ne comprit pas vraiment. Pourquoi est-ce que Vaëm continuait de se battre ? Pourquoi n’arrêtait-il pas ? Ne comprenait-il donc pas qu’il mettait sa famille en danger.

Le rire, Nico ne le comprit pas plus. La douleur que lui renvoyait son bras l’empêchait de réfléchir de manière cohérente, il nageait dans une sorte de brouillard. Pas assez de sommeil, trop de sang perdu…son corps était en rade comme une machine mal huilée. Les coups de poings, le poids de Vaëm firent tomber le yakusa sur le sol violemment.

Son corps fut accueillit par les débris de verre qui parsemaient le sol et qui entrèrent dans son dos. Cela le réveilla, même s’il était arrivé à un point où ses nerfs n’arrivaient plus à traduire la douleur et étaient totalement inhibés. Voyant le poing qui arrivait droit vers son visage, il l’attrapa brusquement, arrêtant sa course et le tordit violemment. Il n’allait pas se laisser abattre comme ça.

Il ne pouvait décemment pas se faire tuer. Pas avec ses frères qu’il devait protéger. Pas avec la mafia qu’il devrait diriger. Cette fois, ce ne fut pas l’adrénaline qui aida, mais tout ce qu’il rêvait d’accomplir et tout ce qu’il ne voulait pas abandonner. Sa fierté aussi. Il était l’héritier Sawada bordel ! Il ne pouvait pas être battu par un moins que rien, un parvenu !

« Ça suffit maintenant. »

Sa voix était forte et rageuse. Tordant de plus belle le poignet qui était à sa disposition, il inversa leur position, se trouvant sur le jeune homme. Ce ne fut pas fait sans difficulté, mais tant qu’il serrait Vaëm tout contre lui, ce dernier, par manque d’espace, ne pourrait rien faire. Bougeant son bras sans trop savoir comment, il ôta la serviette qui protégeait le corps de l’hôte en le positionnant à plat ventre.

« Ca suffit. »

Cruel, il accentua la clef de poignet qui était devenu une clef de bras. Il haletait, presque à bout de forces. Son pied alla chercher la main blessée de l’autre et appuya sans pitié dessus. Nico voulait qu’il s’évanouisse, pour qu’il puisse appeler un médecin, pour qu’il puisse le ligoter.

" Merde, même si tu me tues, tu ne pourras pas sortir d'ici. Alors calme-toi. Sinon tes parents apprendrons vraiment ta mort."

C'était ça sa menace. Nico n'aimait pas blesser pour rien contrairement à beaucoup de mafieux. Il aurait tout simplement envoyé une vidéo montrant Vaëm entrain d'être torturé ou quelque chose dans ce goût là. tuer des innocents ne l'intéressait pas. C'était se rabaisser à un niveau qu'il méprisait.

( je savais pas comment écrire ça, si quelque chose joue pas dis moi ^^)

Il avait suivit le Sawada dans sa chute, surprit de ne soudain plus avoir aucun appuit pour le retenir, attérissant lui aussi dans les bris de verre dont certains se fichèrent dans ses jambes, lui tirant un gémissement de douleur qui se noya dans un cri de surprise lorsque son poing fut arrêté non loin du visage de son adversaire et violemment tordu dans un angle impossible à suivre pour l'anatomie humaine.
Son corps avait vrillé, ses épaules se vrillant pour essayer de soullager la douleur tandis que la voix de Nico explosait dans ses oreilles.

Ca suffit...
Non. Non ça ne suffisait pas ! C'était loin de suffire !
Ca ne suffirait qu'une fois que les yeux bleus brillants seraient ternes et fixant le vide, qu'une fois qu'il leur aurait fait gagner encore un peu de temps...

Sa main blessée fusa vers le visage du mafieux, mais la torsion sur son poignet s'accentua, et son corps ploya un peu plus sur le côté, permettant à Nico d'inverser leurs situations. Mais même allongé sous lui, le jeune homme continuait de se débattre, ruant, donnant des coups de genoux, tentant de mordre cette main qui lui sciait le poignet, se battant lui aussi pour les seules choses qu'il avait : sa famille et l'illusion d'une vie libre, loin de toutes ces emmerdes et des inégalités qui faisait son existence un enfer. Après tout... sa seule différence avec l'homme contre qui il se battait était l'argent. L'argent et le pouvoir.
Sentant des larmes de rage menacer de submerger ses yeux, Vaem poussa un nouveau hurlement de rage, faisant une dernière tentative pour se débarasser du poids sur ses reins, pour arracher la peau de cette main qui l'immobilisait...
Mais tout cela fut vain. S'il laissa une belle marque de dents sur la main, il se retrouva tout de même plaqué sur le sol, le bras méchament tordu dans le dos, le visage posés non loin d'un énorme bris de verre enduit d'alcool et de sang.

Dans un dernier sursaut de résistance, il essaya de se redresser, de se débarasser de ce poids, de ce contact qui irritait sa peau nue, se servant de sa main blessée comme appuit, et aurait peut-être pû réussir si un pied ne s'était pas abattut sur elle.
Une douleur fulgurante remonta le long de son bras, lui arrachant un cri avant de lui couper le souffle, faisant exploser un millier d'étoiles devant ses yeux et bourdonner ses oreilles tandis qu'il s'abattait lourdement sur le carrelage, ne bougeant plus, respirant à peine... les mots du mafieux parvenaient difficillement à son cerveau, et il devait avouer ne pas comprendre.

Son corps remua faiblement, très faiblement, tandis que le pansement sur sa main s'imbibait de rouge et d'alcool, venant rapidement ajouter son mélange de couleur au panel rubis souillant déjà le sol.
Il n'en pouvait plus...
Lentement, il redressa un tout petit peu la tête, ses yeux verts s'accrochant aux yeux bleus dans un dernier regard de résistance avant qu'ils ne s'assombrissent du voile de l'inconscience.

Les hurlements de rage raisonnaient encore aux oreilles de Nico, les rendant douloureuse si bien qu’avec la morsure sur sa min, plus une parcelle de son corps ne lui semblait avoir été épargnée. La résistance de Vaëm avait été exemplaire et il aurait réellement pût gagner. Qu’il se débatte encore avait impressionné en quelque sorte Nico, mais d’un autre côté lui avait donné une raison supplémentaire pour être sans pitié.

Aussi avait-il écrasé la main déjà blessée, n’ayant aucun remord à voir le jeune homme sous lui crier de douleur et faiblir. Il n’avait pas envie d’être vaincu et ne laisserait plus rien au hasard. Le pansement de Vaëm n’était pas le seul à rougir et en jetant un regard sur le lieu de bataille, il écarquilla les yeux. Il y avait du sang et de l’alcool à peu près partout. Un véritable carnage…

Les émeraudes qui essayèrent de s’imposer une dernière fois le soulagèrent lorsqu’il vit l’inconscience les troubler. Par mesure de précaution, il appuya violemment une dernière fois sur la blessure puis se releva, constatant que l’hôte était devenu inoffensif.

Le mouvement le fit gémir de douleur alors que les éclats de verre s’incrustaient un peu plus dans son dos. Il se rappellerait de cette nuit. Retrouvant le couteau responsable de ce massacre, il déchira la serviette et noua sommairement les poignets de Vaëm avant de vaciller jusqu’à son téléphone. Bordel, ça faisait mal !

Le médecin du clan arriva vite avec quelques hommes de main. Il était temps, Nico s’était allongé sur son canapé en attendant, étant lui aussi proche de l’évanouissement. En voyant les hommes transporter Vaëm, il ordonna :

« Ne le sortez pas de cette appartement et soignez le. Mettez-lui des menottes. »

On lui obéit sans discuter.
Enlever les éclats de verre de son dos fut une opération douloureuse, tout comme recoudre son bras. Vaëm ne l’avait pas épargné et déjà de beaux hématomes s’étalaient sur son torse. Soigné, il reçut avec soulagement une boisson énergisante et la but avant d’aller constater l’état de son prisonnier.

Ce dernier avait été couché dans un lit, sa main déjà réparée. Chacun de ses poignets étaient fixés aux montants du lit par des menottes et Nico soupira. Évanoui, on n'aurait jamais pût croire ses intentions de meurtre quelques minutes plutôt.Il regrettait presque d’en être venu là…Vaëm était exposé dans une nudité totale, mais le yakusa se souciait peu de la pudeur du jeune homme. Le jour se levait et pour lui une nouvelle journée de travail commençait.

Quittant la chambre, il s’assit ou plutôt s’effondra dans son fauteuil, grimaçant en sentant son dos bandé le tirer. Mais il ne pouvait demander tant à son corps, dès le premier dossier ouvert, il s’effondra dessus, incapable de résister au repos qu’exigeait son état.

La dernière pression sur sa main habimée avait été à peine ressentie au travers du brouillard qui engluait petit à petit son cerveau, le faisant plonger dans une inconscience douillette permettant le relâchement total de son corps exténué. Tout ce qui se passa par la suite se fit sans son concours, les hommes de mains le ramassant sur le sol et le transbahutant dans l'appartement avant de le laisser entre les mains experte du médecin.
Sa main fut soignée, ses coupures aussi, on retira les éclats de verre de sa peau, puis on l'attacha au lit et on l'abandonna à son sort.

Sort pour le moins enviable pour ce qui fut des cinq heures suivantes : Vaem dormit. Comme une souche. Laissant son corps et son esprit récupérer des différents traumatismes des quarante-huit dernières heures, ses blessures cicatriser un peu et ses muscles se détendre.
Là où son cas devint beaucoup moins agréable, ce fut au moment de l'éveil...

Le soleil entrait à flot dans la chambre, jouant doucement sur le corps nu étendu sur le lit, soulignant les formes des muscles, la douceur de la peau et les courbes de son visage en train de frémir.
Il avait froid...
Vraiment froid...

- Mmmmh...

Le jeune homme poussa un soupir, remua un peu, tourna la tête, entrouvrit les yeux, se retrouva agressé par la lumière et les referma, soupirant de nouveau. La douleur dans sa main n'était plus qu'une pulsion sourde, vague, au bout d'un membre qu'il sentait à peine, tout comme le reste de son corps.
Un nouveau gémissement franchit la barrière de ses lèvres.
Doucement, il bougea les jambes, puis les ramena contre lui en essayant de s'allonger sur le côté, tentant de bouger l'une de ses mains pour tirer la couverture sur lui.
Mais sa main refusait de bouger. Quelque chose la retenait...

L'hôte eu un grognement contrarié, tirant un peu plus fort sur son bras pour dégager sa main, se demandant vaguement pourquoi il s'était endormit à poils sur son lit, mais ses efforts furent vaint : impossible de libérer sa main du fer qui l'entourrait.
Du fer ?...

Le jeune homme se redressa brusquement, les yeux grands ouverts, ramenant ses jambes contre son corps par reflexe pour cacher son intimité, son regard voltant partout au travers de la pièce comme l'aurait fait celui d'un animal en cage.
Il était attaché.
Ses deux poignets étaient enserrés par des menottes, elle-mêmes attachées aux montants du lit, l'empêchant de se redresser complétement, mais surtout de bouger.

Un long frisson de froid et de peur lui parcourut l'échine, ravivant les douleurs multiples endormies au creux de sa peau.
Il était toujours chez les Sawada...
Il était vivant, en un seul morceau, et toujours prisonnier...
Pire encore : la matinée était bien avancée, que s'était-il passé pendant qu'il était inconscient ?!
Une profonde terreur pour sa famille lui noua les entrailles et il commença à tirer sur ses liens, cherchant comment s'en défaire pour pouvoir se libérer, la peur lui faisant oublier qu'il était en train de s'écorcher la peau.

Nico eut un sommeil au moins aussi lourd que celui de son voisin, mais dans une position un tantinet moins confortable. Au fil que les heures passaient, ses mouvements mirent la pagaille dans le dossier ouvert, froissant les feuillets qu’il avait essayé de lire avant de s’endormirent. Ce ne fut pas le soleil qui le réveilla, mais une sonnerie provenant de la porte d’entrée. Il grogna, refusant de quitter le monde réparateur des rêves.

La personne persista et le yakusa fut bien obligé de rejoindre le monde réel. Sa tête tapait un peu et sa position avait engendré plusieurs courbatures qui le firent grimacer alors qu’il se redressait. Ses yeux bleus endormis s’ouvrirent péniblement et essayèrent de se repérer. Les souvenirs lui revinrent en un flot concentré et il se leva, se rasseyant aussitôt en voyant les objets tourner.

Jurant en regardant l’heure, il se remit sur ses jambes, plus doucement cette fois-ci et alla ouvrir à la personne qui l’avait dérangé, mais qui en même temps, avait sauvé sa journée. Il avait l’impression d’avoir un tambour battant dans la tête et son bras le tiraillait encore un peu, tout comme son dos. Un peu de mauvaise humeur – il n’était pas du matin – il ouvrit enfin la porte, attendant qu’on lui justifie cette présence.

« Je viens remplir votre cuisine…C’est votre médecin… »

Nico haussa un sourcil, l’homme se moquait-il de lui ? Apparemment non au vu de ce qu’il portait. Le yakusa soupira…le manque de nourriture mangeable avait dû choquer le médecin du clan. Laissant l’autre entrer, il le suivit jusqu’à la cuisine puis le chassa vite, préférant ranger les aliments lui-même.

Sachant d’avance qu’il n’allait pas avoir le temps de se renseigner sur l’objet de son dîner avec un mafieux, il se dépêcha néanmoins de tout disposer correctement puis prépara un petit déjeuner sommaire sur un plateau. Avant d’aller nourrir son prisonnier, il rafraichit son visage au lavabo de la cuisine, laissant l’eau dégouliner sur ses traits et lui donner une figure plus convenable.

Prêt cette fois-ci, il ne se soucia pas de couvrir le haut de son corps. De toute manière les bandes voilaient une majorité de sa peau. Le plateau sur une main, il ouvrit sans douceur la porte, se fichant bien du sommeil de l’hôte. Mais apparemment ce dernier était réveillé. Nico faillit faire une moue, ça aurait été tellement drôle de le voir sursauter !

Passons. Ses yeux se fixèrent sur Vaëm sans exprimer autre chose qu’un concentré de froideur et une pointe de cruauté. Il n’avait pas apprécié l’agression. L’observant se taillader la peau, il remarqua d’une voix mordante de sarcasme :

« Tes blessures ne te suffisent pas ? Je peux arranger ça tu sais… »

La terreur qu’exprimait le jeune hôte l’aurait presque ravi s’il avait été d’humeur à jouer. Seulement voilà, il n’en avait ni le temps, ni l’envie. A cause de Vaëm, il allait devoir négocier avec un mafieux sur lequel il n’avait pas eu le temps de se renseigner et dont il ne savait rien.

Nico se doutait de la raison de cette peur. Il commençait à comprendre le caractère du jeune homme. Apparemment, si ce dernier semblait ne pas trop avoir peur pour lui-même, sa famille était un sujet sensible. L’héritier Sawada hésita. Il avait le choix, rassurer Vaëm ou le laisser dans le doute pour conserver une certaine autorité. Finalement il décida de voir tout ça plus tard, à moins que l’autre ne le lui demande. Pour l’instant, il avait faim.
Très faim…
Ses yeux fixaient l’hôte et ce qu’ils voyaient tentait énormément Nico, mais il se contint et effaça le désir qui avait commencé à s’installer sur ses traits. Pas de temps pour batailler des faveurs qu’il n’obtiendrait jamais que par la force. Posant le plateau sur une table de nuit, il tira les draps sur le corps recroquevillé.

« On mange et ensuite je te ramène au club. »

Il plongea ses orbes bleus dans ceux de Vaëm. Si ce dernier ne se calmait pas, il ne mangerait pas, c’était aussi simple que ça. Nico refusait de le détacher à moins d’être sûr que cette fois, il se tiendrait tranquille.

Il s'acharnait depuis un petit moment déjà sur les attaches enserrant ses poignets lorsque la sonnerie de l'entrée avait retentie, le figeant un instant. Tendu, il avait tenté de percevoir les bruits provenant des pièces de l'autre côté de la porte, mais rien ne lui était parvenu à part un silence pensant qui avait ajouté un frisson d'angoisse à ceux de froid parcourant déjà son corps.
Le silence s'éternisant, il s'était de nouveau intéressé au problème des menottes, changeant de position pour soullager ses bras croisés qui lui tiraient sur les épaules, oubliant le temps jusqu'à ce que la porte s'ouvre avec violence.

Un trésaillement avait légèrement agité sa peau et il avait vivement tourné la tête pour voir ce qu'il en était, ses yeux rencontrant d'abord un plateau chargé de nouriture qui fit gronder son ventre avant de rencontrer le regard glacial du Sawada.
Son corps se figea au moment même où Nico lançait sa pique sarcastique. Qu'est ce qu'il voulait ?...

Pour la première fois depuis leur rencontre, le jeune homme baissa la tête et les yeux, trop las et découragé pour tenter une réponse ironique, le corps trop douloureux pour tenter le diable qui semblait parfaitement sincère en déclarant que si ses blessures actuelles ne lui suffisaient pas, il se ferait une joie d'arranger le "problème". Le sang coulait doucement de l'un de ses poignets, tâchant un peu le drap de lit sans qu'il y prenne garde, son attention entièrement tournée vers la question qui l'obsédait : que c'était-il passé pendant son sommeil ?... S'étaient-ils rendu compte du départ des siens ? Les avaient-ils retrouvés ? Touchés ? Punis ?
Son corps se contracta à cette idée.
Elle lui était insuportable...

Déterminé à savoir, il avait finalement redressé la tête, son agressivité étant tuée net par l'expression qui se dessinait sur le trait de son vis à vis.
L'espace d'un instant, il avait oublié qu'il était nu, et l'espace de quelques heures, il avait complétement zappé le pacte passé avec Nico : une sorte de vague semi-libertée en échange de l'exclusivité de ses faveurs.
Sauf que Nico, lui, ne semblait pas avoir oublié.

Tentant vainement d'appaiser les battements désordonnés de son coeur, Vaem vit le Sawada s'approcher dangereusement, et il eut un léger mouvement de recule vite stoppé par le bois de lit derrière lui. Les dents serrées, il suivit l'approche des mains, se tenant près à lui balancer son pied dans la figure à la moindre occasion, et se retrouva complétement pris au dépourvut lorsque le seul geste qu'il y eut enveres lui fut de remonter les draps pour le couvrir jusqu'à la taille.
Un instant, il jeta un coup d'oeil incertain au mafieux, faiblit devant l'intensité des orbes bleues, puis détourna les yeux vers le plateau.
Son ventre gronda de nouveau.

- D'accord...

Il attendit patiemment sur Nico le détâche, portant à ses lèvres le poignet meurtit pour en laper le sang et l'empêcher de couleur en un geste de petit animal blessé plutôt mignon - ou marrant venant de lui, ça dépendait des points de vues - puis se mis à manger en silence, se retenant de dévorer la nourriture que son corps lui réclamait depuis bien vingt-quatre heures.
Il gardait les yeux baissés.

- ... Qu'est ce que tu vas dire à Kioshi Omura ?...

Sa voix était basse, un peu tendue, comme s'il appréhendait la réponse mais la demandait tout de même histoire de mieux pouvoir se préparer à ce qui allait suivre.
Lentement, ses yeux verts se relevèrent brièvement pour sonder les yeux bleus...

Vaëm ressemblait à un animal effrayé. Tout du moins, c’est ce qu’il laissait paraître. Pas une parole sarcastique n’était sortie de sa jolie bouche et même, il avait baissé la tête. Avait-il donc rendu les armes ? Acceptait-il sa condition ? Ce serait moins drôle pour Nico, mais plus reposant…

Voyant une tâche rouge qui s’étalait sur le drap, le jeune yakusa soupira, incapable de dissimuler sa fatigue. Un nouveau comportement de Vaëm vint le distraire. Suffisamment pour repousser la fatigue qui le prenait après la vague de désir. Le voir ainsi se recroqueviller, être prêt à frapper si on le touchait fit sourire Nico presque sincèrement.

Sourire qui s’agrandit en le voyant une nouvelle fois perdu. Le mafieux adorait cette expression sur le visage de l’hôte et se promit de chercher tous les moyens pour la provoquer. Enfin, pour cela il fallait que son captif ne meure pas de faim. Puisqu’il semblait d’accord de se comporter, disons civilement, Nico détacha les poignets meurtris.

Croquant dans une pomme sans plus le regarder d’abord, il dut dissimuler son sourire en le voyant lécher le sang de son poignet. Vaëm était un appel au viol là…et aussi un véritable vaudeville. Sans blague, une minute il était un homme aux pulions meurtrières, ensuite un parfait soumis quelque peu récalcitrant et maintenant un mignon petit être…il y avait de quoi perdre son latin…et Nico appréciait. Ca le distrayait.

« J’en sais rien pour tout te dire. Tu ne m’as pas vraiment laissé le temps de réfléchir. Mais je doute le voir aujourd’hui…ou alors ce soir. Il faut que je puisse dormir si je veux le convaincre. Il est aussi redoutable que mon père… »

Voir les yeux verts se relever lui avait fait plaisir et fondre un peu la glace de son propre regard. Mangeant encore un peu, il attrapa soudainement le poignet blessé de Vaëm avec une certaine délicatesse, répugnant à lui faire mal. En l’inspectant, il vit que ce n’était pas grand-chose et déchira un bout de drap pour voiler la plaie. Finalement, si l’hôte se comportait aussi raisonnablement, Nico allait peut-être le rassurer sur sa famille.

Le silence de l’appartement fut brisé par la sonnerie du téléphone et Nico répondit en s’éloignant de l’hôte. Son visage s’assombrit un peu puis il haussa les épaules. C’était peut-être mieux ainsi. Se tournant vers Vaëm, il consentit enfin à l’informer.

« Ta famille est en sécurité au bord de la frontière voisine. De toute manière, je ne pense pas leur faire subir quoique ce soit. Tes parents ne méritent pas de souffrir de tes bêtises…sinon mentalement. »

Un sourire sarcastique s’étala sur ses lèvres. La famille de Vaëm était hors de portée pour une action physique…mais les médias portaient les informations loin..la poste aussi…

Il devait bien s'avouer que le regard de Nico l'avait surprit : ce n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait dans les circonstances présentes. Fronçant un peu les sourcils, prenant brièvement l'air renfrogné, il avait abandonné sa frustration (et sa vexation) de ne pas comprendre le pourquoi de ce sourire pour lècher doucement son poignet meurtrit, sa salive produisant petit à petit l'effet escompté, soit arrêter le sang et appaiser un peu la douleur de la coupure.

Inconscient de l'effet que provoquait son lunatisme chez son gardien, il s'était tenu à peu près tranquille pour qu'on lui détâche les mains et qu'il puisse manger, engloutissant avec appétit un petit déjeuné qui s'était fait longuement attendre.
Tandis qu'il machonnait soigneusement une bouchée, par habitude de se couper la faim, Nico entreprit enfin de répondre à sa question, l'en laissant légèrement frustré.

Il ne savait pas... il ne savait pas et avait visiblement moins de pouvoir que ce que Vaem avait pensé : il craignait Kioshi Omura comme le commun des mortels (et probablement ses fils aussi, si on y pensait avec un peu de recul) craignait le Seigneur Sawada. La partie allait être difficile, loin d'être gagnée, et le jeune homme s'absorba un long moment dans une reflexion sur le paradoxe que donnait cette situation : il appartenait, comme appartient un objet, à la mafia suite à la vente de son frère, et cette même mafia l'avait confier à Omura pour en faire un prostitué parce qu'ils n'en avaient pas d'autre utilité. Donc techniquement, il n'était là qu'en dépôt mais... et bien, pour que l'un des fils du patron - l'héritier, et apparement celui qui avait traité son dossier, puisqu'il avait su où trouver la cicatrice de la balle (il porta brièvement sa main à cet endroit là)- puisse se le réserver, il avait besoin d'une panoplie d'argument pour le convaincre...
Ca prêtait presque à rire.
Après tout, Kioshi savait pertinement que Vaem était un mauvais hôte, ou du moins qu'il ne vallait pas grand chose pour le moment, alors en quoi cela le génerait-il de le confier au Sawada ? Mieux encore, pourquoi refuserait-il de se débarasser d'un poids qui avait osé lui désobéir et qui recommencerai certainement ?!

Un minuscule sourire étira les lèvres du garçon.
Peut-être que ça ne se passerai pas si mal que ça et puis.... et puis le plus dur à supporter serait qu'une fois rentré, sans la "protection" de Nico, il allait certainement se faire corriger, et pas de la manière la plus douce.
Un soupir soulleva légèrement sa poitrine.
Encore fallait-il que Nico tienne sa promesse aussi...

Il en était là de ses reflexions lorsque une main s'empara de son poignet, le faisant sursauter de surprise. Son premier geste fut de retirer brutallement son bras, mais la poigne qui le tenait était douce, ferme d'accord, mais douce... et les yeux bleus étaient posés sur la blessure causée par les menottes.
Le jeune homme ne dit pas un mot, attendant de voir ce qui allait se passer, et eut simplement un sourire en voyant le mafieux déchirer le drap pour bander sommairement les écorchures.
Doucement, il ramena son membre contre lui, observant presque sereinement son vis à vis, cherchant encore à percer le mystère de ses alternances entre violence impitoyable et gentillesse.

- .... Merci...

La sonnerie du téléphone couvrit à moitié son remerciement, le laissant dans l'incertitude de savoir s'il avait été entendu ou non, et il finit patiemment son assiète tandis que Nico s'élloignait pour répondre. Lorsqu'il revient, son expression ne lui disait rien de bon, mais ses paroles contrèrent cette impression avec une efficassité foudroyante : le visage de Vaem semblait se détendre brûtallement tandis que son corps se laissait aller en arrière contre le bois de lit, comme si la tension qui le soutenait jusqu'à présent venait de s'envoler brusquement, le laissant épuisé, mais les yeux humides de soullagement.
Même le commentaire piquant à la fin du discours du mafieu ne parvint pas à aténuer son bonheur...
Ils s'en étaient sortis...

Les yeux verts se posèrent doucement sur le visage de Nico, le sondant un moment, pesant le vrai et le faux dans sa déclaration comme quoi il ne leur ferait rien, puis un sourire timide éclaira progressivement son visage lorsqu'il comprit qu'il ne mentait pas.

- Merci...

Deux fois en l'espace de 5 minutes, un miracle !

Vaem se redressa lentement, débarassant le plateau et forçant son corps endoloris à se lever, oubliant complétement sa nudité l'espace de quelques secondes.
Incertain sur ses jambes, il vacilla, se rattrapa au lit, et finit par lever de nouveau les yeux vers Nico, une expression mi-ironique, mi-amusée, sur le visage.

- Si on retourne au club... je peux avoir des vêtements ?

Le premier remerciement ne parvint pas aux oreilles du Sawada, il avait bien entendu un début de phrase, mais rien de plus et le coup de téléphone avait été suffisamment important pour qu’il ne tienne plus compte d’un détail aussi insignifiant. Que la famille de Vaëm soit en sécurité l’agaçait un peu. Un moyen de pression en moi ce n’était jamais bon…Le visage de Nico s’était donc assombrit…

Pas pour longtemps. Voir son prisonnier changer aussi rapidement le surprit et confirma aussi ses doutes : la famille de Vaëm aurait été un outil de menace important. Le voir aussi détendu était presque amusant comparé au corps crispé qu’il était deux minutes plutôt. Le sourire timide fit aussi plaisir à Nico qui avait plutôt l’habitude de voir de la peur et des grimaces en face de lui.

« Tout le plaisir est pour moi. »

A peine ironique sa voix…le yakusa ne se contrôlait pas vraiment. A vrai dire, il n’avait toujours pas digéré la ruine de sa salle d’eau. Mais le remerciement fut accueillit avec un hochement de tête ce qui n’était pas si mal. Normalement il les ignorait tout simplement. Mais Nico pouvait comprendre le soulagement qui avait dû prendre l’hôte. Lui aurait réagit de la même manière pour ses frères.

Le regard froid revint au mouvement que Vaëm fit pour se redresser. Ce dernier semblait avoir pris de l’assurance, même s’il vacillait. Nico en fut presque heureux…il n’était pas le seul à être amoché. La question lui fit arborer un air pensif tout à fait sérieux et crédible. Petite vengeance sur les nerfs du jeune homme :

« Mmm, j’hésite. D’un côté, pour le ravage de ma salle de bain, il mérite de devoir s’exhiber ainsi…mais d’un autre, il y a Kioshi qui n’aime pas que l’on maltraite ses hôtes…oui, mais il appartient à la mafia en réalité…donc à moi… »

Tranquillement, il poursuivit son raisonnement à voix haute. Suffisamment longtemps pour qu’on puisse le croire sérieux. Cette question dont la réponse avait semblé si évidente devenait un véritable dilemme. Jugeant qu’il s’était assez amusé et aussi qu’après tout grâce à Vaëm il allait pouvoir refaire cette pièce, il déclara :

« Suis-moi. Ils seront un peu trop grands, mais je suppose que tu ne vas pas jouer l’exigent. »

Le faisant passer devant cette fois, il le guida jusqu’à sa chambre. La confiance minime qu’il avait accordée au captif la veille avait disparu. En soupirant, il désactiva l’énorme système de sécurité qui gardait sa chambre puis alla ouvrir son armoire, jetant une chemise noire, un caleçon rouge et un pantalon noir à l’hôte.

« Tient, habille-toi. »

Puis, il s’occupa de sa propre apparence – il avait quand même un rendez-vous d’affaires – et s’équipa de trois poignards. Un dans le dos, deux aux chevilles. Coiffé de manière express, il détailla Vaëm pour voir s’il avait une apparence correcte et l’informa :

« Deux de mes hommes vont te garder jusqu’à ce que tu m’appartiennes réellement. Ne t’avise pas de fuir, ils auront l’ordre de ne pas te ménager et au pire de te tuer. Ça te protégera aussi d’une correction, bien qu’elle soit méritée. On va dire que la blessure de ta main suffira. »

S'assurant que ses paroles avaient l'impact voulu, il poussa rudement l'hôte hors de sa chambre. C'était son espace privé. Le saint parmi le saint. Peu de personne avaient le droit d'y pénétrer et il n'aimait pas dévoiler son immense chambre, regorgeant de matériel pour voleur, de dossiers mafieux, de bibliothèques et d'armoires aux contenus garder jalousement secret.

L'ironie du commentaire de Nico avait glissé sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard, le laissant complétement indiférent : que le mafieux pense ce qu'il veut de l'effort qu'il venait de faire, sa famille était en sécurité, c'était tout ce qui comptait.
Reprenant un peu du poil de la bête, et regaillardit par l'idée qu'à présent ses conneries ne seraient plus payées que par lui et lui seul q'il se risquait à irrité les puissants qui semblaient avoir envie de lui pourrir la vie encore quelques temp, il s'était relevé, oubliant temporairement sa nudité, pour demander avec un reste d'humour qu'on lui rende ses vêtements, ou à défaut, qu'on lui en donne.

Et la réponse qui tomba le prit au dépourvu.
Il avait l'air sérieux.
Vraiment sérieux quand il parlait de le faire traverser la ville à poil comme punition pour l'altercation dans la salle de bain.
Perplexe, et attendant le verdict avec un peu d'anxiété, il fallait bien l'avouer, Vaem était resté appuyé contre le bois de lit, les doigts de sa main droite crispés sur ce dernier jusqu'à en faire blanchir les jointures. Déjà qu'il était de nature pudique, il commençait en plus à en avoir marre qu'on l'exhibe en permanence.
Il n'était pas un jouet, ou une poupée gonflable avec laquelle on pouvait s'amuser !

Il allait faire part de ces pertinentes reflexion à son vis à vis, sur un ton particulièrement mordant et ulcéré, lorsque ce dernier désamorça la situation, lui annonçant sans embage qu'il devait le suivre. Un instant, le jeune homme resta immobile, sondant les yeux bleus posés sur lui, se rendant compte qu'encore une foi il venait de se rendre ridicule... que l'autre l'avait fait marcher.
Serrant les deux, ravalant sa colère pour un temps, il avait précédé le mafieux, légèrement crispé de le savoir dans son dos. Ce ne fut qu'une fois devant la porte qui l'avait déjà intrigué, celle avec un apparent système de sécurité, qu'il mit sa colère de côté pour laisser place à la curiosité : pourquoi un tel dispositif dans une résidence déjà impénétrable ?
La réponse ne tarda pas à arriver. Passant devant lui, son "hôte" -ou devait-il penser son "maître" à partir de maintenant ? Cette idée lui arracha un sourire grinçant- dévérouilla l'alarme et l'invita à entrer, le faisant pénétrer dans ce une pièce qui jurait presque avec le reste de l'appartement. Du moins qui jurait autant que l'appartement et la personalité de son propriétaire.
C'était une chambre. Une chambre personnelle. Ca se voyait à la manière dont étaient plus ou moins bien rangées les choses. A l'attitude de Nico aussi.
Encore un saint des saints.
Décidément...

Le jet de vêtement le surprit en pleine contemplation du sanctuaire de l'héritier des Sawada, et si la chemise et le calçon arrivièrent à bon port, il lui fallut se baisser avec un soupir pour ramasser le pantalon. Bon... c'était effectivement trop grand d'une taille, mais bon... non seulement il avait l'habitude, et en plus, il ne se sentait pas vraiment d'humeur à chipoter...
Le jeune homme enfila rapidement les vêtements, soullagé de se sentir de nouveau couvert, puis les ajusta machinallement, entrant le bas de la chemise dans son pantalon et retroussant légèrement les manches pour avoir les mains libre, avant de dégrapher un peu son col et d'ébouriffer vaguement ses cheveux encore humides tandis que Nico le détaillait d'un oeil critique pour savoir s'il était présentable.
Force était de constater que oui.
Les vêtements du mafieux lui allaient même plutôt bien...

Alors que Vaem recommençait à détailler la pièce autour de lui, la voix de son compagnon le figea sur place, faisant revenir une certaine tension dans ses muscles à peut près détendus.
Non seulement il n'avait pas oublié l'idée de le posséder, mais en plus de ça il allait s'assurer que le jeune homme ne se ferait pas la belle le temps qu'il négocie avec Kyoshi.
Le jeune hôte jura entre ses dents.
C'était bien sa chance !
La mine basse, il se laissa mettre dehors et alla sagement attendre près de la porte qu'on prenne des décisions pour lui, mettant toute sa bonne volonté à garder un visage fermé et distant, son regard montrant clairement sa contrariété.

[Désolé pour la qualité de ce post...]

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