Confession intime [pv Kuro] (fini)

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L'acquiescement fit naître une petite étoile dans la tourmente des yeux de Kuro. Ah...donc c'était vraiment vraiment vrai ? Quelqu'un l'emmenait à quelque part ? Aux côtés de Yoru, le jeune hacker se faisait minuscule sous la capuche de son pull. Près du tueur, il faisait figure d'enfant avec sa taille petite et son visage innocent. Un visage qu'il dissimulait soigneusement.

Marcher dans les rues lui faisait du bien, surtout que même si midi approchait, les gens n'étaient pas encore réellement sortis et peu de personnes parcouraient les pavés. Kuro se détendait un peu, même si la peur était toujours là, nouant son estomac et lui donnant envie d'être invisible. Alors quel soulagement quand ils entrèrent dans le quartier mafieux !

Le salon de thé était un endroit idéal pour Kuro. Le patron ne posait jamais de questions et s'il n'avait pas parlé pour indiquer les prix une fois au jeune hacker, celui-ci l'aurait cru muet. Sitôt entré, le capuchon tomba en dévoilant les mèches dorées et Kuro s'empressa de suivre son aîné dans un des salons. L'atmosphère était tranquille et chaleureuse ; le jeune homme se sentait plus en sécurité ici. Il ne dit rien quand le patron déposa le plateau de thé, encore peu habitué à l'emploi du remerciement.

Sans toucher aux gâteaux, il observa Yoru à la question de ce dernier. Il avait l'air si calme...le contraste de Kuro en ce moment là. Même si le jeune s'employait à contenir sa panique, on pouvait la sentir, surtout sous forme de peur. Fixant le liquide chaud qui tournait un peu dans la tasse, il réfléchit un moment. Le besoin de parler gagna sur la méfiance.

" Il y a ma photo dans le journal."

Au fond, c'était logique, après tout, il était recherché, non ? Oui, mais pourquoi dans le journal de cette ville ? Pourquoi ce jour-ci ? Kuro frémit et essaya de maîtriser le léger tremblement qui le prenait. Il ne voulait pas retourner dans cette pièce sombre e petite. Là où on ne lui parlait jamais. Là où il faisait si froid...Là où il avait bien cru devenir fou ! Tournant la cuillère dans sa tasse, il lâcha d'une voix peu sûre et aux intonations emplies de détresse.

" Je ne veux pas retourner en prison."

Non. Parce qu'à nouveau il serait mis à l'isolement. Les yeux qu'il gardait obstinément baissés étaient déchirés par l'angoisse. Kuro n'était même plus surpris de la gentillesse de Yoru. Il avait réfléchis. Suffisamment pour comprendre que cet homme avait suffisamment besoin de lui pour ne pas le trahir tout de suite. Mais à présent, cette raison n'était pas la principale. Il avait besoin de parler. Lui qui n'avait jamais pu le faire depuis...depuis ses six ans en fait.

Ah...donc tant qu'il restait utile, il n'irait pas en prison ? Alors c'était comme avec son oncle...Il fallait obéir pour être logé. Kuro ferma les yeux. Écoutant le reste des paroles, il faillit tomber dans le piège de ses souvenirs. Yoru le protégerait ? Au moins cette gentillesse trouvait écho en le jeune hacker, c'était de nouveau la même chose. Sert-nous et nous t'aidons. Il n'y avait guère qu'Akane qui ne lui avait encore rien demandé, et ça ne tarderait certainement pas. Le monde était ainsi fait.

Nico...entendre Yoru parler aussi simplement du fils aîné de la mafia surprit Kuro qui releva le visage un instant, dévoilant son regard qui avait perdu son innocence. Il y avait vraiment cru, à ce que lui avait promis certaines paroles. Mais sans doute avait-il mal interprété. Après tout, qui pourrait sérieusement s'attacher à lui...lui qui ne savait même pas qui il était vraiment, qui avait décidé d'oublier sa véritable identité.

Luxure. Les yeux dorés vacillèrent une nouvelle fois. Qu'est-ce que c'était ? Attrapant un gâteau, il commença à grignoter, sans véritable appétit. Non, il n'était pas rassuré. Il avait beau être le meilleur hacker sur le marché, rien ne prouvait qu'un jour ou l'autre quelque chose ait plus de valeur que lui. Rien ne prouvait que par un ensemble de circonstance il ne se retrouve en prison, pour de bon cette fois.

" Je ne sais pas ce qu'est la luxure. Je n'ai que de l'argent."

Et il était riche ce petit Ange Noir. Extrêmement même. Quant au pouvoir...il pouvait hacker n'importe quoi, détruire tous les systèmes, mais... est-ce que ça servait vraiment à quelque chose ? Est-ce qu'il servait à quelque chose ? Oui, sans doute. Pour les autres. Cette fois Kuro tremblait véritablement, assailli par sa mémoire. Fatigué, il regarda son oncle l'attaquer mentalement, comme à chaque fois qu'il ne se sentait pas bien.

" Et de toute manière, le jour où je ne servirais plus à rien, je cesserai d'exister."

Sa voix amer conclut sa pensée. Il était loin d'être un gamin naïf, croyant que tous les hommes étaient des gentils. C'était plutôt le contraire même. Mais qu'est-ce qu'il se sentait perdu dans cette société dont il ne comprenait rien.

Une femme ? Pourquoi donc ? Kuro observa avec curiosité les joues se teinter de rouge, sans oser véritablement chercher la raison de cette coloration. Doucement, il but le thé. Kuro avait l'impression de ne dire une fois de plus que des bêtises, d'être une bêtise. Les doutes lui tournaient autour et l'assommaient. L'emportement du tueur lui fit détourner les yeux, comme en l'attente d'un coup. Le jeune hacker savait bien qu'il se plaignait sûrement pour rien. Mais qu'y pouvait-il ? Il avait envie de vivre une vie tranquille devant ses écrans...Un sourire amer parcourrut son visage, c'était à jamais impossible. Et il n'avait même pas eu le choix !

La suite de la tirade le fit doucement frémir. Oh non, ça il ne le pourrait pas. Tuer quelqu'un dont la seule faute était d'être le meilleure, non...les meilleurs étaient bien assez persécutés comme ça, dans tous les domaines. Alors même s'il ne faisait pas confiance en la famille Sawada, même si sa confiance en Yoru était limitée, il releva la tête et dévisagea son aîné. Avait-il déjà fait de la prison lui ? Avait-il déjà passé un an sans parler à quiconque ? Pas selon son dossier. Dossier dont la seule et unique copie reposait chez lui, bien à l'abri, prête à être envoyée dans un coffre dès que possible.

" On ne peut pas tout avoir avec de l'argent, sinon du faux. Quant à vos paroles, elles sont justes, mais pas du tout rassurantes. J'ai vécu une année sans contrainte, je l'ai payée, mais j'avoue que ce temps-là me plaisait énormément."

Il avait cessé de trembler, même si une boule se formait en lui. Pourtant rien ne ressortait sur ce visage encore enfantin, parce que Kuro savait très bien que personne ne sécherait ses larmes. Alors il ne les laissait pas couler. Son innocence était bien factice, partie trop tôt. EN réalité, son seul avantage était peut-être de tromper le monde quant à son âge. Il y avait pourtant des moments comme maintenant où il faisait largement ses 21 ans. Voir plus.

" Et les femmes, je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler."

Il finit son thé tranquillement, faisant valser son regard dont la douceur miel avait définitivement disparu. Pourtant sous ces traits qui paraissaient bien adultes comparés aux expressions précédentes, Kuro ne pouvait dissimuler sa détresse et sa fatigue à des yeux aguerris. Il était las, très las.

Kuro hocha négativement la tête, doucement. Sa main alla chercher un gâteau qu'il ne put pourtant avaler. Non, jamais il ne s'était réveillé aux côtés de quelqu'un et il n'en comprenait pas la valeur. Par contre le faux était très sensible chez lui et il répliqua avec une amertume âcre :

" Oui, et quand tout est fini, vous vous rendez compte qu'en réalité, il n'y a plus rien. Désolé, mais les espoirs d'un instant, je n'en veux pas. Et non. Je ne sors presque pas de chez moi, comment voulez-vous que je me réveille aux côtés de quelqu'un ? "

D'ailleurs, il ne comprenait toujours pas le sens de cette phrase. La réaction du tueur le surprit, tranchant avec le calme auquel il était habitué. Kuro le regarda s'étouffer, un tantinet effrayé. La question lui fit afficher une tête bizarre. Mais c'était quoi cette question ? Les femmes, les hommes et ensuite viendraient les tigres ou quoi ? La suite lui fit froncer les sourcils puis se rejeter en arrière. Il soupira en détaillant le plafond, se calmant lui-même avant de répondre.

" Non. Je n'en ai pas la moindre idée, comme pour une majorité de choses. Je vais juste faire comme d'habitude et chercher ce que c'est sitôt rentré chez moi."

Le jeune hacker dévisagea Yoru et eut un petit sourire. Le genre de sourire qu'on a quand on ne se sent pas bien, mais qu'on sait que ça passera. Il ignorait énormément de ce monde et si du côté intellectuel, tout c'était très rapidement dévellopé grâce-ou à cause- à son oncle, il n'avait pas derrière lui ces expériences humains qui vous rendent plus prêt à affronter la vie.

Oh, il était mature grâce aux nombreuses trahisons de son oncle et à la prison, mais le côté heureux de l'enfance et de l'adolescence, il ne l'avait pas. Pas d'amitié, pas de petite amie ou petit ami, rien. Dans un sens il était un vrai gosse. Et maintenant était arrivé Akane, mais trop tôt pour que ça ait déjà des répercussions sur le jeune homme.

Kuro n'avait pas vraiment de rêves, ni de désir. En réalité, il n'avait jamais pris le temps d'y réfléchir sérieusement. Chez son oncle, il avait souhaité en être débarrassé et s'était arrangé pour que la police l'arrête. En prison, il n'avait pensé qu'à sortir, s'enfuir, et avait été exaucé. Alors maintenant qu'il était en liberté, le jeune hacker n'avait plus de but, jamais il n'avait pensé aussi loin.

L'explosion de rire détourna son attention de cette réflexion et il observa Yoru, ayant retrouvé un visage assez calme. Kuro avait compris qu'il n'avait pas grand chose à craindre. Sauf les agressions ou les accidents, après tout, le tueur ne serait pas toujours là. Écoutant Yoru, il fronça les sourcils, sans comprendre.

La luxure se subissait…ça faisait donc mal ? Apparemment non puisque Yoru avait parlé de plaisir. Kuro était agacé de ne pas comprendre, mais il commençait à s'y faire. Depuis un petit moment, il avait remarqué qu'une majorité des choses qu'il avait lu, se trouvait différemment dans la société. Ce n'est pas en lisant qu'on découvre le monde. A la question, il regarda Yoru et hocha la tête positivement.

"Oui, une fois."

En s'y réfugiant pour échapper à des hommes louches. Mais le lieu lui avait paru vraiment vraiment bizarre. L'atmosphère surtout. Il y était resté un moment à boire des cafés, parlant avec Whyndham Melian, puis Nagasaki Sawada. Surtout il n'avait pas comprit le comportement de certains hommes.

Ce club avait laissé une impression étrange sur Kuro et il avait beau été chercher plus d'informations sur lui, ça ne l'avait pas avancé à grand chose. Cette incompréhension l'agaçait un peu d'ailleurs. Il ne remarquait même pas les yeux de Yoru sur lui, ce qui à l'usuel, l'aurait mis mal à l'aise. Les questions qui suivaient l'isolèrent un peu plus et le hacker eut bien vite l'impression de n'être entouré que par l'inconnu. Il en avait l'habitude, mais…ça lui était toujours aussi désagréable.

" Un hôte ? Ces hommes qui prennent des airs bizarres et qui se comportent comme s'ils voulaient me manger ? Je…je n'y suis entré que pour me réfugier…c'est un café un peu très étrange."

Non. Il n'avait décidément rien comprit. Innocent, il l'était complètement de ce point de vue-là. Juste parce que rien ni personne ne l'avait orienté vers ce sujet. Il ne s'était même jamais vraiment demandé comment il était né. Enfin si, et il comprenait tout le processus biologique, mais c'était tout.

Le tueur se rapprocha alors et Kuro leva ses pupilles d'or pour dévisager Yoru. Le visage de ce dernier s'était assimilé à quelque chose de rassurant en lui, mais il eut quand même de la peine à retenir un réflexe d'éloignement quand il sentit la paume sur lui. Encore plus en voyant l'air réprobateur, surtout qu'il ne comprenait pas pourquoi il allait être grondé. Parce que ce genre de visages, c'était ceux qu'on arborait avant de réprimander quelqu'un, non ?

Un compagnon ? Coucher avec un homme ? Le jeune hacker ne comprenait pas un mot du laïus de Yoru. Pourtant il l'écoutait attentivement, comme il écoutait son oncle auparavant. C'est-à-dire en retenant tout pour éviter de faire une bêtise et en se jurant de vérifier la véracité des dire par la suite. Mais là…Kuro ne pigeait rien.

Sa tête se baissa brusquement quand la main du tueur s'infiltra dans ses cheveux et Kuro se statufia un quart de seconde avant de se détendre quand Yoru se leva. Le cadet des deux n'arrivait plus à comprendre quoique ce soit. Le comportement du tueur se classait dans la gentillesse et les conseils…la main sur lui avait été agréable…il n'avait jamais ressentit ça auparavant. Et même pourquoi serait-on gentil avec lui ? Enfin, le thé et les gâteaux, ça lui avait déjà semblé bizarre, mais puisqu'il avait réussi son travail, il avait pris ça comme une récompense. Mais là…

Repoussant sa tasse de thé, Kuro n'osait plus regarder Yoru, il avait entr'aperçu le sourire, mais ça l'avait également inquiété. Ne rien saisir. Il détestait ça. Il n'était plus un peu perdu, mais complètement. Relevant un peu la tête, le hacker essaya de structurer ses pensées avant de demander :

" Vous pourriez m'expliquer ? Je ne suis rien du tout...coucher avec un homme, ça veut dire quoi ? C'est ce plaisir de la chair ? "

Mais dans ce cas, ne valait-il pas mieux essayer pour comprendre ? Kuro fronça les sourcils. Sa famille…Ce terme utilisé par Yoru lui arracha avec du retard une grimace chargée d'amertume, de peur et troubles. Kuro n'avait jamais vraiment osé chercher qui il était vraiment et ce que faisaient ses parents.

L’incompréhension déclenchait en général la panique, mais Kuro commençait à être tellement habitué à ne rien comprendre que la panique devenait son amie. Sauf que là se rajoutait le comportement de Yoru que le jeune hacker ne comprenait vraiment pas. La définition d’un hôte l’éclaira un peu, mais il ne comprenait pas vraiment ce qu’était coucher avec quelqu’un.

Puceau aussi, il ne comprenait pas. Mais il se promit d’aller chercher et écouta Yoru, laissant ses frayeurs lui dévorer le ventre sans y prendre garde. Un compagnon…donc quelqu’un avec qui parler…mais Kuro n’était pas sûr de suivre, un compagnon, c’était censé être quelqu’un qu’on appréciait, non ? Alors pourquoi pour une nuit ?

« Je ne comprends pas tout… »

Il sursauta en se rendant compte de l’approche de Yoru et le regarda, interrogatif, coupant une nouvelle fois court à son envie de s’écarter. Tiré sur le torse, Kuro laissa passer franchement sa panique dans ses yeux dorés, mais ne chercha pas du tout à se débattre. Même quand il se sentit complètement enfermé dans l’étreinte de l’homme. Même quand l’air de prédateur l’effraya au plus au point.

Le jeune hacker avait appris que résister physiquement était pour lui impossible. Alors il n’essayait même pas. Hormis ses tremblements, son corps ne bougeait pas. Kuro savait qu’il ne pouvait rien faire, il n’était doué que sur un ordinateur. A part peut-être pour la course. La question lui fit froncer les sourcils alors qu’il fermait les yeux, réfléchissant.

Oui, bien sûr qu’il voulait savoir Qui donc voudrait rester dans l’inconnu ? Mais Kuro sentait quelque chose de louche, alors il fit la seule chose qu’il savait faire. Il réfléchit. Les yeux fermés pour ne pas avoir à voir le visage effrayant de Yoru. Un instant passa alors que le jeune hacker se faisait au sentiment d’être touché d’aussi près.

« Vous êtes illogiques, vous me dites que ce n’est pas bien, ensuite que c’est un plaisir et maintenant vous voulez me le faire connaître ? »

Il avait toujours horriblement peur. Mais il pensait. Et la logique, c’était son point fort. Rouvrant les yeux, il affronta le regard de prédateur de Yoru, ne cachant pas qu’il était totalement perdu et qu’il avait peur.

Le visage de Yoru redevint plus agréable et Kuro sentit une partie de sa peur fondre, même s’il était toujours méfiant. L’étreinte se relâcha alors confirmant les paroles du tueur , mais Kuro ne put se résoudre à quitter ces bras. C’était comme lorsqu’un goutait quelque chose de nouveau et bon…on en avait sans cesse envie.

« Je ne comprends pas l’idée de payer quelqu’un pour être avec lui…normalement, un compagnon, c’est quelqu’un en qui on a confiance, non ? Alors comment on peut prendre un compagnon pour une nuit ? »

Kuro assimilait peut-être trop le terme compagnon avec la définition de l’amitié que lui avait donné Akane. Ensuite, il écouta Yoru et recommença le cheminement de ses pensées. Donc ce n’était pas bien de payer. Mais désirer ? Le jeune hacker n’était pas sur de comprendre. Lui ce verne, il l’appliquait à un ordinateur qui venait de sortir…ou à une nouvelle technologie informatique…

Les cheveux caressés, puis expulsé, Kuro ne put s’empêcher de passer sa main dans ses cheveux. C’était encore étrange pour lui de telles sensations, même si Yoru gagnait petit à petit sa confiance et que Kuro ne cherchait plus vraiment à cacher ses réactions. Avait-il déjà réussit en fait ? Peut-être…mais pas pour quelqu’un d’observateur.

Le tueur au sol, Kuro baissa les yeux pour le dévisager et l’entendre parfaitement. L’air de bienveillance l’intriguait et son expression le faisait vraiment paraître enfantin. Son passé…il ne voulait pas y penser. Se concentrant sur le reste des paroles, il fronça légèrement les sourcils. Lui était innocent et naïf ? Il ne s’en rendait pas vraiment compte…si ce n’était de son ignorance.

« Me prendre ? »

Sa voix avait fait une montée interrogative alors qu’il regardait Yoru se lever. Kuro lui, restait parfaitement immobile, ayant oublié sa fatigue avec sa curiosité. La dernière question lui fit écarquiller les yeux. Désirer une femme ? C’était-a-dire la vouloir pour lui tout seul ? Kuro ne comprenait pas vraiment la question, une femme, ce n’était pas un objet.

« Je ne vois pas. Je sais que la femme est censée s’accoupler avec l’homme pour se reproduire. Ca a un rapport ? »

S’il y en avait un, il ne voyait pas lequel. Dans sa tête la notion d’accouplement était un acte parfaitement froid et concret et il ne voyait pas où on pouvait y trouver du plaisir. Quant aux femmes…il n’y avait jamais vraiment pensé. Son oncle ne lui en avait pas parlé et la seule qu’il n’ait jamais vue avait été l’infirmière de la prison. Mais il n’avait alors pas le droit de parler, ni les autres de répondre.

« Vous parlez d’homme, puis de femme. Ce n’est pas la même chose pourtant. »

Il était conscient de devenir peut-être agaçant avec ses questions, mais il voulait vraiment comprendre. Et puis Yoru lui avait dit qu’il pouvait se faire avoir et il n’en avait pas envie. Mais si ça posait problème…

« De toute façon je ne vois quasiment personne, alors je ne pense pas que quelqu’un voudra me pénétrer comme vous dites. Et puis…pour qu’un objet soit désirable, il doit être beau à l’intérieur ou à l’extérieur, ça dépend pour qui, et moi, j’ai des sérieux problèmes à l’intérieur. »

Là il parlait de ses problèmes avec ce monde qu'il ne comprenait pas toujours et de sa peine à entamer des relations.

Se méfiant quand même encore un peu du tueur, Kuro écouta ses paroles, commençant à comprendre. Se perdant en lui, trop habitué à être seul quand il réfléchissait, il sursauta en découvrant Yoru à genou devant lui. Une érection ? Il n'en avait pas vraiment le souvenir. Mais peut-être avait-il considéré ça comme purement biologique et l'avait oublié.

Mais lui qui avait vécu à l'écart du monde humain ne comprenait pas comment il aurait pu éprouver du désir alors qu'il ignorait que certaines choses étaient censées le provoquer. Attraper par les hanches, Kuro eut un hoquet d'incompréhension. Ce fut pire quand il sentit une main à son entrejambe. On ne lui avait jamais appris qu'il s'agissait d'un lieu purement intime, mais au fond de lui, il sentait un instinct se révolter contre ce geste.

" Arrêtez."

A nouveau il tremblait sans se débattre. Même si cet instinct animal l'avait poussé à protester, ce n'était pas suffisant pour qu'il ose se révolter entièrement et surtout inconsciemment. Yoru était bien plus fort que lui et Kuro le savait.

Alors qu'il écoutait les paroles, troublé par cette main qui bougeait, une sensation de chaleur monta petit à petit dans ses reins. En dessous de Yoru, Kuro ne cherchait même plus comment il pourrait s'en sortir, trop intrigué par cette sensation. C'était …agréable…mais en même temps horriblement dérangeant. Comme s'il n'y avait jamais assez et cela même si cette chaleur se faisait de plus en plus grande. Pour Kuro cela évoquait certes les même sensations que celles du plaisir, mais aussi celle d'une torture par la perception.

Libéré enfin, Kuro se retrouva avec un sexe qui s'était déjà bien durci, mais surtout un peu plus éclairé. D'accord, il avait compris. Peut-être pas tous les détails, mais le principal. Pourtant, il n'avait aucune envie de remercier Yoru qui s'était rapidement écarté.

Le tueur en imposant cette sorte d'enseignement avait rappelé à Kuro la manière de faire de son oncle. Profiter de sa faiblesse pour lui inculquer tout et n'importe quoi. Alors même s'il était un peu reconnaissant envers Yoru, il avait surtout une sacrée dose de colère, de désabusement et de lassitude en lui.

Ses yeux dorés, extrêmement durs et douloureux se plantèrent dans ceux du tueur. Kuro n'avait jamais eu totalement confiance en lui si ce n'était pas l'intérêt que cet homme portait à ses renseignements. Ce n'était donc pas la blessure d'une trahison qui se lisait sur lui, mais plutôt une certitude qui faisait mal à l'enfant qu'il pouvait encore être pour certaines choses.

" Vous auriez pu demander si j'acceptais l'expérience."

Sa voix était de la même teneur que ses yeux. Froide, dure et douloureuse. Se rasseyant correctement, gêné par son membre réveillé, il cessa de fixer Yoru pour finir de boire son thé, plus jamais méfiant envers les hommes que jamais. Kuro n'avait même pas essayé de frapper le tueur. Ce n'était pas son mode de défense. Lui réfléchissait et mesurait chacune de ses actions. Se levant, il se prépara à quitter la pièce. Définitivement énervé et blessé.

Les révélations de Yoru tournaient en lui, mais il avait besoin de calme pour les disséquer. Kuro ne comprenait pas encore la notion de désir d'un humain, mais il savait que ça viendrait.