Again and again [PV Kioshi]

Le bruit des vagues. Lent, rassurant presque. La nuit était passée, le bruit de la ville se répercute contre la digue du port harcelé par les vaguelettes chahutant les bateaux. Le silence de la mer. Le seul silence capable de calmer l’esprit du jeune homme nippon. Assis au bout d’un ponton, une cigarette allumée entre les lèvres, il observe ce vide en face de lui, l’horizon sans fin des flots. Il était arrivé dans cette ville il y a seulement quelques jours et déjà, il en connaissait le port presque comme sa poche. En même temps, tous les ports de ressemble plus ou moins… Il suffisait de savoir où aller. Toshyo avait grandi au milieu des bateaux, c’était son environnement naturel… La mer les mats. Les marins. Peu importe d’où on vient, on sait reconnaître ceux qui parcourent les mers. Dans la ville qu’il venait de quitter avec Lorenz, il venait souvent passer un peu de temps sur les docks parler avec les marins, boire un coup… C’était un peu comme sa deuxième maison. Et puis… Les ports comme ça étaient le lieu de tous les ragots. Ce qi était plutôt parfois pratique vu son travail… Plus d’une fois, c’était ici qu’il récoltait le début des informations qui le mènerait ensuite à celles plus importantes. Quelques verres, quelques paroles échangées, quelques noms donnés en échange d’une petite pinte. Quoi de mieux pour dénouer les langues et créer des liens ? Rien, vraiment. C’était vraiment ce qu’il y avait de mieux.

C’était le premier soir qu’il venait sur ce port. Les jours précédents avaient été passés à s’installer avec son patron… Enfin son associé dans leur nouveau restaurant. Visiter un peu, prendre ses marques. Il ne l’avait que peu quitté ces derniers jours, méfiant, au aguets. Sait-on jamais ce qu’on peut récolter en changeant d’endroit. Il suffisait qu’on ait entendu parler de sa montée fulgurante ces dernières années… Sa venue n’était pas forcément vue d’un bon œil par tout le monde. Alor sil était resté à ses coté, garde du corps personnel de cet homme. Il ne lui avait pas spécialement demandé, Toshyo était libre de faire plus ou moins tout ce qu’il voulait. Mais il accordait une grande importance à sa protection. Après tout, c’était aussi un peu sont travail… Même s’ils n’en avaient jamais parlé Mais c’était comme ça et que Lorenz le veuille ou non, il avait veillé sur lui, ne s’accordant que peu de temps sans lui, ou alors lorsque son patron partait pour différentes raisons. Premier soir qu’il venait passer dans cet endroit, faisant rapidement connaissances au milieu des bateaux. Donner quelques coups de main pour rentrer les voiles, mettre son bateau dans le bon sens au bon emplacement. Après tout, ça entretenait le physique comme on dit et puis ça faisait passer le temps efficacement. Gagner la confiance des gens… Ce n’est pas forcément pratique pour un étranger, même si Toshyo était japonais de par ses deux parents, personne ne l’avait jamais vu ou aperçu dans cette ville. Mais les choses se font facilement avec un peu de volonté… Il suffit de le vouloir. Et puis le natif du port est quelqu’un de sympathique après une clope et quelques verres.

Et puis il était reparti une fois la nuit bien avancée. Retourner vers la ville d’un pas nonchalant, se perdant un peu au milieu des rues et des immeubles. Enfin perdu… non il n’était pas perdu. Il avait eu le temps de mémoriser le quartier dans lequel il trainait. C’est que se perdre… Ca aurait été un peu ridicule quand même. Mais il repérait les lieux, les endroits susceptible d’être intéressant pour plus tard, les grandes avenus, les magasins qu’il y avait dedans… les petites aussi, surtout, où trainait parfois quelques junky ou bien simplement certaines personnes ayant un peu abusé de l’alcool au cours de la soirée. Un ou deux sans abris ou personnes qui faisaient la manche… Une ville, dans son ensemble, comme on voit partout dans le monde. Se balader au milieu de tout ça. Oui dans le fond, une ville restait une ville, ça n’avait rien de bien merveilleux. Il errait dans le centre ville, s’arrêtant parfois dans quelques bars ou pubs, écoutant le bruit qui sortait de la porte avant de continuer son chemin. Revenant plus ou moins vers le lieu où il passerait la nuit, il finit néanmoins pour entrer dans un bar qui n’était pas trop rempli, allant s’asseoir au bar, coincé entre deux personnes à gauche et à droite. Commandé un verre de vodka et simplement attendre qu’on le serve, à moitié dos au bar pour regarder l’endroit dans son ensemble, les gens, écouter les conversations autant qu’il le pouvait. Son verre finit par arriver, il se retourna juste pour le prendre avant d’observer ses voisins de bar. Celui sur sa gauche semblait déjà à moitié fait… Pas beaucoup d’importances. Des vêtements pas terribles, il sentait l’alcool à des mètres de lui. L’autre semblait déjà un peu plus… disons plus présentable. En même temps à coté de cette comparaison, ce n’était pas bien difficile, mais on n’engage plus facilement la conversation avec quelqu’un comme ça qu’avec un ivrogne. Pas que Toshyo soit quelqu’un de naturellement parlant… Au contraire, face à des inconnus dans une rencontre banal, il ne parlait que quand on lui posait une question ou qu’il tait vraiment nécessaire de communiquer. Bon dans son travail, il sait quand il faut parler, il sait quand il faut se taire. Et puis parfois, ça lui arriver, engager une conversation de lui-même, même si elle ne durait pas très longtemps. On pouvait avoir de bonne surprise. Il finit son verre lentement, l’observant du coin de l’œil. Il finit par se retourner pour faire face au bar. Voyant que son voisin avait également son verre vide il fit signe au barman, se retournant vers lui

« Je t’offre ton prochain verre, cadeau de la soirée… tu prends quoi ? »

Ouais, on peut faire mieux comme entrée en matière. Peut-être que le gars ne l’avait même pas entendu, ou du moins pas vraiment fait attention à lui. On pouvait croire qu’il s’adressait à n’importe qui… Mais bon au pire ce n’était pas très grave. Il commanda au serveur un deuxième verre pour lui, un cocktail maison. Voir si son voisin commandait avec lui ou non… Autant être sociable au moins pour une soirée. Au pire il pouvait continuer à boire jusqu’à finir complètement bourré… Pas sûr que son patron apprécie qu’il aille faire l’imbécile dans les bars dès sa première sortie. Quoi qu’il n’ait jamais rien dis auparavant. Même s’il n’en rentrait pas il ne dirait rien. Ouais… Ca avait des bons cotés d’être libre, parfois. Il haussa les épaules pour lui-même, attrapant son nouveau verre pour le tourner entre ses doigts fins. Il vint replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Pour une fois qu’il les avait laissé détachés. De longs cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules qui encadraient une peau pâle pour un japonais. Enfin, on ne choisit pas son physique comme on dit.

« Alors joli garçon, qu’est-ce qui t’amènes ici en ce doux soir ? »

[ Voir Des adieux amers ]

Quelques temps après l’Event de Noël..... 1 - 2

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C’était une de ces matinées, où Kioshi se retrouvait à nouveau dans son bureau, à faire de la paperasse, à calculer les payes de ses employés, leurs statistiques, etc. Heureusement, avec le temps, il avait simplifié le système, et les calculs se faisaient à présent beaucoup plus rapidement, et ce grâce aux merveilles de l’informatique. Cependant, s’il fut un temps où il était satisfait d’avoir fini en quelques demi-journées, il était à présent démoralisé de voir le temps que ça lui prenait. Tout allait tellement plus vite à l’époque où son secrétaire était là.... Pff, Yukio lui manquait... Même la pièce lui semblait bien vide maintenant que le bureau qu’il avait fait monter ici spécialement pour lui avait été déménagé.

Secouant la tête, il se remit au travail pendant de longues heures, en profitant pour revoir un peu les statistiques de ses employés, qui se laissait aller et qui faisait fureur. Cependant, un coup de téléphone tua la quiétude du lieu. Un coup de téléphone dont il se serait bien passé...
En raccrochant, l’appareil toujours dans la main, il avait marqué une pause. C’était pas possible. Pas possible. Pas possible !! Comme si la fureur s’éveillait soudainement en lui, il frappa, frappa, et frappa encore le malheureux téléphone sur son bureau de bois jusqu’à ce qu’il n’en reste plus grand chose. Mais cela n’avait pas suffit à le calmer.
On se permettait d’empiéter sur son territoire ?? Sur ses affaires ??? On avait d’abord touché à son Yukio, et voilà que maintenant ils l’avaient...
Rhhaâ !
Le bureau entier et tout ce qu’il contenait furent renversés en arrière, retombant en grand bruit sec, accompagné du froissement des feuilles et dossiers qui étaient là.
Alertés par le bruit, deux hommes pénétrèrent dans la salle, demandant si tout allait bien.

- Ca a l’air d’aller, pour vous ?? DEHORS !!

L’air apeuré de ses subordonnés l’avait un peu fait se ressaisir, cependant. Fulminant toujours, il redressa le bureau et rangea minutieusement tout ce qui avait volé, pensant toujours, encore et encore, aux enfoirés qui avaient osés faire une chose pareille.

Un peu plus tard, il avait pris un hôte pour son plaisir personnel. Le sexe... Une des choses universelles qui pouvaient le calmer. Qui l’empêchait de trop penser. Qui, mieux, pouvait lui remettre les idées dans le bon ordre. Un peu de sauvagerie pour l’apaiser. Mais "un peu" ne semblait plus suffisant. Et ce fut seulement quand le jeune homme avait fini par se mettre à crier, presque en pleur, qu’il lui faisait vraiment mal, qu’il avait compris que ça n’allait pas. Non, ça n’allait pas. Ca ne suffisait pas. Ca ne suffisait plus. Il avait besoin d’autre chose. De quelque chose de plus...

Sur les nerfs, au club, il s’était emporté, sans raison réellement valable. Il était hors de lui, cela se voyait, se sentait. Ca n’allait pas. Ca n’allait pas du tout. Devant les regard interloqués, ceux qui le regardaient en biais, il avait décidé de sortir. La soirée commençait, la plupart des clients n’allaient pas tarder à arriver. Et il n’avait aucune envie de faire du social, là, maintenant.

Sauf que pour éviter le social, quand on est dans sa ville et qu’on s’appelle Monsieur Omura, qu’on a une tignasse de punk et un ensemble à plusieurs zéro, c’est pas évident. Il passa donc chez lui, quelques étages plus haut, et enfila au moins des vêtements un peu plus passe-partout, avant de sortir.

Marcher. Voilà qui lui faisait du bien, étonnement. L’air légèrement frais qui tapait sur son visage semblait l’aider à se calmer, tandis qu’il regardait le trottoir défiler sous ses yeux. Il s’éloigna. Loin du centre ville, il avait moins de chance de tomber sur des emmerdeurs. C’est ainsi qu’il se retrouva non loin du port.
Un peu fatigué, par son énervement de la journée plus que par sa marche, il avait fini par s’asseoir sur un banc, au calme. Fermant les yeux, il entendait le remous de l’eau, non loin de là. Il avait la triste impression que remonter le temps était tout ce qui pourrait arranger la situation. L’infaillibilité n’existait pas. Mais le ressentir de cette façon était bien trop brusque et douloureux. Lui qui voulait protéger Yukio, il n’avait fait que le mettre en évidence, le secouer sous les yeux de ses assaillants... Se reprenant, avant de sombrer dans le mélo, il se releva. Non, ce n’était pas sa faute. Il allait faire payer les fils de pute qui lui avaient fait ça.

Quand il se retourna, il aperçut un petit bar à quelques mètres du banc où il s’était reposé, et se décida à y pénétrer. C’était parfait, loin de son quartier habituel,peu fréquenté... Commandant du cognac, il s’assit au bar et attendit l’arrivée de son verre. Cet alcool fort avait supposément des propriétés analgésiques, il songea amèrement qu’il allait vérifier si ça marchait.
Déjà penché sur deuxième ou troisième verre, à présent vide, il ne fit pas attention à la personne qui vint s’asseoir à côté de lui. Il ne releva même pas la tête quand celui-ci lui adressa la parole. Non, il n’était pas saoul, il n’avait pas compris que c’était à lui qu’on parlait. En même temps, il n’était plus franchement habitué aux tutoiements, il faut dire. Cependant, quand le jeune homme revint à la charge, il se tourna vers lui. « Joli garçon » ? C’était vraiment à lui qu’on s’adressait, là ? Pour le coup, un petit sourire fendit son visage. Levant des yeux légèrement sombres, il répliqua enfin :

- Doux soir ?... Cette journée ne m’a pas paru douce.

Il redemanda la même chose au barman, qui s'exécuta immédiatement, puis reposa ses yeux sur son voisin. Plutôt pas mal, d’ailleurs, le garçon, maintenant qu’il y faisait gaffe. Sans répondre à la question, il la retourna :

- Et toi ? T’es pas du coin je crois bien....

Certes, il était loin du centre chaud de la ville, mais tout de même... Il avait par exemple vu au regard du barman que celui-ci l’avait grillé dès ses premiers pas dans l’établissement, bien que son comportement soit à nouveau proche de la normale. Mais son voisin, lui, l’appelait « Joli garçon », et le tutoyait. C’en aurait été presque drôle si ce jour n’avait pas été ce jour.

Le liquide verdâtre, mélange d’un peu de vodka et de sirop mentholé, se vidait petit à petit au fur et à mesure que les minutes passaient. Il observait le barman tourner derrière son bar, observer les bouteilles bien alignées les unes aux autres avec leur étiquette jaunâtre pour certaines, témoignage des années passées sur une étagère de comptoir pour le plus grand plaisir des connaisseurs. Spectacle parfois plus intéressant que de regarder les ivrognes se cogner dessus ou les dépressifs essayer de se couper les veines avec une feuille de papier. Il avait de la chance, aucun de ses deux voisins ne semblait faire partie de cette catégorie… Quoi que celui de gauche louchait sérieusement sur son verre à moitié vide – et qui n’était sûrement ni le premier, ni le dernier – et commencer à parler tout seul en s’adressant à une personne imaginaire. Tant qu’il ne venait pas raconter sa vie à Toshyo, ce dernier s’en foutait, et cet homme pouvait raconter ce qu’il voulait à son verre, ce n’était pas ses affaires. Et vu l’inintéressant de ce qu’il pouvait bien raconter, elles ne le deviendraient sûrement pas. Son autre voisin, lui, était plus silencieux, plongé dans ses réflexions et son verre d’alcool. C’était donc sans réelle surprise que le natif du port entama une conversation des plus banales, histoire de faire passer un peu le temps. Et puis, on ne sait jamais sur qui on peut tomber, la fin de soirée sera peut-être plus… Utile. Pas qu’il n’avait rien fait de la journée, mais le temps de s’installer avec son patron… Les prochaines journées allaient être longues, peut-être un peu ennuyeuse. Mais bon, il va éviter de se plaindre, vu le mouvement qui les aura poussé à quitter leur ancienne ville.

« En effet… T’as pas la tête d’un gars qu’a passé une très bonne journée. »

Un léger sourire en coin vint étirer le coin de sa lèvre alors qu’il replongeait son regard dans le liquide verdâtre un instant avant de reposer ses yeux sur le barman qui s’agitait toujours, surveillant la salle de coin de l’œil, que les agitateurs ne perturbent pas trop le… calme ambiant des lieux, même si le calme en question est plutôt relatif. Il prit le temps de finir son verre avant de répondre à la question de l’homme à qui il avait parlé. Nouveau dans la ville… Il se retint de rire, ne tenant pas spécialement à passer pour un fou dès les trois premières secondes de conversation. Soit c’était un habitué du bar, soit il avait lancé ça à tout hasard et avait eu la chance de tomber juste. Allez savoir, certaines personnes ont un bol comme ça, à toujours mettre le doigt sur quelque chose. Ou alors elles sont juste très bien informées, mais il doute que ça soit ça… Pas assez vieux dans cette ville pour que quelqu’un n’ait déjà des informations sur lui. Sur Lorenz, peut-être, c’était lui qui était connu dans leur groupe après tout… Dans le milieu on doit le connaître au moins de noms, quitte à ne pas forcément savoir dans quelle ville il se trouve. Il était content de ne pas occuper sa place. Opérer dans l’ombre, c’est toujours tellement plus pratique. Tellement plus libre de ses actions quand on ne connait pas votre tête.

« Mh… ça se voit tant que ça ? T’as l’œil, j’ai débarqué ici y’a quelques jours. »

Il haussa les épaules d’un air nonchalant avant de lui sourire en reposant ses yeux bleutés sur lui pour réétudier un peu plus son visage. Joli petit gars. A part une mine peu enjouée qui témoignait effectivement que la journée avait du être longue. Mais après tout c’était pour cette raison que des endroits pareilles s’était construit, pour venir noyer les journées difficiles entre deux bagarres de bar, avec un inconnu assis à une table ou alors en buvant verre sur verre jusqu’à finir ivre mort et s’accrocher aux murs pour tenter de retrouver un chemin qui s‘est perdu entre deux verres. Chacun son option, il y en a pour tous les goûts comme on dit. Ca aurait été une belle soirée pour prendre une cuite après tout… Quoi de pire que l’ennui quand ces cas là ? Toshyo s’ennuyait… Sans doute la raison pour laquelle il avait entamé cette conversation. Il avait pourtant des choses à faire, à organiser avec Lorenzo, mais le fait était là, il s’ennuyait. A la limite, si la conversation tournait cours, il irait se chercher un mec sur le trottoir… Ou retournerait avec Lorenz, mais pas sûr qu’il ait les idées à ça en ce moment. Avec le boulot qui s’annonçait et tout, il valait parfois mieux ne pas trop miser là-dessus.

« Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Boulot trop dur ? Femme trop chiante… ou amant capricieux ? »

Il lançait ses phrases sans vraiment y réfléchir. Quoi de plus banales que ce genre de vie ? Le nombre d’homme qui finissaient dans les bars parce que la vie quotidienne ne leur convenait plus étaient nombreux. Il se commanda un nouveau vers, optant cette fois-ci pour un bon whisky, indémodable. Il pivota sur le fauteuil pour faire face à son nouvel interlocuteur, posant un coude sur le comptoir pour s’y appuyer en tapotant sur la surface plane de ses doigts, tournant définitivement le dos au fou qui continuer à raconter sa vie à son verre qui semblait être d’une écoute digne d’un psychiatre.

Un bar paumé en exergue de la ville. Un barman qu’il ne connaissait pas, des clients qui n’étaient pas les siens. Un verre, un tabouret. Il avait pensé un moment qu’un peu d’alcool sans personne venant lui lécher les bottes pendant qu’il tentait de rassembler ses pensées l’aiderait, et ce fut vrai. Pendant un temps. Mais après plusieurs minutes, et le troisième verre arrivé, il semblait que ses pensées négatives lui revenaient, comme sur le banc qu’il avait squatté avant d’entrer dans cet établissement.

Cependant, il n’avait pas l’envie de revenir. Retourner chez lui, croiser ses hommes, sûrement des clients ou des connaissances, aussi, tout ça pour rejoindre un appartement vide de sens. Ca semblait au-dessus de ses forces. Et alors qu’il commençait à se dire qu’il devrait bientôt tenter de rassembler tout son courage et sa volonté pour y aller, il fut tiré de ses pensées par une voix. Une appellation. Ce type n’avait aucune idée de qui il était... Et cela rendait ses propos sincères en un sens, frais. Bien que la conversation n’avait rien d’exceptionnel et que son moral était toujours dans le négatif.

Il ne répondit pas au fait qu’il avait débarqué en ville seulement quelques jours auparavant. Touchant son verre fraîchement servi du bout des doigts, il eut un petit sourire. Il aurait pu discuter librement avec cet homme, pour une fois, être un peu lui-même. Mais en même temps, il ne pouvait pas vraiment lui dire que son secrétaire, sur lequel il avait plus que des vues, s’était fait descendre par une partie de la mafia qu’il ne contrôlait pas. Quelle ironie, décidément. L’homme se tourna vers lui, attendant probablement une réponse à sa question. Il s'exécuta donc.

- J’aime mon boulot, je ne suis pas marié...

Mais son amant n’était pas capricieux. Ce n’était même pas à proprement parler son amant d'ailleurs. Il avait été obligé de l’envoyer au large, avant même d’être arrivé à ses fins. Ses pensées s'échappèrent un instant de son contrôle.
Et s’il l’avait gardé près de lui.... ? Peut être serait-il encore en vie. Si ça se trouve, il aurait même fini par céder à ses avances. Sans même y penser, Kioshi laissa échapper un petit rire. Faible et amer. Quelle connerie... Quelle connerie !
Il finit enfin par briser le suspens sur la troisième proposition qui lui avait été faite.

- Et ce n’était pas vraiment mon amant non plus.

Pourtant, le secret de sa "mauvaise journée" résidait bien par là. Il reposa les yeux sur son voisin. Il était vraiment pas mal, du genre qui pourrait travailler pour lui s’il avait besoin d’un job, même s’il n’avait rien à voir avec le physique de Yûkio. Mais c’était pas plus mal. La phrase au passé avait peut être déjà parlé d’elle-même, cependant, et dieu-seul-sait-pourquoi, il ajouta :

- Et à présent, on ne pourra plus dépasser le stade du « pas vraiment ».

Peut être l’alcool déliait sa langue. Ou était-ce la culpabilité qui le faisait parler ?
Détachant ses yeux de lui, il attrapa le verre posé en face de lui et le vida d’une traite. Il voulait oublier. Au moins pour un temps. La haine, la violence qui régnaient en son cœur... La déception, le regret... la culpabilité. Ca ne faisait qu’un jour et déjà, balancer entre autant d’émotions dans la même minute le rongeait de l’intérieur et l’oppressait.

Mais à moins de se laisser aller à boire jusqu'au coma éthylique, ce qui somme toute ne paraissait plus si mal que ça, rien ne semblait pouvoir faire taire ces pensées, ces sentiments écrasants.

Des réponses énigmatiques, courte. Il écoutait d’une oreille plus ou moins attentive. Un bon boulot, pas de femme prenante… Tout pour être heureux finalement. Les femmes… une des choses que Toshyo supportait le moins. Il faut dire qu’il avait eu un mauvais exemple dans sa jeunesse avec sa mère. Bon… Même si ça peut être assez controversé d’un point de vue extérieur. Genre Lorenz n’avait sans doute jamais compris pourquoi il lui en voulait autant. Sûr que découvrir que sa mère est gay… Quand on est hétéro et fermé d’esprit ça se comprend. Mais Toshyo avait évolué, avait accepté son homosexualité, et lui en voulait toujours autant. Un des grands mystères de cette vie. Il y a des ressentiments comme ça qu’on ne peut pas supprimer même avec les années. Et puis, il lui en voulait plus pour le départ de son père que pour aimer les femmes dans le fond, mais ça lui faisait juste une bonne excuse. Quoi qu’il en soit, il évitait les femmes, et ce qu’il s’était passé avec la fiancée de son patron n’était qu’un exemple de plus que les femmes n’apportaient que des problèmes. Pas de femmes, pas de problèmes, vie heureuse, c’était aussi simple que ça. En général il valait même mieux éviter les relations de longues durées… Surtout dans les milieux obscurs, ce n’était jamais une réelle bonne idée. Trop de problèmes, trop de soucis, trop de failles apparentes. Après c’était le choix de chacun… faut pas chercher les raisons qui vous poussent à ça parfois. Il avait jamais compris pourquoi son patron s’était encombré d’une nana…Pourtant il était du genre calme et réfléchi. Enfin on est come on est, il avait respecté son choix sans vraiment en dire ce qu’il en pensait, finalement ça n’avait pas été une grande réussite.

« Pas vraiment un amant… Etrange formulation. C’était en cours… Ou que t’avais la volonté que ça le devienne. Mais c’est impossible je suppose… »

Il eut un léger sourire en coin. Ou alors c’était un coup d’un soir… C’était la soirée devinette ce soir. Une chance sur deux, il verrait bien en fonction de la réaction du monsieur. Même si le passé de la phrase pouvait indiquer beaucoup de choses au fond. Parti ou mort, disparu ou dans les bras d’un autre, quelle différence, quand c’est fini, c’est fini. On met peut-être juste plus ou moins de temps à faire son deuil. S’il a de la chance il va aller jouer au loto, sait-on jamais. Quoi que non, de une il n’avait de toute façon aucune chance, et de deux il n’avait pas besoin d’argent. Il était bien payer, son patron avait l’argent qu’il lui fallait, même si l’argent attire l’argent. Exception qui confirme la règle, Toshyo s’en foutait d’avoir de l’argent ou non. Il occupait ses journées, il avait un boulot qui lui plaisait, un patron qui lui plaisait… Une bonne mentalité de travail. Oui, il avait tout ce qu’il avait toujours voulu. Un mec à se faire de temps en temps quand ce n’était pas le patron. On est un homme ou on ne l’est pas il faut bien calmer ses hormones par un moyen ou par un autre. Il suffisait de savoir trouver ce qui nous convenait et la vie était toujours plus plaisante ainsi. Profiter de ce qu’on sans se lamenter sur ce qu’on n’a pas et le bonheur est à porté de main.

« Ouh… Vraiment une mauvaise expérience alors… »

Il le regarda vider son verre cul sec et secoua légèrement, la tête, appelant le barman d’un geste de la main pour lui faire signe de lui redonner un verre sans attendre. Il resta silencieux un moment, sortant un couteau suisse de sa poche pour commencer à jouer avec la lame. L’ouvrir pour la refermer, encore et encore. Tic nerveux qu’il avait depuis des années quand il se plongeait dans ses pensées. Besoin de jouer avec quelques chose de coupant entre ses doigts, il le faisait sans vraiment réfléchi et il s’était plus d’une fois déjà entaillé le doigt parce qu’il ne faisait pas vraiment attention à ce qu’il faisait. Le bruit de la lame sortant et rentrant dans son étui, léger chuintement feutré qui rythmait un tempo inaudible.

« Boire est-elle vraiment la solution… » Un simple murmure, conseil ou prétention, qui le savait réellement, dans le fond. « Tu devrais laisser sortir les choses une bonne fois pour toutes, après vous aurez l’esprit reposé. Ou tout du moins plus claire… S’appesantir sur des situations n’est jamais bonne augure et on n’en retire qu’encore plus d’ennuis. »

Paroles sages, ou bateau, il l’entendrait comme il le voulait. Même si la vérité qu’elles reflétaient était peut-étrenne véritable porte de sortie à moins quand on daigne s’y aventurer. Mince souvenir d’une situation qui ressemblait, certes d’assez loin, à une qu’il avait déjà connu. Il faut savoir agir intelligemment si on ne veut pas s’enfoncer dans le désespoir. Quand on a la force de le faire bien entendu… Tout être humain n’en est pas capable.

Kioshi attrapa son verre et le vida. Est-ce que ressasser l’aidait seulement ? Il ne pouvait même pas parler franchement. A qui que ce soit, d’ailleurs. Personne pour partager cela avec lui. C’est dans ces moments qu’on s'aperçoit à quel point on est réellement seul. A quoi ça sert d’avoir la ville à ses pieds si on ne peut même pas trouver quelqu’un dans ce genre de situation ?

Le barman s’approcha et lui resservit un verre de plus. Un énième. Comme le proprio tardait un peu trop à se retirer de derrière leur bout de comptoir, le rouquin lui adressa un regard noir significatif. Il n’avait pas envie que des rumeurs à la con se mettent à circuler dès le lendemain. Cela sembla suffire car moins de dix secondes plus tard, le barman était à l’autre bout de la salle.

Pendant ce temps là, son voisin semblait absorbé dans le maniement de son couteau. Kioshi ne s’en formalisa pas. Il ne pensa même pas une seconde qu’il pouvait s’agir d’une menace potentielle, à dire vrai. Non, le bruit lancinant, rythmé, n’était qu’un fond pour ses sombres pensées. Avec des « si », on refait le monde, il le savait. Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il serait arriver s’il avait agit différemment.

Il fut finalement tiré de son monde par le murmure du brun. Cela le fit sourire. Il savait déjà tout ça. Il savait aussi qu’il n’était pas censé être là. Que ce n’était pas responsable. Surtout pas de sa part. Que ce n’était plus le genre de choses qu’il pouvait se permettre de faire. Mais il avait envie de dire merde à tout ça. Quand on voit ce que ça donne, quand il essaie d’agir de façon responsable...

- Boire n’est jamais une solution, même quand c’est la seule chose qui semble s’en rapprocher.
Ce n’est qu’une mesure temporaire, je le sais bien...

Sa main caressait toujours distraitement le rebord de son verre, plein. Il releva son regard franc et teinté de tristesse vers son interlocuteur, et s’explicita :

- J’ai besoin d’oublier ce soir. Alors à moins que tu n’ai autre chose à proposer pour effacer toute pensée de mon crâne, je vais continuer à m’enivrer.

Non, il ne voulait pas s’appesantir, il voulait oublier... Il voulait se perdre pour la soirée. Ne plus être l’Omura de la ville. Ne plus être l’incapable qui avait poussé Yukio au devant de la mort. La pensée que ce jeune homme n’avait aucune idée de tout ça refit son apparition dans son esprit. Ah... Un innocent....
Sans même y penser, sa main était remontée au niveau du visage de l’homme qui ignorait tout, de son nom à sa position en passant par ses actions. Son regard se troubla. C’était un homme comme ça qu’il lui fallait. Un ignorant.

- Parce que je vois bien quelque chose... mais ce n’est pas le lieu.

Un ignorant, oui. Rien ne le forçait à accepter ce genre de propositions. Kioshi était-il encore capable de ramener un homme qui ne sache rien de lui ? Cela lui arrivait quelque fois de se demander si ses conquêtes étaient toujours bien réelles, ou juste dues à son « rang », à ce que son nom évoquait. Pourtant à ses débuts, il avait été un de ces séducteurs... un vrai succès. Où était passée cette époque insouciante ? Il voulait la retrouver pour une nuit....

Always wondering why, like a child..
Il suivit des yeux le mouvement du barman, et le regard que lui lança Kioshi sans cesser de jouer avec sa lame qui glissait le long de sa peau sans laisser la moindre trace. Etrange comportement… Peur et obéissance à la fois. Amusant… On voyait ça avec les relations patron employé ou simplement avec quelqu’un de connu. Aurait-il une faille dans sa connaissance… Possible après tout il venait d’arriver il ne connaissait pas tout le monde… Voir personne. Il y remédiera bien une fois qu’il serait seul. Ou alors il n’en aurait pas besoin, tout dépendait de la manière dont la soirée aller finir. Mais c’était intéressant, noter ça dans un coin de sa tête en suivant le barman s’éclipsait à l’autre bout du comptoir, là où il ne pourrait entendre leur conversation… Même si les sujets n’étaient pas des plus sérieux, lorsqu’aucunes informations n’étaient véritablement dévoilées.

Seems to be so dark here
Il écouta donc son interlocuteur s’expliquer sur ses raisons… Qui restaient donc bien floues. ; Il croisa les jambes sur son tabouret, un coude appuyé sur le comptoir, jouant avec son couteau d’une main, l’autre autour de son verre. Il releva les yeux vers le rouquin une fois qu’il eut fini de parler. Autre chose pour enlever des pensées… Il y a beaucoup de choses pour ça qui existe dans ce monde. L’alcool en est une. La drogue, le sexe, les jeux d’argent. Au final on fait ça mécaniquement sans vraiment savoir pourquoi on oublie. Toshyo a un penchant pour l’alcool, mais juste parce que ça l’éclate d’être défoncé finalement. Il ne cherche pas à oublier, ou alors si c’est pour ça, il a oublié ce qu’il devait oublier. Comme c’est efficace, bien qu’il ne soit pas alcoolique chronique non plus. Il ne crache juste pas sur un verre de temps en temps, dans un bar, une bière en rentrant du boulot ou pour accompagner.

« Besoin ou pas de toute façon t’as de rendre à compte à personne t’es assez grand pour ça… »

Surtout quand on voit la façon dont les gens réagissent quand il se trouve à proximité. On peut faire ce qu’on veut à partir du moment o on assume ses actes, c’est bien connu. Il haussa les épaules et finit par rentrer la lame de son couteau pour ensuite ranger ce dernier dans sa botte, place initial de ce petit ustensile qui pouvait toujours servir en cas de besoin. Pas besoin d’homme fidèle quand on a une arme mortelle à portée de main. Les objets sont parfois bien plus fiable que les humains pour protéger ses intérêts, et au moins, on ne pleure pas leur mort, ni leur disparition. Il observa la main de l’homme monter jusqu’à son visage sans chercher à éviter le contact, le laissant simplement faire en soutenant son regard dans lequel se mélanger à la fois tristesse et désarroi. Un mince sourire qui se voulait compatissant vint effleurer ses lèvres. Il pouvait sentir la chaleur de ses doigts au contact de la peau de son visage.

« Avec un peu de volonté, tout est possible…Si c’est une question de lieu, je peux t’inviter chez moi, si tu veux continuer à boire j’ai ce qu’il faut. Sinon il y a un hôtel en face. Dans un cas comme dans l’autre, au moins ça serait à l’abri des regards et des oreilles… »

Il posa ses yeux sur certaines personnes dans la salle qui les regardaient et qui détournèrent le regard en voyant que leur observation des moins discrètes avait été repérée. Son regard glissa jusqu’au barman qui était occupé à ses petites affaires avant de se reposer sur la personne en face de lui. Toshyo s’en foutait pour sa part, il n’était pas connu ici, il ne savait s’il en était de même pour son interlocuteur. Vu son attitude, ça devait bien être le dernier de ses soucis. Et puis ça ne le dérangeait pas de ramener quelqu’un, tant que ce n’était pas chez Lorenzo ça ne posait pas de problèmes. Il attrapa la main de l’homme dans la sienne pour la porter à ses lèvres, simulant un de ces baises main de l’ancienne époque avec ce même sourire en coin, ne sachant jamais s’il s’agissait d’une moquerie ou d’un simple sourire d’amusement. Une main qu’il garda dans la sienne après ce simple geste, bien qu’il lui laisse entièrement sa liberté si ce n’était pas réellement à son goût.

« Ca serait un plaisir de passer la nuit en ta compagnie, autant que ma venue dans ce bar soit profitable à un autre qu’un gérant avare. »

Simple courtoisie, jeu de séductions, amusement inutile. Une rencontre peut être le début de beaucoup de choses, mais que voulait-il réellement. Peut-être que l’histoire de cet homme l’intriguait. Savoir ce qui pouvait le mettre dans un état pareil. Lorenzo avait du déteindre sur lui pour qu’il s’intéresse autant aux gens. Même s’ils n’étaient pas forcément intéressant… Quoi qu’il n’était pas vraiment certain de ce point. Tout vient à point à qui sait attendre comme le disent si biens les proverbes… être réconfortant quelques fois dans sa vie peut bien porter ses fruits.

Oublier. Difficile à faire quand tout nous ramène à la réalité. Même sans le moindre mot, la simple façon de se comporter en sa présence était éloquente. Il suffisait d’un seul regard pour lui rappeler ce qu’il était devenu... Ironique, n’est-ce pas ? De se battre tant d’années pour construire quelque chose, pour la faire se développer, pour la façonner et la garder, et finalement... en être prisonnier. A moins de voyager loin de cette ville, il n’était plus possible pour lui de passer incognito, de parler librement, de ne plus se soucier de rien.
Et pourtant, il les aimait, son club, sa ville, ses hommes. Mais il est de ces jours où le besoin de s’échapper se fait pressant. Mais ce n’est plus possible. Toute chose autour de lui, toute personne, n’était qu’un reflet, qu’un rappel de l’œuvre de sa vie, de ses actions passées.

Trouver un ignorant en bordure de la ville... Un homme qui vienne lui parler de lui même, et qui corresponde à ses critères de beauté spécifiques... C’était étonnant. C’était... rafraichissant d'une certaine manière.
Alors que ce même homme lui avait fait resservir à boire, et qu’il parlait de son besoin d’oubli, cela lui parut une évidence que ce n’était plus qu’à travers lui qu’il pouvait trouver ce qu’il désirait le plus ce soir. Il ne lui fallut pas plus longtemps pour commencer à lui faire des avances.

Il voulait sortir de là, s’isoler un peu, ailleurs que dans ses appartements personnels. Quitte à ne faire que parler avec lui. Mais à sa grande satisfaction, l’homme sembla accepter ses avances, proposant l’hôtel ou chez lui. A l’abri des regards et des oreilles : cette description lui plaisait. Le brun avait remarqué qu’on les observait. C’était embêtant, il ne voulait pas qu’il commence à lui poser des questions ; mais après tout, cela pouvait passer pour de simples commérages, surtout dans un petit bar comme celui-ci, alors qu’un homme est très nettement en train d’essayer d’en séduire un autre.

Kioshi ne savait pas où habitait Toshyo. Il ne connaissait même pas son nom, à vrai dire. Mais il se doutait que s’il venait boire dans un bar aussi reculé que celui-ci, il n’habitait probablement pas en plein centre ville. De plus, il avait déjà "visité" l’hôtel d’en face et préférait se retrouver dans un lieu qu’il ne connaissait pas, dans lequel il n’avait aucun souvenir. Le choix fut donc vite fait.

L’homme attrapa sa main pour y déposer un baiser, ce qui le fit sourire légèrement. Il n’avait pas dû trop perdre de son charme apparemment : voilà qu’il se faisait courtiser. C’était le monde à l’envers. Mais justement, ça lui faisait du bien...

- Dans ce cas, laisse moi le temps de payer le « gérant avare », et allons voir chez toi en quoi tu pourrais m’être profitable...

Sur ces mots, son fin sourire s’agrandit très légèrement. Il lâcha la main de son voisin pour chercher son portefeuille dans l’une de ses poches. Il ne savait pas à combien de verres il en était, ni même combien ils coûtaient par ici. Surement moins cher qu’au Club, en tout cas. Hmm. Il secoua la tête en se rendant compte qu’il pensait de nouveau à tout ça, et sortit un billet correspondant à peu près à la valeur que lui annonçait le barman, qui était revenu sitôt qu’il l’avait vu sortir son argent. Un gérant avare, en effet.
Kioshi posa le billet sur le comptoir, et se retourna vers Toshyo. Il n’allait pas reprendre la monnaie, même pour éviter les questions. Ce n’était pas (plus) dans ses habitudes, et il pensait qu’il était stupide de courir après quelques sous quand on en a pas besoin et qu’on peut en faire profiter les autres.

Il attendit Toshyo puis se dirigea vers la porte, remontant légèrement le col de sa veste en passant celle-ci. Il se faisait tard et il faisait naturellement frais, d’autant qu’un peu de vent arrivait du port. Il regarda un instant les mèches de cheveux brunes de son vis-à-vis se balancer doucement, puis lui demanda par où ils devaient se diriger.
Les deux hommes commencèrent à prendre les ruelles....

Et on continue tout ça par là bas ~

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