Nerfs en pelote

Un claquement violent annonça l’arrivée de Nico dans son appartement. D’humeur massacrante le jeune homme ouvrit la porte de sa chambre et se jeta sur son lit, détruisant les oreillers. Il en avait marre, marre et marre ! Ces vieux imbéciles ne comprenaient décidément rien à rien. Ah si, un mot : argent…non deux : argent, pouvoir. Leur vocabulaire se limitait à ça.

Raaaaah ! Nico se releva, se fichant des plumes qui parsemaient le sol. Ses lèvres étaient pincées et il serrait les dents, come pour éviter de hurler. Finalement non. Il n’évitait pas. L’appartement normalement si tranquille – quand il n’y avait pas un démon à l’intérieur – résonnait de cris de rage.

« Mais vous voyiez monsieur, en faisant ceci, nous perdons et gnagnagni et gnagnagna. Imbéciles !Idiots ! »

Un coup de pied fit valser la table basse du salon qui s brisa en quelques morceaux de verre. Même le bruit ne réussit pas à faire reprendre ses esprits à l’héritier énervé. Et encore, cet adjectif semblait trop faible pour décrire l’état du jeune mafieux. Il était irrité, rageur, agacé, coléreux, tout enfin !

Saisissant ses clefs, il sortit de son logis tout aussi brusquement qu’il y était rentré. La mesure dont il dut faire preuve durant le court trajet de l’immeuble à sa voiture accentua encore plus sa colère. Démarrant dans un crissement de pneus, il roula à tombeau ouvert, sortant de la ville pour faire un, deux, trois tours. La vitesse échoua également à ramener en lui un peu plus de raison.

Nico revint en ville et ses habitudes le guidèrent directement au Luxurious club. Là il allait pouvoir se détendre…enfin, s’il ne brisait pas tout d’abord. De devoir se découvrir aux yeux des autres l’aida à remettre son masque de froideur en place. Mal ajusté. Un regard exercé pouvait deviner facilement la rage noire qui l’habitait.

Se plaçant au bar, il ne commanda rien. Une minute plus tard, il était à nouveau debout, mais sans qu’un de ses gestes aient été moins calme et élégant qu’à l’habitude. Non. Il n’y avait que ses yeux pour le trahir. Après avoir eu besoin de voir du monde, Nico avait brusquement le besoin de s’isoler.

Ses pas le guidèrent jusqu’à une chambre inoccupée. Là, il tira la porte, ne se souciant pas de savoir si on pouvait le surprendre dans cet état ou non. Ce qui dénonçait bien qu’il n’allait pas bien. Sa paranoïa n’était même plus présente. S’écrasant sur le lit, il prit sa tête entre ses mains et ses doigts se refermèrent sur ses cheveux, les tirant sans ménagement.

« Stupides, stupides, stupides, stupides ! »

Un autre cri de rage monta de gorge pour s’en échapper. Ce n’était pas de ces petites colères qu’il avait et qui parfois, le faisait ressembler à un gamin aux souhaits refusés. Non. C’était bien plus sérieux. Le genre de colère qui était suivie par des larmes. Celles qui chamboulaient totalement ses spectateurs et sa victime.

« Ils sont stupides ! »

Le jeune homme avait finalement prit congé de Shiki, et s'était empressé de quitter les zones trop fréquentées, n'ayant aucune envie de rester exposé de la sorte : un harcellement par jour, voir par semaine, c'était amplement suffisant. Et à voir les regards que certains clients lui lançaient, ou les mouvements esquissés, il vallait mieux qu'il s'empresse de mettre les bouts s'il ne voulait pas que ça recommence.
Tendu, il s'était donc dirigé vers l'escalier menant aux Chambres, sans savoir que ça ne le ramènerai nullement à la sienne, mais aux Chambres réservées pour les petits moments intimes avec les clients. Pressé, enfermé dans son monde, il mit une petit dizaine de mètres avant de se rendre compte de la chose...

Non seulement les couloirs avaient un aspect différent, mais en plus il n'avait pas souvenir de soupir et d'activités sexuelles aussi bruyantes dans l'entourage de sa chambre.

Il s'arrêta.
A tous les coups, il s'était perdu...

Le jeune homme soupira, s'écartant d'un pas pour laisser passer un couple déjà bien occupé à se lessiver les amigdales, et prit le temps de réajuster sa tenue - la petite altercation avec Shiki avait froissés et mis à mal les vêtements prêtés par Nico - tout en regardant autour de lui pour essayer de se situer.
Sans succès.
Avec un soupir, il reprit sa marche, suivant le couple un petit moment avant de s'engager dans un autre couloir, en direction d' un escalier de service qui saurait bien le ramener au rez-de-chaussée.

C'est à ce moment là qu'il entendit le cri de rage.
Un cri de rage poussé par une voix connue.
Etonné, il revint en arrière, jusqu'à une porte mal fermée qui laissait entrevoir une chambre vide de tout occupant à part l'homme assit sur le lit qui semblait en proie à une colère et une rage sans borne. Les mains dans les cheveux, se les tirait sans ménagement, comme pour faire passer sa fureur par la douleur...
Et puis il y eut les larmes.
Plus que l'attitude un peu masochiste de Nico, ce fut ce qui le choqua. Et l'incita d'abord à reculer pour s'éloigner.

Mais un autre couple arrivait. Et la porte n'était pas fermée.
Un instant, il hésita. Hésita entre sa pulsion première lui disant de partir, de l'abandonner là et de le laisser ruiner sa réputation, et la seconde, qui lui disait d'entrer et de fermer la porte derrière lui, et peut-être même aller sécher ces larmes...
Et puis il prit sa décision.

Quelques secondes plus tard, la porte de la chambre se refermait avec douceur et Vaem s'avançait prudement jusqu'au Sawada, nerveux, mal à l'aise, incertain de ce qu'il fallait faire, puis finissait par s'agenouiller devant lui et lui attraper délicatement les poignets pour écarter les mains malmenant toujours les cheveux.

- Vous allez vous blesser à force...

Nico n’avait même pas entendu la porte se fermer. Pas plus que les pas de Vaëm traversa la chambre. Il était totalement perdu en lui-même, au point qu’il ne pouvait qu’extérioriser ce qu’il ressentait par de la brutalité et par des larmes. Si l’hôte ne l’avait pas touché, il n’aurait rien vu…rien entendu.

Il se laissa faire, relevant son visage baigné de pleurs. Juste avant de le rebaisser. Se blesser…l’idée dans un instant de folie lui parût parfait. Parce qu’alors, il savait qu’on l’écouterait un peu plus. Et c’était ce qu’il voulait. Qu’on l’écoute…pas qu’on lui dise vous avez raison, mais…

Doucement, il prit le temps de se délecter de cette idée, oubliant Vaëm. Ses yeux brillèrent d’un éclat un peu fou avant de redevenir un condensé de rage. L’idée n’avait pas passé le semblant de raison de Nico. S’allongeant totalement sur le lit il se recroquevilla, essayant de rassembler cette colère et de la faire sortir.

« Stupides… »

Les sanglots montèrent, secouant le corps à la sature si rigide normalement. Depuis quand n’avait-il pas pleuré ainsi ? Ah oui…trois ans…depuis sa détention. Ou sa punition…ça dépendait du point de vue. Depuis il avait réussit à paraître parfait, au point que même son cadet le croyait. A cette pensée, un autre sanglot, plus gros que les autres, s’échappa de sa bouche.

Son frère…il n’arrivait même pas à s’en occuper correctement. Et maintenant, et maintenant…non, il le refusait complètement. Jamais il ne donnerait cet ordre. Jamais ! Ils pouvaient bien le tuer, le torturer, faire tout et n’importe quoi, il refusait. Et puis…c’était de la folie, du suicide, ça entraînait la ruine de la famille, de la mafia.

Ses mains se crispaient sur le drap, le chiffonnant ou plutôt, le déchirant. Mais Nico n’en avait cure. Après tout, il avait de l’argent, pas vrai ? Il pouvait tout se permettre, non ? S’acheter des esclaves, des gamins, des voitures, de la drogue, tout en un mot. Ces vieux schnocks qui ne comprenaient rien à la vie. Qui n’étaient que des gamins et même pas car un enfant savait réfléchir.

« Cons… »

Oui. C’était l’adjectif qui les définissait le mieux. Un peu plus calmé par cette constatation, Nico releva son visage pour regarder Vaëm. Il était perdu. Pour une fois, il ne savait vraiment pas quoi faire. Pour la millième fois, il aurait voulu ne pas être un Sawada. Ne pas devoir choisir entre être une marionnette ou un fou sanguinaire.

(juste un détail...Shiki, tu le vois le jour après avoir été déposé au club ? Parce que sinon, ça joue pas avec ma chronologie...)

[Oui X3 Vaem à fait un somme d'une nuit entre temps]

Il s'était donc avancé à pas feutrés jusqu'au mafieux, s'étonnant de l'absence de réaction de celui-ci, s'en inquiétant même. Honnêtement, vu comme l'homme avait réagit jusqu'à présent, il avait pensé se faire jetter hors de la chambre dès la porte fermée derrière lui... Lentement, il était venu s'agenouiller en face de l'homme, posant ses mains sur celles de Nico pour les écarter tout doucement de sa chevelure qui saignait déjà par endroit à cause des coups d'ongles et des tractions exercées sur le cuir chevelut.
Intérieurement, il se demandait vaguement pourquoi il faisait ça...
Après tout, il ne lui devait rien... non ?

Mais il ne pouvait s'en empêcher.

- Nico ?.... Répond-moi...

Mais l'autre semblait ailleurs. Complétement ailleurs. Dans un autre monde. Le siens. Perdu en lui-même.
Les yeux bleus rencontrèrent briévement les yeux verts, brillant de larmes se déversant sans retenue, mais aussi d'une certaine forme de folie. De folie désespérée.
De surprise, et un peu de peur aussi, il faut bien l'avouer, Vaem lui lâcha les mains.
Le Sawada était en train de péter un plomb...

Le mafieux changea de position, s'allongeant sur le lit, s'y recroquevillant comme un enfant blessé, un enfant puni à tors qui pleure de rage et de frustration, seul dans son lit, pleurant à gros sanglots incontrôlables. Et le coeur de Vaem chavira.
Il avait pensé le laisser tout seul, puisqu'il ne pouvait rien faire, mais il ne pouvait plus.

Doucement, le jeune homme grimpa sur le lit, à quatre pattes dans le dos de Nico, se positionnant de façon maladroite pour essayer d'être à l'aise pour le calmer. Sa main timide se posa d'abord sur l'épaule du jeune homme, puis glissa sur son cou, se voulant appaisante, mais il n'y eu aucun changement. Le corps du jeune homme continuait de trembler, secoué de larmes, et il ne pouvait rien faire...
Il se mordit nerveusement la lèvre inférieur.
Que faire ?...

Doucement, il se pencha en avant, défaisant patiement les mains crispées déchirant le drap, puis se redressa un peu en entendant l'insulte, étonné. Il ne savait pas trop de quoi parlait le mafieux, mais ce simple mot semblait lui avoir remit les idées en place.
Sans réfléchir, Vaem déplaça son poids sur le côté, ses doigts essuyant avec une délicatesse presque tendre les joues humides de larmes, puis il le prit spontanément dans ses bras, se laissant retomber en assit en arrière pour qu'il repose contre lui, une main glissée dans les cheveux noirs en bataille, faisant en sorte qu'il niche son visage au creux de son épaule.

Courbé au-dessus de Nico, il fit en sorte que ses bras et son corps prennent l'apparence d'un refuge, d'un endroit de calme et de paix où il pourrait tranquillement se réfugier, le temps d'achever de pleurer. De ne pas être seul.
Pas cette fois.

- Chhhh...

Perdu. Comment pouvait-on s’égarer à ce point dans les méandres de sa pensée ? Nico n’avait même pas eu une réaction particulière à la main sur son épaule. Puis sur son cou. Rien. Vaëm aurait pu l’assassiner sauvagement qu’il ne s’en serait pas rendu compte. Tout son fort intérieur était tourné vers un seul et même groupe. Le reste, il ‘en fichait.

A un moment, une définition lui traversa l’esprit et le calma un peu. Cons. On ne pouvait rien faire contre eux, ils étaient toujours plus nombreux. Il sentit alors les doigts sur ses joues, puis les bras autour de lui. Protection…Il en avait tellement besoin. Les pleurs coulaient toujours, souillant une nouvelle fois le visage du mafioso. L’étreinte de l’hôte lui offrait un refuge…Il y plongea aussitôt. Totalement.

Ses poings s’étaient crispés, mais ne déchiraient plus rien. Inconsciemment, Nico savait qu’il ne devait pas blesser celui qui lui offrait cette tranquillité. Les sanglots s’espacèrent, revenant parfois, plus violemment, plus doucement, au fil des idées du Sawada. Au fur et à mesure que sa colère laissait place à un désespoir profond. Un désespoir qui n’avait cessé de le ronger depuis son adolescence.

Pouvoir pleurer dans les bras de quelqu’un…être consolé…il en avait rêvé. La protection et la tendresse ainsi offertes lui permettaient de revenir dans la réalité…sortir du labyrinthe de ses pensées. Il n’avait pas envie de mots, juste de sentir ce corps former une barrière autour de lui. Nico voulait, l’espace d’un instant, du repos. Alors il pleurait. Qui, en le voyant ainsi aurait pu lui demander quelque chose ? C’était ce qu’il voulait. Paraître assez détruit pour pouvoir se reconstruire loin des problèmes.

Les larmes cessèrent lentement de pleurer, ressurgissant parfois, mais disparaissant finalement. Nico reprit sa respiration. Il refusait de quitter ce cocon que lui offrait Vaëm. Un enfant adulte, qui ne voulait plus retourner affronter la réalité. Se terrer en lui-même…oui…et être paisible…
Tatsuya…Arkalya…Yoru…
Les images de ceux à qui il tenait vraiment passèrent dans sa tête alors qu’une nouvelle fois, il se repliait sur lui-même. Des visages tristes…déçus…morts…Arrêtez…il ne voulait plus voir ça…arrêtez…s’il vous plaît…arrêtez…

L’héritier Sawada ne pleurait plus, il ne pouvait plus. La boule restait présente dans sa gorge, imposante…pas de larmes pourtant. Son visage figé dans une expression de terreur et de souffrance, il essayait de fuir la colère de ceux qui, en lui, lui reprochaient mille-et-une chose. Deux choix. La réalité. Ou ce cauchemar. Nico ouvrit les yeux.
Bleus. Un océan après une tempête.
Ils détaillèrent celui que leur avait offert asile. Le reconnurent enfin. Vaëm…ils s’écarquillèrent…un peu perdus.

Pas un mot. Nico ne voulait pas quitter cette étreinte rassurante. Il voulait oublier qu’il avait asservit cet homme. Il voulait oublier qu’il était l’héritier Sawada. Mais il ne pouvait pas. Brusquement, le cauchemar lui parut plus profitable et il referma les yeux. Trop tard. Le choix était fait. Pas de retour en arrière possible.
Fatigue.
Pleurer l’avait épuisé. Nico n’avait pas envie de se battre, ni de fuir. Il ne savait pas quoi faire…juste pouvoir se restaurer un petit moment. Mais en avait-il vraiment le droit ? Dans ces bras-là ?

« Je…tu… »

Non. Il ne savait pas quoi dire. L’ordre revint sonner à se oreilles et il gémit doucement. Comme un enfant en peine. Ses mains se tordirent entre elles et à nouveau il se blottit contre Vaëm. Plus tard. Plus tard il redeviendrait le Sawada. Pas maintenant.

« Merci… »

Voir un de ses rêves se réaliser. Est-ce que Vaëm se rendait seulement compte à quel point Nico lui était redevable ? Sûrement pas. L’héritier se sentait au calme dans ces bras-là. Il tremblait doucement, mais avait une impression de sécurité rassurante. Alors il se fichait de paraître fragile. De ce qui se passerait plus tard, Tant qu'il avait ces bras autour de lui.

Assit dans la lumière qui tombait sans rentenue depuis la baie vitrée s'ouvrant sur la ville, le corps d'un des hommes les plus puissant et dangereux de la ville tassé contre le siens, Vaem avait l'impression d'être plongé dans une faille d'irréalité intemporelle. Cette situation était si incongrue qu'elle lui paraissait iréelle... c'était tout bonnement impossible.
Et pourtant...

Il avait doucement prit le jeune homme dans ses bras, le serrant contre lui, le protégeant de son corps contre ces agressions intérieures qui lui arrachaient tant de larmes et de sanglots, sans même réfléchir aux conséquences que pourraient avoir un tel geste. Il s'en foutait...
Complétement.

Ses doigts glissaient doucement dans les cheveux noirs du mafieux en caresses appaisantes, jouant avec les mèches brunes, redescendant sur la base du crâne, effleurant le cou, puis revenant caresser le visage avec ce qui pouvait ressembler à de la tendresse.
Il avait beau chercher, il n'arrivait pas à trouver une rancoeur suffisante pour l'abandonner là, après lui avoir prodigué un peu de réconfort.
Son doigt recourbé essuya tendrement une larme, et il changea légèrement de position pour le presser un peu plus contre lui, son étreinte se faisant plus puissante lorsque les sanglots se faisaient plus lourds, ses caresses plus douces lorsqu'ils s'appaisaient un peu. La joue posée sur les mèches sombres, il le soutenait en silence, trop conscient de l'inutilité des mots en de telles circonstances, ses mains faisant avec délicatesse ce qu'aucune parole ne pourrait jamais faire.

Plongé dans ses pensées, le jeune homme ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il se rendit compte que cette situation lui était en fait familière : combien de fois l'avait-il fait pour les plus jeunes de sa famille ? Lorsque les enfants ne pouvaient plus parler, juste pleurer pour évacuer...
Ses bras se firent plus doux tandis que son sourire se faisait définitivement tendre. Il n'arrivait plus à concidérer Nico comme l'héritier des Sawada... ce n'était plus qu'un gamin perdu qui n'avait jamais eu l'occasion de pleurer sa frustration et sa peine dans les bras de quelqu'un. A l'abris. Sans honte et sans peur des conséquences.

A mesure que le temps passait, les sanglots s'espassaient, se faisaient plus étouffés, mais toujours aussi douloureux, jusqu'à n'être qu'une boule douloureuse logée dans la gorge. C'était la phase approchant le repos, celle qui menait au sommeille, et Vaem s'allongea doucement, l'homme toujours serré dans ses bras, ses doigts caressant avec délicatesse la gorge malmenée.
Il n'y avait plus qu'à attendre...

Un mouvement attira son attention et les yeux verts rencontrèrent les yeux bleus. Des yeux lavés par les larmes, mais torturés. Encore.
Ses doigts effleurèrent doucement la joue du mafieux qui lui tira un nouveau sourire avec son air de chiot perdut. S'ils n'avaient pas été qui ils étaient, il l'aurait certainement trouvé adorable et l'aurait serré avec force en faisant des commentaires stupides sur son air adorable. Il passa sa main derrière la tête de Nico la pressa doucement contre sa poitrine, l'empêchant de parler.

- Chut... un mot, et je m'en vais.

Heureusement, le merci fut étouffé par la chemise.
Prudent, le jeune homme se redressa un peu, tirant tant bien que mal la couverture sur le corps tremblant du mafieux, l'incitant au sommeil, avant de se rallonger contre lui et de le reprendre dans ses bras, ses doigts jouant de nouveau dans les mèches noires pour le calmer, le rassurer sur son droit de se laisser aller ici, d'en profiter, malgré tout.
Sa joue s'appuya contre son front et le silence se fit, appaisant, sécurisé. Hors du temps.

La puissance, la cruauté, le sadisme…Ces mots ne s’appliquaient pas au Nico qui se trouvait dans les bras de Vaëm. Devant la tristesse tous les hommes ne sont pas semblables, mais quand celle-ci les empoigne, les grands redeviennent petits. Au même niveau. Là où le seul souhait est d’avoir quelqu’un qui tient à vous, quelqu’un pour vous consoler. Malheureusement, le pouvoir demandait de lourdes tribus à qui le possédait. Y accéder relevait de la loi du plus fort.

Mais quelle douleur d’être supérieurs aux autres, d’y accéder ! Pour la plupart des hommes, les sentiments sont la clef des faiblesses. Pas de tendresse, pas de danger. Nico faisait apprentissage de l’inverse dans les bras de l’hôte. Sécurisé par cette étreinte, il se sentait assez fort pour affronter ses chagrins, pour leur laisser libre cause. Il n’avait plus peur de se laisser complètement aller…oubliant un instant que c’était à une de ses victimes que ses bras si rassurants appartenaient.

Lorsque ses pleurs se tarirent, Nico ouvrit les yeux, découvrant Vaë,. L’incompréhension fit vaciller son regard. Mais il ne voulait pas y réfléchir. Alors la menace n’eut pas grand-chose à faire pour le convaincre de se taire. Il souffla un merci tout contre le tissu de la chemise puis ferma les yeux. Une vague de fatigue l’emportait et en sentant la couverture sur lui couplée aux caresses dans ses cheveux, il cessa de nager à contre-courant.

Coupé du monde dans cette étreinte si rassurante, Nico ne se posait plus de questions. Il ne cherchait plus à tout comprendre, à tout maîtriser, trop occupé à ne pas sombrer dans le vide qui s’ouvrait sous ses pieds. Il s’accrochait à Vaëm comme à une bouée de sauvetage. Un rempart de tendresse et de délicatesse contré la brutalité du dehors. Un fort à l’intérieur duquel il s’abandonna et s’assoupit.

Sa crise de larmes l’avait emporté au bord e la conscience. Dans son sommeil, il franchit ses frontières, perdant son dernier lien avec la réalité. De mauvais rêves l’accueillirent, toujours peuplés de ses visions d’adolescent. Le premier homme qu’il avait exécuté, la première famille qu’il avait ruinée…Tous les sentiments qu’il avait alors soigneusement inhibés ressortaient…Plus vifs et plus acérés que jamais. Ses bras se refermèrent contre le corps qu’il devinait à ses côtés, refusant de lâcher jusqu’à ce que la phase paradoxale soit passée.

Alors seulement, il se détendît et dormit pendant ce qui lui sembla une quantité d’heure mais qui n’en était qu’une. Se réveillant, il détecta une masse à ses côtés et fronça les sourcils sans ouvrir les yeux. Rapidement, sa main alla chercher un des couteaux qu’il portait toujours sur lui. Sa tête lui faisait mal…il avait la désagréable impression que quelqu’un s’était amusé à lui faire le tour de la ville en le tirant par les cheveux.

Ses yeux s’ouvrirent alors, alerte…comme à chaque fois chez lui, son corps se réveillait plus vite que sa tête et agissait par impulsions. Aussi avait-il déjà son arme en position de défense quand les souvenirs remontèrent à la surface…et qu’il rougit. Replongeant sa tête dans l’oreiller, Nico essaya de retrouver son calme. Mission difficile. Avec sa mémoire revenait sa colère. Froide cette fois-ci, mais non moins importante. Ayant fait le point, il releva la tête et détailla Vaëm, le réveillant légèrement s’il dormait. Une question :

« Pourquoi ? »

Oui. Maintenant qu’il avait les idées plus claires, l’héritier Sawada voulait comprendre. Il se rendait compte dans quel état il avait été juste avant…sa vulnérabilité…totalement désarmé. Plus d’un en aurait profité, mais apparemment pas cet hôte…ce qui intriguait Nico, mais ne réussissait pas à chasser l’éclat de douleur qui régnait encore dans les yeux saphir.

Le sommeil avait finit par emporter Nico, l'enserrant de ses bras comme Vaem le faisait dans la réalité, l'emportant dans des cauchemars qui agitèrent longuement le mafieux, obligeant l'hôte à mobiliser ses dernières ressources d'attention pour l'appaiser et lutter contre la fatigue qui commençait aussi à se faire sentir.

Les yeux grands ouverts, posés tantôt sur le visage de l'homme entre ses bras, tantôt sur les mèches noires en bataille de ce dernier, le jeune homme avait passé un bon quart d'heure encore à jouer de ses mains, et parfois même de ses lèvres, pour prodiguer caresses et réconfort à celui qu'il concidérait présentement comme un enfant. Souvent, un baiser tendre sur le front et un murmure appaisant suffisait à calmer temporairement les tremblements, mais quand le plus gros des cauchemars débarqua, il n'eut d'autre choix que de le serrer très fort contre lui dans l'espoir de lui communiquer un peu de tendresse au travers du voile épais du sommeil, de lui rappeller que pour une fois, il n'était pas tout seul.
Et puis ça lui permettait d'oublier un peu la douleur qui irradiait de sa taille, là où les bras de Nico l'étreignaient par moment, lui enfonçant parfois les doigts, et les ongles, dans les reins lorsque ses visions intérieur étaient vraiment horribles.
Il allait avoir de beau bleus...

Au bout d'un petit moment cependant, les crises de tremblement et de terreur s'espassèrent, laissant progressivement la place au souffle calme et plein d'une personne plongée dans un profond sommeil.
Le sommeil d'après les larmes, le repos pour se régénérer. Et les traits du jeune homme se détendirent enfin.
Vaem sourit, passant tendrement une main dans les cheveux noirs, et déposa un dernier baiser sur le front de son protégé, se disant qu'il n'aurait probablement plus jamais l'occasion de revoir l'héritier dans cet état là, et amorça doucement un mouvement pour se relever, s'en aller avant qu'il s'en aille, avant que tout se complique...

Mais les bras ne voulaient pas le lâcher.
Même maintenant.
Il se rallongea avec un soupir résigné, se disant que tant pis, il affronterai son mauvais caractère à son réveil, et se permit de somnoler un peu, ayant toujours de temps en temps un geste appaisant lorsque Nico bougeait trop, ou avait l'air de retomber dans la panique.
Il commençait tout juste à s'endormir lorsque le mafieux s'éveilla.

Confusément, il sentit les muscles de son compagnon se tendre, allertes, et l'un des bras se dégager de lui pour probablement aller saisir une arme. La couverture se soulleva, lui indiquant que Nico venait de se redresser, et il poussa un soupir agacé en entrouvant les yeux pour voir ce qu'il était en train de faire.
Y'avait donc pas moyen de siester tranquille ?
L'autre changea encore de position, se rallongeant, et pendant dix petites minutes, Vaem pu somnoller tranquille, avant qu'une main ne se pose sur son épaule et le secoue légèrement.

Les yeux verts ensommeillés se posèrent dans les yeux bleus.
Et il resta silencieux.

Nico avait de nouveau l'air calme. Trop même. Ayant de nouveau reprit son masque de froideur distante, celle de l'héritier des Sawada. Mais il pouvait encore détecter la douleur au fond de ses yeux océans.

- ...

Doucement, il dégagea sa main pour venir effleurer la joue de l'homme du bout des doigts, puis il la laissa retomber sur son ventre, soupirant de nouveau, détournant la tête.

- Parce que.

Il se frotta les yeux.

- J'en sais rien... t'en as encore beaucoup des questions stupides comme ça ?...

Avoir quelqu’un à ses côtés en se levant alors qu’on était habitué à de la solitude pouvait être très perturbant. Au point où un corps rompu aux combats n’avait que la défensive comme reflexe devant l’imprévue et l’inconnu. Mais reconnaissant Vaëm et se rappelant de certaines choses, Nico rengaina son arme.
Pour plonger dans les oreillers…
Il ne savait vraiment pas comment se montrer à présent que l’hôte l’avait vu dans de ses crises de nerfs assez imposantes. Alors il reprit son masque de tous les jours et demanda des explications. Qui ne vinrent pas. La remarque réussit à le dérider un peu, soufflant contre les nuages de douleurs qui stagnaient encore dans les yeux bleus.

L’effleurement de sa joue avait tiré un haussement de sourcil du Sawada. Son masque ne tenait pas encore vraiment…il n’en avait pas envie…et puis à quoi bon quand votre vis-à-vis vous a vu pleurer, hurler de rage et sangloter ? One pouvait plus croire à de la froideur après ça.
Nico se laissa retomber dans les draps et passa une main dans ses cheveux noirs passablement décoiffés. Il se mordit la lèvre. Son instinct formaté par la mafia lui criait de tuer Vaëm puis de partir. Mais il ne voulait pas…et de toute manière, n’était pas sûre de pouvoir affronter Kioshi ensuite.

« Des tonnes, tu ne peux pas savoir… »

Elles tourbillonnaient d’ailleurs en lui, ces questions. Etrangement il n’avait pas envie de partir. Même la tension qui avait nourrit ses muscles un court instant l’avait quitté. Sa conscience avait de la peine à reprendre ses droits sur ses envies primaires. Pourtant, maintenant qu’il avait pu extérioriser ses émotions, il se sentait plus à même de réfléchir, de trouver des solutions.

« J’ai appris quelque chose en tout cas…t’es plus ouvert que t’en as l’air…plus entier aussi… »

Il plaisantait, mais n’avait pas vraiment le cœur à ça. Un soupire lui échappa et il ferma les yeux. Elaborer un plan, ça c’était de son domaine…mais là…il ramait. Nico rouvrit ses yeux et chercha les prunelles vertes. Sa bouche s’ouvrit pour dire quelque chose puis se referma. Qu’y avait-il à dire ? Un peu de gêne le bloquait quand même…Personne ne l’avait jamais vu pleurer depuis son père…Mais jamais personne ne lui avait offert la possibilité non plus.

« Ta main va mieux ? Et personne ne t’as forcé, j’espère ? »

Oui, il était véritablement inquiet. Parce qu’il n’arrivait pas encore à redevenir le Ncio froid et implacable…pas avec celui qui l’avait ainsi consolé. Il n'arrivait même pas à jouer le gros dur...Il lui semblait être pathétique comme ça...l'esprit encore fragile, mais tournant déjà pour se fortifier...

Inconscient de la menace qui pesait sur lui, à cent lieux d'imaginer que le reflexe primaire commandé par cette situation aurait été son égorgement pur et simple, Vaem avait sincèrement répondu aux questions de Nico, l'envoyant même un peu bouler, histoire de, parce qu'il avait sommeil et n'aimait pas être réveillé, puis l'avait regardé hésiter au dessus de lui avant de se laisser de nouveau tomber sur les draps.
Il le laissa réfléchir, les yeux clos, ne se doutant pas qu'il devait sa survie aussi bien à sa tendresse envers Nico tout à l'heure qu'à la flemme de ce dernier à affronter Kyoshi une fois le meutre fait, puis se tourna légèrement sur le côté, lui tournant le dos à moitié, une main près de son visage, prêt à se rendormir.

« Des tonnes, tu ne peux pas savoir… »

Il rouvrit un oeil et se tourna vers lui, un bras replié sous la tête.

- Et j'ai pas envie de le savoir...

Là aussi il était sincère.
Il avait aidé une personne en détresse, quelqu'un qui avait besoin de son aide... c'était tout. Il n'avait pas envie de s'étaller sur le sujet. Dans son esprit, c'était le genre de choses que l'on garde silencieuses, dont on ne parle pas une fois que ç'a été fait. Un peu comme deux amants partagent le secret interdit de leurs nuits.
Les autres n'avaient pas à savoir...
Eux n'avaient pas à en parler.

La réfléxion suivante lui tira un sourire... et un début de rire.

- Ravi d'avoir pu te renseigner sur moi...

Il eut un moment de silence, observant tranquillement le visage calme et un peu perdut de son interlocuteur. Il avait l'impression que la carapace de Nico était bien entamée, et qu'elle mettrait du temps avant de se reconstruir...
Et franchement, il préférait.
Les yeux bleus effleurèrent de nouveau son regard, et un instant, il cru que le mafieux allait tenter de reparler de ce qui venait de passer. Sa main était déjà a mi-chemin entre eux lorsque les lèvres se refermèrent, faisant place a un petit silence géné de la part du mafieux, silence qui finit par être romput par deux questions.

Vaem mit un peu de temps à répondre, étonné tout d'abord, par sa prévenance, et surtout complétement prit au dépourvu : avec tout ce qu'il s'était passé, il avait complétement oublié sa main.
Le jeune homme y jeta un coup d'oeil rapide, constatant avec étonnement que le bandage était piqueté de tâches brûnes. Probablement du sang séché. Obtenu pendant son altercation avec Shiki, très certainement...
Il la dissimula rapidement sous la couverture.

- Elle va bien. Un peu douloureuse, c'est tout.

Durant une poignée de seconde, il envisagea sérieusement de répondre que oui, on l'avait forcé, mais cela lui sembla très rapidement stupide. Il avait passé un bracelet de force en cuir par dessus le traceur pour ne pas que les gens lui accordent un traitement de faveur. Pour ne rien avoir à redevoir aux Sawada, et à Nico en particulier.
Alors non, il ne dirait rien.

- Non... les gens m'ont un peu abrodé, mais sans plus.

Ses yeux verts s'adoucirent.

- Tu te sent mieux ?

Une réponse qu’il n’avait pas demandée le fit sourire doucement. Il aimait bien cette manie d’être provocant rien qu’en disant la vérité…il aimait bien qu’on ne prenne pas de pincettes avec lui...Ca le rendait plus humain d’une certaine manière…et lui évitait l’impression d’être une divinité à craindre et à adorer. Parce que souvent c’était plus le côté de la peur qui l’emportait.

La réplique puis le début de rire le firent relever la tête un peu plus et il détailla Vaëm, remarquant qu’il portait toujours ses habits. Nico était un peu plus grand et moins fin que l’hôte et ses habits sur ce dernier le rendaient vraiment craquant, comme un gamin dans des frusques trop grandes.
Son sourire s’agrandit.
Il avait tellement de peine à maintenir son masque…à se reconstituer des barrières, elles qui étaient toutes tombées avec ses larmes. Il n’arrivait tout simplement pas à redevenir le Sawada froid et cruel. Pas avec Vaëm à ses côtés.

Ce dernier lui donna enfin une réponse quant à sa main. Mais il vit le mouvement pour la dissimuler et fronça les sourcils avant que l’autre précision ne vienne, suivit de près par une question, détournant son attention. Les yeux verts devenant plus doux, il détourna les siens et hocha la tête.
Non.
Ca n’allait pas mieux et ça ne changerait pas tant qu’il n’aurait pas trouvé solution à ce problème. C’était à se demander en fait ce qui le touchait le plus…l’ordre reçut ou qu’aucune parade ne lui parvienne. L’incompréhension du conseil de la mafia le dégoutait rien qu’en y pensant…ils ne comprenaient rien…ne s’adaptaient pas…comptaient sans les émotions humaines. Alors que Nico l’avait vu en étudiant l’histoire…à force de répudier ces besoins, le peuple se soulevait…opprimer sans délicatesse n’était pas bien opprimer. Au contraire ! Il fallait que la plèbe ne se rende pas compte des manipulations.

Ne souhaitant pas s’étendre sur ces pensées, tout du moins pas immédiatement, il se rappela alors d’un détail et vint prendre la main dissimulée tantôt. Il chercha ce qui aurait pu pousser Vaëm à la cacher et remarqua les souillures sur le bandage blanc. Un froncement de sourcil plus tard une de ses mains se referma sur le menton du jeune homme, le forçant à le regarder dans les yeux.
Le sang ne venait pas de la déchirure du membre…et apparemment, Vaëm n’avait pas d’autres blessures…ce n’était donc pas son sang…

« Tu t’es battu ? »

Son regard s’était fait dur et froid. Il n’appréciait pas l’idée que quelqu’un ait pu vouloir du mal à l’hôte. C’est alors qu’il vit le bracelet de force et lâchant Vaëm, il soupira, se recouchant. Cet hôte était impossible…son marché avec Nico ne lui apportait que des avantages…et il n’en usait même pas !
L’agacement gagna Nico.
Il ne s’était pas encore fait gueuler dessus pour avoir changé le contrat Vaëm, mais ça n’allait pas tarder. Et l’hôte n’en profitait même pas. Le conseil allait encore lui casser les oreilles…tout ça pour rien ? oh bien sûr, le jeune homme n’appartenait désormais qu’à lui…mais Nico n’était pas homme à forcer les gens pour ce genre de choses. Il n’y gagnait rien.

« Avec qui ? »

Trop calme. Son ton était bien trop tranquille. Les menaces qu’il ne contenait pas ne sentait par ce décalage entre la conséquence de la réponse et cet tranquillité apparente.

Il avait regardé avec fascination le sourire de Nico fleurir sur ses lèvres, s'amusant de ce changement d'attitude, et s'en émerveillant un peu aussi. L'héritier des Sawada avait des sentiments. Au delà de la violence, de la froideur et de la réctitude, au delà de la douleur provoquée par la rage et l'incompréhension, il avait des sentiments. Cette autre sorte de sentiments qui faisaient agir de manière spontanée, comme pour ce sourire.
Et son regard qui avait déjà commencé à changer sur le mafieux bascula de manière définitive.

Au delà de la mafia, de l'héritage, il n'y avait vraiment qu'un homme. Un homme blessé avec ses faiblesses, mais aussi avec quelques bons côtés qui ne demandaient probablement qu'à ressortir.
C'était seulement qu'il n'avait pas la bonne personne auprès de lui pour le faire.
Le jeune homme réprima un sourire.

C'était étrange de penser à Nico Sawada de cette manière... mais après la crise de larme et la détresse à laquelle il venait d'assister, il ne pouvait plus guère le concidérer comme un monstre sanguinaire tuant de sang froid dès qu'il était contrarié.
Oh bien sûr, il était toujours dangereux mais...
Dans l'esprit de Vaem, il ne l'était plus vraiment. Comme s'il avait franchit une faille. Il relativisait, le prenait avec plus de distance...
Quelque part au fond de lui, un sentiment de solidarité et de compréhension s'était ancré. Cachant même un début d'attachement encore fragile, mais présent.

Le sujet avait alors roulé sur l'état de sa main, et il l'avait habillement détourné sur l'état moral de son interlocuteur. Ce dernier avait alors détourné les yeux, faisant signe que oui, mais tout son corps trahissait le contraire.
Il se mordit légèrement la lèvre infiéreur.
Bravo Vaem... les deux pieds dans l'plat.

Le temps sembla se figer, vaciller, puis les yeux bleus se reposèrent sur lui et il reprit son cours dans une autre direction.
Une mauvaise direction d'ailleurs...

Lorsque la main du mafieux se posa sur la sienne, il hésita un instant à la retirer. Mais à quoi bon ? Il finirait probablement par voir les marques de toutes façons, alors à quoi bon résister ? Il sentit plus qu'il ne vit le changement d'attitude de son compagnon. Les doigts se crispèrent légèrement sur sa main, comme un tic de contrariété ou de mauvaise humeur, puis on le força à redresser la tête pour affronter l'océan qui de nouveau était en rage.
La question tomba comme un couperet.
L'instant de grâce était passé....
Les yeux verts se foncèrent.

- Non.

Nico remarqua alors son bracelet de force et le relâcha, se laissant retomber sur le matelas avec un soupir résigné. Irrité par son attitude, l'hôte lui s'était redressé, s'éloignant légèrement sur le lit afin de pouvoir croiser les jambes, le dos au trois quarts tournés par rapport au mafieux.
Doucement, il passa sa main sur son épaule, sous le tissus de la chemise, essayant de défaire les courbatures contractées une petite heure plus tôt par la séance de "sauvetage de Sawada" et un sourire cynique étira ses lèvres lorsqu'il repensa aux idées qui lui avaient traversées là tête sur l'humanité de ce dernier.
Non. C'était juste un point de vue de propriétaire qui se rendait compte que son achat pouvait être utile.
Il défit rageusement les liens retenant son bracelet pour laisser apparaître celui offert par le mafieux. La marque de son appartenance, le rappel de son absence de liberté. Son dos se redressa, et il se mit à regarder obstinément dehors.

- Personne. J'ai juste eu un problème avec un gars un peu trop bourré.

Mensonge.
Ses doigts se crispèrent sur sa chair autour du bracelet.
Il tourna lentement la tête pour le regarder par dessus son épaule, les yeux verts se plantant comme des lames dans les yeux bleus.

- Qu'on soit clair : aussi longtemps que j'aurais cette horreur je ne la montrerai pas. Je ne te dois rien et ne veux jamais rien te devoir. Plutôt crever.

Propriétaire de Vaëm, Nico avait effectivement pensé qu’il voulait faire payer des dommages et intérêts à celui qui avait malmené son jouet. Mais plus ensuite, et pas au début. Il avait réellement apprécié que Vaëm le console…il avait été le premier à l’avoir jamais fait. Au certes la mère du Sawada l’avait réconforté quand il était gamin. Mais il en avait été séparé tellement tôt…à ses cinq ans peut-être ? il ne se souvenait plus.
Un rêve réalisé…
C’était bien ce que lui avait offert l’hôte et Nico n’allait pas le considérer comme une marchandise après ça. Certes, Vaëm n’était que sa propriété, qu’un objet…mais ça c’était théorique, parce qu’en réalité, si ça avait été le cas, Nico l’aurait purement et simplement balancé plus loin au moment même où les ennuis se seraient pointés. Bon d’accord…il pensait toujours à se débarrasser du jeune homme dès que celui-ci cesserait de le distraire, mais là…il avait une dette envers Vaëm et commençait à tenir à lui autrement qu’à un jouet.

Non…il osait répondre non. Nico leva un sourcil devant ce mensonge flagrant vite contredit par la suite. Juste un problème avec un bourré, un ? Comme si les gardes de Kiohsi auraient laissé ça arriver. Surtout à une propriété de la mafia…enfin, les accidents, ça arrivait…même si l’héritier de la mafia avait plutôt tendance à éliminer les causes.
Bah…au fond, Vaëm n’avait rien eu et apparemment pas l’intention de se plaindre. Néanmoins Nico se renseignerait un peu, histoire de ne rien laisser au hasard. Le hasard…brrr, rien que le mot lui déclencha un frisson.

Les yeux verts se plantèrent alors, agressifs dans les bleus encore fragiles. Pour une fois, ce fut à Nico de lutter pour ne pas détourner le regard. Ce fut lui qui avait la tête remplis d’incertitudes. Il lui fallut quelques minutes pour retrouver une partie de force morale et déclarer tout simplement :

« Tu me dois déjà quelque chose. Je dois te tuer donc, non ? »

Nico avait un peu plus d’assurance dans ses yeux, mais il ne s’était pas relevé pour lancer cette phrase. Il n’avait pas envie de lutter. Pas encore. Mais petit à petit il redevenait joueur et le mafieux que Vaëm avait pu voir. Parce qu’il ne fallait pas oublier celui qu’il n’avait pas vu, celui qui aimait prodiguer de la tendresse en restant anonyme.

« Cette horreur te va bien, soit dit en passant »

Il avait effacé son sourire et fixait plus sérieusement l’hôte, le détaillant, retrouvant des forces au fur et à mesure que le temps passait, au fur et à mesure que Vaëm le distrayait. Le Sawada ne pensait plus au conseil dès lors qu’il voyait le regard furibond de sa victime et il en usait.

« Tu n’as pas changé de vêtements ? C’est mignon… »

Nico se releva sur ses paroles et chercha la porte de la salle de bain qui se trouvait toujours dans ces chambres aux allures de suites. Il ôta sa chemise, dévoilant ses bandages puis se rafraichit rapidement le visage, effaçant à grands jets d’eau les traces de ses larmes. L’eau était froide et il frissonna, ceci achevant de le réveiller. Il ne parlerait pas de la raison de ses sanglots, c’était personnel et de toute manière, il se doutait que Vaëm devait s’en contreficher. Par contre, Nico avait une nouvelle que l’jôte trouverait certainement très intéressante. Revenant dans la chambre, il se planta devant ce dernier et le dévisagea.
Allait-il le dire, ou non ? Ce serait une manière d’effacer sa dette…oui, mais pour Nico, cette dette était un peu trop grande par rapport à sa nouvelle…

La question du mafieux l'avait un peu prit au dépourvut, le plongeant brièvement dans l'embaras, le temps de trouver en quoi il pourrait bien avoir une dette envers lui. Puis la lumière se fit dans son esprit, balayant un instant l'agressivité de ses yeux pour la remplacer par de la perplexité, puis par une certaine irritation.
Si c'était vraiment de ça qu'il parlait, alors il était vraiment gonflé.
Les yeux verts se baissèrent légèrement.

- Oui.

Sa voix était calme, sereine même. C'était un état de fait. Doucement, son regard se redressa, moins agressif, balayant le visage du Sawad toujours allongé, se rassurant - malgré sa résignation sereine à mourir (ça ne le dérangeait pas tant que ça en fait, ce qui pouvait lui arriver. Du moins le pensait-il pour l'instant) - sur le fait que dans cette position, et avec cette expression encore douce et humaine sur le visage, il n'allait pas lui sauter tout de suite à la gorge.
Sauf s'il était extrémement rapide, et extrémement bon acteur.
Mais quelque chose lui disait qu'il était encore dans sa phase de faiblesse.

- Mais bon... si tu parles du fait de m'avoir épargné de me faire passer dessus par tous les membres du Club, je tient juste à signaler que non seulement c'est ta famille - ou toi-même - qui m'a mis dans cette panade en existant, mais qu'en plus de ça si tu ne m'avais pas rattrapé je serais loin et en sécurité.

L'expression de l'hôte s'était faite légèrement boudeuse tandis qu'il poussait peut-être un peu loin ses privilèges en parlant à Nico sur ce ton. Mais il tenait à préciser cet état de fait : à ses yeux, il ne devait au Sawada. Et il tenait à garder cette indépendance : il se débrouillerai seul, quoi qu'il arrive.
On l'avait peut-être privé de liberté, mais il n'allait certainement pas accepter d'être privé et d'autonomie, et d'indépendance dans ce qu'il faisait en dehors de ses relations avec le mafieux.
S'il n'avait pas déjà un peu poussé, il lui aurait séchement dit que ses avantages, il pouvait se les mettres au c*l.

La remarque de Nico sur l'horreur qu'il avait au bras lui tira un soupir. C'était vrai que l'objet n'était pas moche, loin de là même, et que pour une fois un bijou ne faisait pas complétement déplacé sur son poignet oseux. Mais ça restait un traceur. Une abomination.
Depuis qu'il l'avait, il sentait en permanence son poids sur son bras, et l'oeil invisible du satélite qui le pistait.
Un long frisson le parcourut.
Et il eut un rictus irrité.

- Ca reste une horreur... (son rictus se fit à la fois cynique et amer) Plus efficasse qu'une laisse et un colier avec une plaque pour savoir où me ramener... je le déteste. Je me couperai la main si je le pouvais...

Il avait murmuré ça les yeux baissés sur l'objet, ignorant totalement le regard bleu qui le détaillait. Il savait que ce dernier avait reprit son assurance, et que dans quelques minutes il ne subsisterait plus rien du Nico Sawada humain et en larmes qu'il tenait précédement dans ses bras. Tout reviendrai à la "normale", il n'y aurait plus que le monstre dur et froid qui s'était résigné à regner sa propre liberté.
L'hôte plissa les lèvres. Cette idée l'écoeurait. Ce n'était pas parce qu'il s'était fait une raison qu'il fallait imposer la même torture aux autres !!!
De nouveau, une étincelle de colère s'alluma dans ses yeux verts, et il entrouvrit la bouche pour lancer une réplique cynglante quand le commentaire de son interlocuteur le prit de court.

Les vêtements...
C'est vrais qu'il avait remis les même en se levant. Sans même y réfléchir. Il se sentait bien dedans, à l'aise, moins voyant que dans les tenues ceintrées du Club. Le fait que Nico soit légèrement plus grand et plus large que lui lui permettait de retrouver la sensation agréable de flotter dans ses fringues, de ne pas se dévoiler.
Pudique, il avait toujours haïs les affaires moulantes ou les trucs voyants.
Il pinça de nouveau les lèvres, contrarié.

- Ils sont confortables. C'est tout.

Ses épaules se contractèrent un peu quand le mafieux se leva, anticipant instinctivement un coup qui ne vint pas, et il l'observa aller se raffraichir, notant non sans une certaine satisfaction enfantine les bandages entourant le dos du mafieux. Ah ! Il n'était donc pas le seul à avoir souffert de leur altercation !
Tant mieux. Ca lui ferait un souvenir...
Un minuscule sourire amusé passa sur ses lèvres avant de disparaitre au contact des yeux glacés.

Pourquoi le dévisageait-il ainsi ?...
Le jeune homme resta un instant silencieux, ne pouvant empêcher sa nervosité de monter petit à petit, puis finalement, il craqua, demandant avec une pointe d'anxiété dans la voix :

- Qu'est ce qu'il y a ?

Nico avait son regard froid habituel, la faiblesse ayant été chassée au fond de lui-même. Amusé, il regarda la tension monter en Vaëm retrouvant sa délectation. Il aimait manipuler les gens…il ne pourrait d’ailleurs sans doute jamais s’en passer. Il n’avait pas trop apprécié les remarques de l’hôte…pas plus que ce sourire qui avait passé sur les lèvres du jeune homme avant de faner.

S’accoudant au mur, Nico savoura l’anxiété qu’il détectait dans la voix et un instant, un très court instant, hésita à le faire patienter un peu plus longtemps, à jouer encore. La tentation fut trop forte.

« Par rapport au système de dettes…j’aurais pu te laisser vider de ton sang…ou encore mieux, simplement te faire exécuter suite à ta fuite…ou même, au lieu de te faire entrer au club d’envoyer dans une mine…ou je ne sais pas…l’imagination ne manque jamais pour ce genre de choses. »

Il avait jeté ces mots en l’air comme s’ils ne signifiaient rien. Mais à la base, la mafia était responsable de tous les malheurs de Vaëm…sauf que c’était quand même lui qui avait eu la bêtise d’aller cambrioler une maison Sawada. L’héritier joua encore un peu, se taisant, fixant toujours l’hôte, puis lâcha :

« On a établit un contact avec ton frère. »

Petite bombe qui explosa au milieu d’une chambre paisible où le seul dommage apparent était les draps déchirés du lit. Tranquillement, Nico remit sa chemise, décomptant dans sa tête les secondes. Vaëm allait avoir une réaction et il ne savait pas laquelle….C’était ça que Nico aimait chez l’hôte, il était…imprévisible, en tout cas, pour l’instant. Peut-être ne dirait-il rien ? Ne ferait pas mine de réagir ? Ou alors au contraire se transformerait-il en danger public ? En tornade à maitriser ? Nico était comme devant un bon film ou un bon roman…suspendu pour voir où la trame le mènerait. Finalement, même si Vaëm avait accepté d'être tué, le Sawada voulait utiliser son jouet jusqu'à l'usure définitive.

Au moins, durant ce temps, il ne pensait pas aux vieux schnocks du conseil. Nico n’avait pas forcément pensé annoncer ça à Vaëm…mais il adorait tellement jouer avec les nerfs de l’hôte qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’utiliser sa nouvelle extension du jouet Vaëm. Se redressant, il alla regarder pas la baie vitrée, ne quittant pourtant pas le jeune homme des yeux…sa posture était droite, alerte…rigide. En ce moment, plus personne ne pouvait imaginer qu’à peine une heure plutôt, il était effondré dans les bras de sa victime.

Avait-il une quelconque affection naissante pour Vaëm ? On pouvait en douter…pourtant…Nico n’oubliait pas ce que l’hôte avait fait. Il n’oubliait pas les petits sourires…Mais la porte de l’amitié était réellement dure à franchir chez lui et Vaëm n’était pas avantagé de par sa position. Cependant, il grimpait les échelons, petit à petit, redescendant, puis remontant.
La confiance n’était jamais là. Aurait-elle pu naître d’une telle relation ? Oui…avec du temps…où certains événements. Vaëm, en le consolant en avait gagné une petite parcelle, encore fallait-il que Nico accepte de le montrer.
Se découvrir…
Il ne pouvait pas réellement le supporter, même s’il ne soupirait qu’après ça. Les habitudes ont la vie rude.

Pouvait-on oublier son passé ? Le jeune mafieux ne connaissait pas la réponse à cette question. Il observait Vaëm…lui avait essayé de se ranger, sans réussir…Maintenant encore, il payait pour d’anciennes bêtises…Un moment, Nico ressentit presque de la compassion pour ce jeune homme. Presque. L’héritier de la mafia était peut-être sensible, mais pas au point d’en perdre la tête.
Compassion…envers un ennemi…pfff
Ennemi, vraiment ? Nico l’avait classé là-dedans par habitude d’être haï. Mais il n’avait pas cherché très loin.

« Ne te coupe pas le poignet…tu perdrais au moins la moitié de ton charme »

Coup bas. Ce ne devait pas être agréable d’être traité comme une marchandise…marionnette pour Nico, marchandise pour Vaëm…laquelle des deux situations était la meilleure ?

( dis-moi, si le contact avec le frère gêne ^^j'ai d'autres idées)

La réponse à sa question n'était pas venue tout de suite. Visiblement, le Sawada prenait un malin plaisir à jouer avec ses nerfs, ménageant des temps de silence, continuant de le fixer avec intensité, une ombre de sourire dans les yeux et sur les lèvres, un petit air dur, sur ses traits, qui rappellait qu'il n'était pas n'importe qui, mais l'héritier. Et finalement, lorsqu'il avait ouvert la bouche pour parler, ç'avait été non pas pour satisfaire sa curiosité mais pour éclairsir un point dont Vaem (somme toute) se foutait : le pourquoi il devait déjà quelque chose au Sawada.

Pendant toute l'explication, le jeune homme resta de marbre, les lèvres légèrement pincées et son regard assombrit obstinément posé sur le visage de Nico. Même si les propos du mafieux pouvaient éventuellement se tenir et aboutir à la conclusion que Vaem lui devait purement et simplement la vie, l'hôte refusait tout simplement de les entendre. Pour lui les faits étaient clairs : tout ce qu'il devait à la mafia, c'était des emmerdes.
Et il avait déjà payé pour le reste.
Les coups pour ses rébeillons, les menaces ou des agressions pour ses magouilles, la balle pour son cambriolage... il était net. Il s'était rangé. Il n'aurait probablement jamais rencontré de Sawada si son frère n'avait pas décidé de le vendre plutôt que d'assumer sa bêtise.
Ses doigts se crispèrent un peu sur les draps.
Sous quel motif l'avait-il vendu d'ailleurs ? L'effacement de sa dette contre le cambrioleur de la villa qui en fait n'était pas mort ? ou son rachat par la vente du corps de son frère ? Si ça se trouvait, chaque seconde ici était un peu plus d'argent mis sur le solde de cet abrutit...
Et Nico avait beau dire qu'il aurait pu le faire placer n'impote où, quelque chose lui disait que c'était probablement comme ça que ça c'était passé... sinon pourquoi ne pas l'avoir simplement tué ou livré au mafieux cambriolé ? Quand au fait qu'il lui devait la vie...
Ses doigts se décrispèrent un peu et il effleura doucement le bandage de sa main gauche.
.... Il avait troqué la vrai mort contre une illusion d'existance. Est-ce que c'était vraiment gagner au change ?

Son attention revint rapidement dans la salle, se posant sur l'homme qui se taisait toujours, ménageant son effet avant de lâcher ce qui serait probablement une bombe.

Et qui en fut une.
On a établit un contact avec ton frère...

Le corps entier de l'hôte se figea, ses yeux prenant une expression indéfinissable tandis qu'il dévisageait intensément son interlocuteur en quête de vérité : était-ce vraiment le cas ? Ou seulement du bluf ?
Non... son expression était bien trop satisfaite pour que ça ne soit que du mensonge...
Ses poings se crispèrent.
L'autre lui tournait à présent le dos, enfilant tranquillement sa chemise, comme si de rien n'était, avant de se diriger lentement vers la baie vitrée avec l'allure allerte de celui qui vient de porter un coup mortel... et l'hôte ne bougeait toujours pas.

Immobile au bord du lit, le jeune homme se battait avec lui-même, en proie à une émotion qu'il n'aurait jamais cru pouvoir ressentir envers un membre de sa famille : de la haine. Quelque chose s'était brisé en lui à l'évocation par le mafieux de ce frère traitre, et une colère froide et maîtrisée battait dans son corps, irradiant chaque fibre de son être d'une rage d'autant plus dangereuse qu'elle était parfaitement contrôlée. Il était rarement dans cet état là...
Mais quand c'était le cas, la personne concernée faisait mieux de disparaitre pour longtemps.

Tout doucement, il détendit ses mains à plat sur ses cuisses, les lèvres toujours scéllées, et lança un regard profondément indiférent au mafieux. Mafieux qui fit alors une remarque qu'on pouvait interprêter comme étant une spéculation sur sa valeur marchande.

La seconde d'après le poing de Vaem était dans sa figure.

Ne laissant pas au jeune homme le temps de se reprendre, l'hôte enchaîna avec un coup vicieux vers le bas, l'entraînant il ne sut trop comment sur le sol, et se retrouvant bientôt à califourchon sur le bassin de Nico, l'un de ses genoux écrasant la main dominante du mafieux, son coude faisant pression sur la gorge de ce dernier.

- Où ? Quand ? Pour quoi ?

Nico s’amusait de voir la tension monter en Vaëm et dosait ses silences avec l’expérience de celui qui a questionné quantité de gens. Sa bombe lâchée, il observa, mine de rien, l’hôte, ayant néanmoins soin que ce dernier le remarque. La réaction le surprit…trop calme…beaucoup trop calme…Il aurait cru que cette nouvelle ferait plus d’effets. Il se retourna alors et détailla l’autre, notant enfin la crispation.

Ah…quand même. La satisfaction parut alors complètement sur le visage du jeune mafieux. Mais Vaëm ne bougeait pas et ça, ce n’était pas drôle….Nico rajouta alors une phrase, ne se doutant pas qu’il allait en faire les frais. Aussitôt un coup de poing lui arriva en pleine figure et il se retrouva couché par terre, sous Vaëm, sans trop savoir comment.

Des protestations de son dos lui parvinrent et il dut monopoliser sa concentration pour ne pas montrer sa douleur. Le genou qui écrasait sa main…L’avant-bras sur sa gorge…Un sourire appréciateur se dessina sur les lèvres du Sawada. Pas mal…la rue formait décidément bien au combat. Les questions firent lever un sourcil à Nico. Bizarrement, il ne se sentait pas en danger.

Un instant, il pensa ramener ses jambes et les croiser sous le menton de son adversaire. Mais la position de ce dernier, trop penchée, le lui empêchait. Deuxième solution, saisir le couteau qu’il gardait toujours à sa taille et retourner la situation. Le mafieux fit une moue…non, ça ce n’était pas amusant.

« T’as oublié qui et comment… »

Jouer avec les nerfs du jeune hôte était désormais un de ses passe-temps préférés. Nico n’avait pas envie de répondre tout de suite. De un, parce qu’il n’avait pas à le faire et de deux…simplement parce qu’il voulait découvrir l’intégralité de cette extension avant d’y apposer la seconde…Après un air pensif savamment calculé, il rajouta :

« Le quand est un peu déplacé d’ailleurs…après tout…je parlais de valeur…tu garnissais son compte… »

Boum…la mèche se consumait restait à savoir si l’explosif allait brûler…Gigotant un peu, Nico ramena sa main gauche et alla caresser les cheveux de Vaëm…comme s’il n’était pas dans une position délicate…à vrai dire, il ne se considérait pas ainsi. Ses yeux étaient paisibles derrière le premier écran de froideur.

« Je te félicite pour cette position soit dit en passant…très évocatrice… »

Son ton badin devait être irritant à force…Nico menait a conversation tranquillement, sans le moindre du monde délivrer les informations tant attendues…Il gardait ses cartes, les abattant une à une, menant la danse, moqueur…inatteignable.

La tension dans le corps du jeune homme donnait la mesure de sa fureur, tout comme l'éclat brûlant de ses yeux verts. Son coude faisait pression sur la gorge de Nico, mais ne l'écrasait pas encore, lui permettant de parler, de respirer aussi. Mais pas une seconde il n'aurait hésité à donner un grand coup qui aurait pu lui écraser la trachée... ou lui broyer les cervicales.
Ses épaules tremblaient légèrement tandis que l'envie de violence se disputait la primauté d'expression avec le froid calcule de quelqu'un qui à besoin de réponse.

Froid calcule qui lui faisait légèrement oublier à qui il s'en prenait.

La première réponse du mafieux valut une gifle sonnore et rapide à ce dernier. Le corps de Vaem avait à peine bougé, se redressant seulement légèrement pour pouvoir laisser sa main bandée s'abattre sur la joue du jeune homme puis laisser de nouveau place au coude. Son genou, lui, avait légèrement tourné, écrasant un peu plus la main tout en ammorçant un début de brûlure indienne.
Le fait de faire vriller la peau en faisant un mouvement de torsion avec un tissu, fut-il épais comme celui du pantalon de l'hôte, n'était jamais agréable.

- Je t'ai posé une question..., murmura-t-il d'une voix rendue rauque par ses dents serrées.

Sa machoire était tellement crispée que les tendons de son cou ressortaient selon ses mouvements.
Pesant de tout son poids sur les hanches de Nico, il eut la patience d'attendre qu'il ouvre de nouveau la bouche, réfreinant son envie terrible de lui enfoncer l'os de son coude un peu plus dans la gorge, et il su dès qu'il vit son expression qu'il n'aurait pas dû se retenir...
L'homme allait encore se foutre de lui.
Ca ne manqua pas.

Les paroles du mafieux lui firent l'effet d'une gifle en plein visage, et il dû fermer brièvement les yeux pour ne pas perdre tout contrôle de lui-même. Cette haine nouvellement née envers son frère était encore trop sensible, trop visible et trop atteignable pour un homme habitué à manipuler les autres comme l'était l'héritier des Sawada. Il fallait qu'il se calme...
Mais c'était peine perdue. A peine ces pensées avaient-elles effleurées sa conscience que les souvenirs des dernières heures lui revenaient en mémoire, et qu'il sentait la colère le gagner à l'idée qu'il avait protégé cet abutit des larmes et des gars haut placés qui arrivaient dans le couloir. Et qu'il le referait probablement encore si la situation se reproduisait sous son nez.

Une main vint effleurer ses cheveux.
Il sursauta.
Et recula la tête avec irritation.
Un instant perdu dans ses pensées, il n'avait pas vu la main arriver vers son visage, se glisser dans ses mèches châtain et se faire caressante.

- Ne me touche pas... répond !!

La pression se fit un peu plus forte sur la gorge de Nico, devenant certainement douloureuse, et le jeune homme vit rouge lorsque pour toute réponse à son injonction, il n'eut qu'un commentaire salace sur leur position.
Cet homme tenait-il donc si peu à la vie ?....
Ou alors... ne se sentait pas en danger ?...
Mais avant que cette conclusion n'arrive au cerveau de Vaem, son coude était partit heurter la machoire du mafieux, avant de se diriger comme un marteau-pilon vers la gorge offerte dans la ferme intention de la broyer...

Vaëm était un concentré de rage et loin de s’en inquiéter, Nico s’en divertissait. Il comprenait cette colère, comme ce besoin de réponse. Mais son plaisir passait avant les autres…pour une fois qu’il n’avait pas la mafia pour l’en empêcher…Le corps tremblant du jeune homme faisait naître deux sentiments ambigus en Nico. Tout d’abord une envie de continuer, jusqu’à ce que cet homme craque définitivement et ensuite…de lui accorder ce qu’il voulait. Mais la partie manipulatrice du mafieux était bien trop importante pour céder son caprice.

La gifle le surprit et durant un court instant, il ne se contrôla pas et fusilla Vaëm du regard. Puis ses pupilles redevinrent froides tandis que l’héritier notait soigneusement ça sur l’ardoise de l’hôte. Pour qui se prenait-il ? Avait-il oublié qui était Nico ? Apparemment. Une légère brûlure montait de sa main et il y jeta un coup d’œil rapide, rassuré en en constatant la source. Il voulait une réponse ? Le Sawada lui en donna une qui apparemment ne lui plut pas.
Nico eut un sourire de dégustation.
C’était délectable que d’observer Vaëm essayer de se calmer, puis échouer, puis réessayer. Loin d’obéir à l’hôte, le mafieux laissa sa main dans les cheveux châtains, ne l’ôtant que quand la pression sur son cou se fit douloureuse. Il lâcha un autre commentaire et son vis-à-vis ne parut pas apprécier, pas apprécier du tout même.

Le coup dans la mâchoire et la menace d’un broyage imminent firent réagir Nico. Là, ça devenait trop dangereux pour qu’il se permette un dernier caprice. Sa main gauche alla rapidement saisir son genou droit, par-dessus l’épaule de Vaëm et tendant ses muscles, pliant la jambe gauche pour donner un coup de rein, il renversa leur position. Ses yeux étaient devenus glaciaux et emplis d’un début de colère. A lieu de s’asseoir sur l’hôte, il se coucha sur lui, l’écrasant totalement, maintenant d’une main celles du jeune homme au dessus de sa tête. Nico le gifla d’un revers de main.

« C’est bon, tu t’es calmé ? »

Sa voix avait les intonations d’une envie de sadisme et de vengeance. Nico se demanda si finalement il avait tant que ça la flemme d’affronter Kioshi, puis regarda Vaëm et décida que oui. Après tout, l’homme ne lui avait pas encore réellement servi…à part la phase consolation…ce qui le retenait un peu. D’une main, le mafieux ôta sa chemise et la déchira, nouant avec le tissu les poignets de Vaëm, puis ses chevilles. L’hôte saucissonné, il se redressa et le regarda de haut, se massant la mâchoire d’une main.

« Je ne vais pas te dire où tu serais capable de t’enfuir pour aller le rosser…quant au pourquoi… »

Il s’arrêta et fixa son prisonnier. Doucement, ne prêtant cure de son bras, il le souleva e le mit sur le lit, en position assise. L’ardoise était effacée. A peu près. Nico s’allongea aux côtés de Vaëm.

« Ca fait un moment qu’on le cherchait à vrai dire…il avait disparu de la circulation sitôt après t’avoir trahi. On ne le situait que grâce à son compte. Je ne t’expliquerais pas comment on l’a retrouvé, mais l’important est qu’il est dans un de nos QG….pour recevoir quelques instructions. »

En réalité pour être soumis à un autre chantage et devoir travailler pour la mafia. Mais cela, l’héritier ne le précisa pas. Il se demandait ce qu’il allait faire à Vaëm pour répondre à sa petite prise de pouvoir. Pas envie de coups, ni de manipulations hasardeuses. L’idée lui vint alors qu’il lançait une dernière pique :

« Il est toujours en vie…rassuré ? »

Son air goguenard s’effaça au moment même où il se releva pour dévisager l’hôte. Son expression se fit beaucoup plus sérieuse et il passa une main dans les cheveux rebelles. Un petit mordillement de lèvres pus tard et sa main dérapait sur la nuque puis dans le dos. Il ne pensait pas avoir jamais dit à Vaëm qu’il ne forçait pas, et quelle meilleure remise en place qu’une belle frousse ?

Ses doigts allèrent chercher la cicatrice et la caressèrent doucement avant de passer sur le devant du torse et de continuer leur gentille exploration. Les yeux bleus brillaient d’une convoitise calculée. Il se maîtrisait parfaitement, et heureusement pour Vaëm.

Il ne s'était pas retenu, pas une seconde, trop ulcéré par la nouvelle de la prise de contact avec son frère et l'attitude nonchallament moqueuse de son adversaire, pour prendre en compte qui était ce dernier. Il n'avait plus l'héritier des Sawada sous lui, mais juste une source d'information qu'il fallait faire parler. Et tous les moyens étaient permi pour obtenir ces réponses qui tardaient tant à venir.
Mêmes les coups. Surtout les coups en fait...

Mais alors que son coude allait écraser la trachée de l'homme allongé sur le sol, ce dernier bougea, inversant brutallement leurs positions et l'écrasant au sol de tout son poids, lui coupant la respiration en pesant sur sa poitrine. L'hôte tenda de se dégager, mais une main vint rapidement réunir les siennes au dessus de sa tête, le privant de toute possibilité de mouvement, et un revers phénomènal lui fit détourne les yeux, le sonnant un peu, lui fendant la lèvre inférieure.
Halletant, respirant avec difficulté, il tourna lentement la tête vers Nico lorsque celui-ci lui demanda s'il s'était calmé... et il eut pour seul reflexe stupide de lui cracher son sang et sa salive au visage.

Non il n'était pas calmé. Loin de là. Et même si les intonations du mafieux lui donnaient froid dans le dos, il était encore trop hors de lui pour réellement penser aux conséquences. Qu'il cogne ou se venge... il en avait rien à faire. Tout ce qu'il voulait, c'était des réponses...
Le jeune homme tenta de se cambrer, de forcer sur ses bras pour les libérer, mais n'y parvint pas : le Sawada pesait trop lourd sur lui.

- Lâche-moi !

Mais l'autre l'ignora. Le dépossédant rapidement de sa chemise, il se servit des lambeaux de cette dernière pour l'attacher aux poignets et aux chevilles avant de se redresser, le regardant de haut.
Vaem, lui, roula sur le côté, respirant un peu mieux, et s'attaqua à coups de dents au noeud trop serré qui immobilisait ses bras, affectant d'ignorer complétement l'homme qui le surplombait en se massant la machoire.
Il refusait toujours de lui répondre...

Les bras du mafieux passèrent autour de lui, le faisant sursauter, et il se retrouva bientôt soullevé dans les airs puis déposé sur le lit, en position assise, alors que l'homme s'allongeait à ses côtés, lui annonçant de ce même ton badin et irritant qu'il avait eut depuis le début qu'ils avaient situé son frère grâce à son compte... et qu'il était actuellement au QG pour recevoir des instruction.
Le jeune homme se figea, ses dents se desserrant légèrement de sur le noeud sur lequel il était toujours en train de s'acharner.
Au QG pou recevoir des instructions ?
Il se redressa lentement, ses yeux se posant sur le visage tranquille de Nico.

- Il travaille pour vous ?...

La voix était à la fois enrouée, incrédule et tendue. Il avait donc osé ?.... Le vendre et en plus s'engager dans la mafia ??
Il ferma brièvement les yeux pour se laisser le temps de se reprendre.
Ce connard avait osé...
La voix de Nico le fit sortir de ses pensées et un sourire sauvage passa sur son visage.

- Parfaitement oui. Très rassuré même... j'aurais peut-être une chance de le croiser.

Il se tendit un peu lorsque le mafieux se redressa pour le dévisager. Une main s'approcha doucement de sa tête, se glissant dans les mèches en batailles, et le jeune homme secoua légèrement la tête pour la chasser, ne pavenant qu'à la faire descendre sur sa nuque.
Il frissonna. Il n'allait quand même pas ?.....

La main descendit sur son dos, allant chercher la cicatrice de la balle qu'il avait prit dans la poitrine, puis passa doucement sur son torse, se mettant à le caresser, lui arrachant de nouveau un frisson. Ses mains liées attrapèrent la baladeuse et l'écartèrent tandis qu'il ramenait ses pieds joints contre lui pour pousser dessus et s'éloigner un peu du mafieux, son coeur s'affolant dans sa cage toracique. Il n'aimait pas la lueur qui brillait au fond des yeux de glace...

- Ne me touchez pas....

Nico avait réellement eu du mal à se contenter d’un seul coup. Parce que le crachat, il avait moyennement apprécié. Pourtant, il s’était contenu, se persuadant qu’il y avait mieux à faire et avait installé l’hôte plus confortablement avant de reprendre son monologue. Maintenant qu’il n’avait plus rien à craindre du jeune homme, le mafieux avait conservé sa voix tranquille. Une conversation de café, tout au plus…Parfois être calme était le meilleur moyen d’énerver son vis-à-vis.

Voir Vaëm ronger ses liens faisait naître un rire que Nico avait beaucoup de mal à contenir. Alors il avait évité de contempler ce chat sauvage et c’était allongé. La question et la réaction du jeune homme le firent sourire glacialement.

« On peut dire ça comme ça. »

Vendre quelqu’un à la mafia, c’était prendre contact avec elle et quand nos dettes se montaient très hauts, ce n’était pas une bonne idée. La mafia ne lâchait jamais personne et le frère de Vaëm allait l’apprendre de la plus rude manière qui soit. Le chantage…merveilleux petit instrument. Se redressant l’héritier capata le sourire sauvage en même temps que les paroles. Moqueur, il précisa à ce jeune utopiste :

« Je ne crois pas…il ne va pas t’approcher et toi…tu n’es pas libre. »

Puis il mit sa vengeance à exécution.
Sa main goutait à la peau de Vaëm, appréciant sa texture et sa douceur. LE schéma de la cicatrice glissa sous les doigts agiles de Nico. Des doigts de voleurs, des doigts qui savaient n’effleurer que légèrement. La main écartée, Nico vit le retrait avec un sourire satisfait qu’il dissimula. Sa vengeance n’était pas encore terminée.

« Oh ? Notre contrat t’es déjà sortit de la tête ? »

S’écartant un peu, Nico ôta sa propre chemise cette fois puis rejoignis Vaëm sur le lit. Un instant, il ne fit que de le contempler, plaçant un sourire affamé sur ses traits. Si l’hôte avait pu lire en le mafieux, il aurait vu qu’en réalité, Nico s’amusait comme un petit fou.

Sa main repartit à la conquête du torse dénudé, jouant avec les motifs des muscles, se faisant parfois légères ou lourdes. Sûr que l’hôte allait résister, Nico attrapa les mains liées et les maintint à l’écart tandis que sa jambe écartait celles du jeune homme. Le loup s’attaquait à un mignon petit chaton sauvage. Nico y allait tranquillement, de toute manière, il ne voulait pas aller jusqu’au bout, juste reprendre sa revanche sur les coups. Alors sa main effleurait très lentement le torse. Juste pour provoquer des frissons. Le reste viendrait ensuite.

« Kioshi avait l’air très satisfait de toi… »

Sciemment, il faisait monter la tension en son cadet. Des paroles salaces par-ci, par-là, des gestes mesurés mais aux bons endroits…La manipulation après le vol était la branche favorite de Nico…ensuite venait la torture psychologique…C’était vrai qu’il aurait préféré n’être pas né Sawada, mais les instruments qu’on lui avait appris, il les utilisait avec brio. Son éducation mafieuse n’était pas totalement ratée…loin de là…

« Et surpris que je ne t’aie pas encore touché… »

Ses doigts agrippèrent le collier qu’il avait déjà vu sur sa victime et il le détailla. Pour le délaisser. Apparemment, Vaëm y tenait, et Nico n’était pas assez méchant pour le lui ôter. Et puis…ça ne faisait pas partie de son plan. Sa main alla traîner autour des tétons de l’autre, les tordants gentiment tandis que sa langue allait effacer la traînée de sang sur le menton de Vaëm. Nico était plongé dans sa vengeance calculée et s’il éprouvait de l’amusement, c’était tout. Pas de plaisir charnel. Son esprit était trop froidement logique pour l’instant.

« Ce n’était pas un ivrogne…j’en suis sûr…bah, je l’apprendrais bien un jour ou l’autre…après tout, presque tout le monde sait que tu m’appartiens… »

Son sourire se fit sadique alors qu’il appuyait bien sur une plaie qu’il devinait profonde. L’hôte n’accepterait sans doute jamais sa nouvelle qualité et tant mieux. C’était bien plus drôle ainsi.

La répartie de Nico à son sourire sauvage avait allumé une petite étincelle au fond de son regard, entre défis et amusement, comme si sa liberté n'était après tout qu'une question de temps.
Ce qui n'était pas tout à fait faux : il n'accepterai jamais de rester en cage bien longtemps. Et il était sûr de pouvoir trouver une cisaillle ou une pince coupante assez tranchante pour le débarasser à jamais de ce foutu bracelet traceur. Ensuite n'importe quel chat errant ou bout de bois ferait l'affaire pour le porter en colier et égarer ainsi ses poursuivants assez longtemps pour qu'il puisse gagner la frontière et disparaître.

Et puis le mafieux le toucha.
Son premier reflexe fut bien sûr de le repousser, tout le corps hérissé de dégoût et de nervosité à l'idée qu'il puisse vouloir profiter de cette seconde partie de contract que l'esprit de l'hôte avait prit grand soin d'oculter. Après tout... jusqu'à présent l'héritier des Sawada semblait plus s'amuser à le torturer mentalement qu'à le toucher... mais il allait effectivement de soi que ce moment finirait par arriver : a quoi bon avoir un hôte privé si on ne peut pas profiter de son corps ?
La machoire de Vaem se contracta à la remarque allant dans ce sens.
Bien sûr que oui ça lui était déjà sortit de la tête !

Ses yeux verts suivirent les mouvements du mafieux, méfiants, farouches, essayant de lui interdire toute tentative de geste ou de caresse envers lui. Mais ça ne servait évidement à rien...
L'homme retira sa chemise et s'allongea à ses côtés, le dévorant du regard, et le jeune homme ne put empêcher un frisson bien visible de le secouer. Ses muscles étaient tellement tendus d'appréhension qu'il en avait de légers spasmes qui agitaient doucement sa peau.

La main entra de nouveau en contact avec son torse, et avant qu'il n'ai pu la repousser, il était allongé sur le dos, les mains maintenues par celle de Nico, l'une des jambes du mafieux immicé entre les siennes.
S'il n'avait pas été lié aux chevilles, il l'aurait castré sur le champ d'un grand coup de genou.
Le corps de l'hôte ploya, essayant d'échapper aux caresses du mafieux, ses bras tirant vers le haut pour se libérer de son emprise.
Mais c'était inutile...

Les doigts de Nico courraient doucement sur sa peau, lui prodiguant des caresses complétement différentes de celles de Kyoshi. Au lieu d'être larges et possessives, les mains se faisaient légères, effleurant à peine avant de se retirer et de reparaître ailleurs, déclanchant chez Vaem une multitude d'agréables petits fourmillements se traduisant par le frémissement sporadique de sa peau et de ses muscles au passage des doigts baladeurs.
C'était horrible...
Et rendait le contrôle de soi beaucoup plus difficile que sous les caresses du patron.

Le jeune homme s'agita sous Nico, tentant une nouvelle de fois de le repousser, son regard s'emflamant encore de colère lorsque l'héritier s'amusa à faire une remarque sur l'avis de Kyoshi à son égard. Il ne savait pas que son patron avait dit au Sawada, mais il n'avait pas sépcialement envie d'entendre reparler de sa première fois.
Son corps s'arqua brutallement et ses dents claquèrent non loin de la gorge du mafieux pour le lui signifier.
Qu'il aille au diable !

- Et donc du coup tu te dépêche de combler ce manquement ? Comme tu es peu influençable !

Oui bon, d'accord, c'était stupide comme reflexion, mais comme un animal, il avait besoin de mordre pour se défendre, et à défaut de pouvoir le faire physiquement....
Ses muscles se crispèrent lorsque la main qui le torturait jusqu'à présent s'attarda sur sa chaîne pour l'observer. Un instant, il cru que l'autre allait le lui arracher, mais la petite clef revint se loger contre sa gorge, et il se détendit brièvement avant de sursauter aux caresses autour de ses tétons. Un soupir sonnore et surprit s'échappa de ses lèvres.

- Nnh...

Sa poitrine malmenée durcie rapidement sous les doigts du mafieux, excitant partiellement le reste de son corps qui se figea au passage de la langue sur son menton.

« Ce n’était pas un ivrogne…j’en suis sûr…bah, je l’apprendrais bien un jour ou l’autre…après tout, presque tout le monde sait que tu m’appartiens… »

Les yeux verts se plongèrent profondément dans les yeux bleus encore si proches.
Un ange passa...
Et le front de Vaem alla violement heurter le nez du mafieux.
Autant pour la propriété.
Un coup de rein lui permis de remonter les genoux assez haut pour pouvoir amorcer un mouvement de fauchage qui fit basculer Nico sur le côté sans pour autant permettre à l'hôte de reprendre le dessus, comme il voulait le faire. Ses mains se libérèrent tant bien que mal et il s'appliqua à essayer de mettre ses doigts dans les yeux de son adversaire.

Dire que Vaëm était réticent était un euphémisme et ça ravissait Nico. Ce corps tendu d’appréhension, cette peur qu’il sentait monter, en même temps que de la colère certainement…L’héritier Sawada savourait sa revanche, prenant soin d’y aller de manière à ce que rien ne puisse lui résister. Pas de main franche et imposante qu’on pouvait détester ou en être dégouté. Non, juste de petits passages avec ses doigts, des doigts qui parsemaient la peau de petite caresses légères et qui sentait très bien les frissons de l’hôte.

Que Vaëm claque des dents à sa proximité ne fit pas vraiment renoncer Nico. Au contraire. Il adorait voir ce corps résister contre le sentiment agréable qui devait le prendre. Le mafieux eut un rire à la remarque, surtout à son inutilité en fait. C’était la détresse que Nico sentait dans ces mots. Un dernier acte de bravoure…Quoique…avec cet hôte le repos n’était jamais de mise, ou presque.

Le collier était apparemment un interdit et Nico ne s’y attarda pas vraiment. Si Vaëm avait encore un trésor, il n’allait pas l’achever. Ca ne l’intéressait pas. Contrairement à ce magnifique soupir qui s’était échappé de son prisonnier. Juste pour jouer encore un peu, Nico accentua l’empreinte de ses doigts, les faisant un peu plus présents, mais toujours virevoltant autour des tétons. Mais il allait bientôt partir ailleurs…si Vaëm y prenait du plaisir, sa vengeance était ratée…à moins qu’elle ne prenne une autre forme.

Ces idées fleurissantes fondirent peu après. Apparemment le coup de langue et la remarque avaient été de trop. Nico se tenait le nez tout en restant à l’écart de ces doigts meurtriers. Ouf. Il n’était pas cassé. Douloureux, mais intact. Cette fois-ci, l’amusement avait totalement été rayé des émotions présentes de Nico. D’accord, se révolter faisait partie du jeu. D’accord, il aurait pu le prévoir. Mais il y avait des limites à ce qu’un esprit peut supporter. Et malheureusement pour Vaëm, Nico n’avait pas des nerfs d’acier dans son état actuel.

Le mafieux se redressa et envoya sa main rencontrer une nouvelle fois la figure de Vaëm. Puis il se redressa, un orage naissant dans ses yeux. Un orage qui prit bientôt des allures de tempête alors qu’il le giflait encore une fois. Histoire qu’il soit assez groggy. Puis les nuages disparurent en surface pour s’amonceler plus profondément et Nico détacha les mains de Vaëm pour les nouer de part et d’autre du lit. Même chose pour les chevilles. Il avait du sacrifier sa chemise pour ça, mais il n’en avait cure.

Le Sawada fixa un moment l’hôte, sans rien dire. Glacial. Puis le sadisme teinta ses yeux et il ôta directement le pantalon du jeune homme, le déchirant sans vergogne. Ses doigts recommencèrent leur valse. L’héritier de la mafia avait une idée derrière la tête. Pour plier Vaëm, au moins une fois. Lentement, très lentement, ses caresses parcoururent le torse, puis les bras, le cou, les jambes. C’était un toucher ici, puis là, une accélération, un ralentissement.

Nico utilisait sa légèreté plutôt que sa force. Au lieu de s’imposer, il imposait à l’hôte ses propres réactions, jouant avec cette peau si douce et si sensible, repassant aux endroits plus réceptifs. Il ne parlait pas, laissant un silence lourd stagner dans la pièce. Un silence qui permettrait à Vaëm d’entendre ses gémissements quand le temps viendrait.

La première giffle lui avait fait comprendre qu'il était allé beaucoup trop loin, ou du moins qu'il avait atteind la limite actuelle de son compagnon. Sa lèvre inférieur se remis à saigner, et le goût désagréable du sang envahit sa bouche tandis qu'il tournait lentement la tête pour affronter le regard du mafieux qui le surplombait. La peau de sa joue le cuisait, et déjà, l'hématome à peine résorbé qui s'y trouvait auparavant reprenait ses droits sur son visage.

Ses yeux effleurèrent ceux de de Nico, et pour la première fois, Vaem eut peur. Vraiment peur.
Jamais encore auparavant il n'avait éprouvé de frayeur devant lui. Jusqu'alors, il avait ressentit un peu de crainte, de l'appréhension aussi, mais c'était la première fois qu'il éprouvait une véritable frayeur.
La seconde giffle le sonna carrément cette fois-ci, le laissant groggy et débousollé, et à peine en mesure de se défendre lorsque le Sawada lui dénoua les mains. Ses bras résistèrent faiblement, et il se retrouva bientôt attaché au bois du lit, jambe écartées, les mais rendues légèrements douloureuses à cause de liens trop serrés autour de ses poignets.
Un grognement contrarié monta du fond de sa gorge à mesure qu'il recouvrait partiellement ses esprits, encore secoué par les coups qu'il venait de recevoir, et les yeux verts s'entrouvrirent pour chercher les yeux bleu, appréhendant un peu ce qu'il pourrait y lire.

Il n'y vit que l'envie de faire du mal.

- Non !...

Le cri avait jaillit tout seul de sa poitrine, quelques secondes à peine avant que Nico ne déchire viollement son pantalon, le métant presque à nu, avant de recommencer lentement la valse des doigts sur sa peau, la faisant frémir, son corps étant rapidement parcourut de frissons et de spasmes incôtrolés. C'était indégnable... les effleurements marchaient beaucoup mieux que les caresses sur lui.

Les dents serrés, le visage détourné, Vaem subissait en silence, laissant sans le vouloir son corps s'exprimer à sa place tandis qu'il se demandait une nouvelle fois pourquoi il n'avait pas passé son chemin lorsqu'il avait vu Nico en train de pleurer...
Et lentement, sa poitrine se creusa sous ses soupirs retenus, mais les lèvres de l'hôte restaient closes. Nico allait apprendre à ses dépends que silence ou pas, il n'était pas prêt d'entendre ses gémissements...

A la première peur de Vaëm, il aurait pu tout stopper, ayant obtenu ce qu’il souhaitait. Mais Nico n’avait pas supporté la dernière rébellion. Il en avait assez de toujours devoir lutter contre cet hôte et son état de nerf n’avait pas aidé. Une deuxième occasion s’était présentée au cri. Aussitôt rejetée. Le mafieux ne voulait plus donner une simple frayeur à Vaëm, mais le remettre à sa place, au moins une fois. Ne souhaitant pas l’abîmer, il commença par la douceur, réservant la violence pour dernier recourt.

Sentir les frissons sur ses doigts, la poitrine qui se creusait et quelques fois la chair de poule de la peau laissait Nico de marbre. Il aurait pu y éprouver du plaisir dans d’autres circonstances. Le désir aurait pu monter. Mais pas là. La notion même d’agrément ne lui avait pas effleuré l’esprit. Il corrigeait un rétif. C’était tout.

Les gémissements tardaient à venir, même si certaines réactions les trahissaient. Toujours pas décidé à rudoyer sa victime, Nico passa au cran supérieur. Les tétons, que ses doigts avaient délaissés, subirent à nouveau des attaques. Des assauts qui alternaient petites douleurs et douceur. Rudesse et gentillesse. Qui étaient fait pour surprendre. Aléatoires.

Alors qu’une main restait de garde à la poitrine, l’autre monta jusqu’au cou et alla caresser, toujours furtive, la peau qui généralement, y était plus sensible. Si Nico avait voulu aller au plus rapide, il aurait tout simplement arraché et jeté le collier de l’hôte. A la place, il le choyait presque. Doucement, il pencha la tête et souffla légèrement sur la peau dévoilée. Pour l’instant, il n’avait pas passé le dernier bout de tissu.

Une fois la peau bien éveillée à ses caresses et rendue ainsi plus sensible, le Sawada posa sa main sur la partie virile de Vaëm. Sans plus bouger ou sinon très lentement. Ses sourcils s’étaient froncés un peu alors qu’il réalisait une chose. Qui l’agaça et l’enjoignis à y aller plus franchement, plus durement aussi. Tout en effectuant des mouvements de plus en plus brusques, il rompit le silence. D’une voix terriblement glaciale.

« La confiance, tu connais ce mot ? Si tu arrêtais de toujours te débattre au mauvais moment, tu pourrais en gagner suffisamment pour être un peu plus libre. »

Puis il se tut et continua d’éveiller le corps du jeune homme jusqu’au point de non-retour. Juste avant en fait. Puis il s’écarta se Vaëm et s’assit sur le rebord du lit. L’humiliation était aussi un bon moyen, quoiqu’il doute qu’avec cet hôte cela serve à grand-chose. Tranquillement, il rajusta ses cheveux et ses bandages, hésitant à passer au stade de la violence. La fatigue reprenait le dessus sur sa colère, très gentiment. Après tout, ces chambres étaient à peu près insonorisées, si Vaëm le titillait encore, ça finirait en bain de sang. De manière mesurée. Parce que l’avoir consolé préservait désormais l’hôte de la mort.

( désolé pour la qualité, je suis crevée et tape en mode zombie)

» Retour de l'hôpital et craquage de nerfs.