Surmenage ? Ou trop grande angoisse ?

<= Chez Tatsuya Sawda

Le cri de son frère, ses actes, de tout ça, Nico ne vit rien.Son cerveau s’était déconnecté, à la fois à cause des efforts trop lourds que le jeune mafieux demandait à son corps et aussi par la tourmente qui avait pris place en lui. Il ne voulait pas perdre Tatsuya.

Ne se sentant ni soulevé, ni transporté dans la voiture, il continuait d’avoir trop chaud et de transpirer. Son dos, non, tout son corps lui faisait mal. Arrivé à l’hôpital, il ne reprit que légèrement conscience alors que des blouses blanches l’installait dans un lit. Nico avait l’impression d’être plongé dans une cuve d’eau bouillante et voir tous ces mouvements autour de lui lui fit peur à lui en donner le tournis.

Son esprit embrumé par une fièvre naissante, il ne comprenait pas. Juste avant il parlait à Tatsuya dans son appartement et là…il y avait du blanc partout. Un visage inconnu se présenta devant lui et il fronça les sourcils. Les contours étaient flous…A force de se plisser, ses paupières se refermèrent tout à fait et il sombra à nouveau.

Inconscient de l’inquiétude qu’il donnait à son frère, Nico bougeait légèrement dans ce sommeil peu réparateur. Un médecin sortit de la salle, rejoignant Tatsuya pour le tranquilliser :

« Ce n’est pas grand chose, même si ça peut devenir important. Il a besoin de sommeil et de calme. Il faut surtout qu’il évite de trop bouger à cause des blessures qu’il a au dos et au bras. »

Faisant un signe, le médecin indiqua au cadet Sawada de le suivre et le guida jusqu’à une chambre ou les bandages de Nico avaient été changés. Éclairé par une lumière douce, le visage du Sawada avait l’air torturé et c’était le cas. Il voulait sentir son frère près de lui, savoir que Tatsuya ne partirait pas.

Un peu plus tard, les yeux bleus se rouvrirent toujours embrumés. Nico vit son frère et reprit un peu pied avec la réalité. Il n’était pas partit. Cherchant à se redresser, il n’y parvint pas, ses muscles refusant purement et simplement de bouger. Incapable de parler, il voulait savoir où il était, incapable de discerner autre chose que le visage de son frère.

Même si Nico détestait se sentir dans cet état, il ne pouvait rien y faire et en avait un peu peur. Être à la merci du monde…c’était une des choses qu’il ne supportait pas. Le jeune homme bataillait ferme pour que ses yeux ne se referment pas, de peur que Tatsuya disparaisse.

( Lol, ça vire au drame là ^^ Nico est à bout )

Une légère pression sur son poignet n’avait pas suffi à rassurer Nico. Il voulait être sur que c’était bien son frère qui était à ses côtés, qu’il n’était pas parti. Aussi ouvrit-il les yeux, contemplant Tastuya au travers d’un léger voile. En le voyant, il essaya de se redresser, mais n’y arriva pas, trop faible. La voix de son frère le fit sourire douloureusement.

Pourquoi restait-il, pourquoi avait-il eu peur ? Le cerveau embrumà cherchait désespérement des réponses à ces deux questions. Nico en trouva bientôt, toujours avec difficulté. Tatsuya restait parce que c’était son devoir.

Après tout, il avait déjà prs un risque en emmenant son aîné sans escorte dans un hôpital…et il nuisait à la réputation de Nico. Il se devait de le protéger. Quant à avoir peur, si l’héritier Sawada était mort dans l’appartement de son cadet, ce dernier aurait eu pas mal de soucis…

Oui…ce scénario était logique…basé sur une réflexion solide et forte…si solide qu’il s’écroula dès la caresse de Tatsuya. Nico leva ses yeux pour les figer dans ceux de son frère. Il était si gentil…si tendre…comment faisait-il ? Pour supporter un imbécile qui ne faisait que de le blesser ?

Sans lâcher la main qui le retenait, l’héritier Sawada referma les yeux. Il avait confiance en son frère et de toute manière, savait qu’il avait mérité toutes les tortures du monde pour avoir fait pleurer Tatsuya. Son visage se détendit à nouveau et Nico plongea dans un sommeil lourd et réparateur, oubliant un instant ces mille et unes questions.

Dix heures plus tard, au environ de deux heures du matin, le souffle du mafieux s’accéléra et ses paupières bougèrent un peu. Le repos avait duré longtemps, mais cette longueur avait permis à la fièvre de descendre jusqu’à n’être presque rien.

Encore un peu groggy et surtout, n’aimant pas se réveiller, Nico ouvrit les yeux, appréciant la douce lumière propagée par les lampes. Puis ses yeux tombèrent sur la fenêtre et il se redressa brutalement, ne prêtant guère attention au léger vacillement qui le prenait. Non. Quelle heure était-il ? Il fallait qu’il voie Omuro…

« Tatsuya ? »

Sa voix grave était douce, mais quémandeuse et pleine d’un espoir trop mince. Nico était sûr que son frère était partit. Alors qu’il faisait glisser son regard sur la chambre, la porte s’ouvrit et un médecin entra. Un médecin mafieux…génial. Nico eut un soupire de désappointement avant de reprendre tant bien que mal son masque de froideur.

« Je dois partir. »

Le médecin hocha la tête sans rien dire et repartit, allant préparer une fiche de sortie et appeler le QG mafieux pour des vêtements et une voiture. Nico ferma les yeux encore quelques instants. Il avait vu l’heure. Deux heures du matin. Ca allait. Dans une demi-heure ou une heure il serait au Luxurious club.

« Tatsuya ? »

Pas même l’ombre de Tatsuya ne se trouvait dans la chambre et Nico se mordit la lèvre. Ca y était ? Il avait perdu son frère pour de bon ? C’était peut-être mieux pour Tatsuya en fait…mais Nico n’arrivait pas à s’y faire. Des larmes avaient presque commencé à naître quand il vit son frère dans l’encadrement de la porte.

Rapidement Nico battit des paupières, effaçant le liquide lacrymal, se morigénant une millième fois d’être aussi émotif avec ses frères. Mais il avait vraiment eu peur. Le baiser sur son front, la voix de Tatsuya, la caresse, tout cela fit froncer les sourcils de l’aîné. Depuis quand était-on si doux avec lui ? Sans se dégager, il répondit d’une voix à peu près sûre :

« Tu devrais dormir toi aussi…je me suis assez reposé. »

Ce faisant, il se redressa et s’assit sur le lit d’hôpital faisant bien attention à ne pas grimacer ou se plaindre. Il était content de voir Tatsuya, et vu le café qui embaumait dans la pièce, son cadet était resté, pour lui.

« Je dois voir quelqu’un en plus. »

Nico était maintenant parfaitement réveillé. Il avait mis quelques minutes à sortir du coton brumeux du sommeil, mais se sentait à présent parfaitement bien. Dormir autant avait été une bénédiction. Se levant lentement pour éviter un étourdissement, il alla fermer la porte et revint ensuite vers son frère, s’asseyant à ses côtés.

« Je déteste les hôpitaux. »

Ses bras se fermèrent autour de son cadet et l’emprisonnèrent doucement. Nico ne le forçait pas à rester ainsi et puis, il doutait en avoir la force, même si son bras allait de mieux en mieux. Il se rappelait des événements de la journée et frémit avec les images de Tatsuya drogué, en pleurs, enfantin. Doucement, il murmura :

« Promet moi une chose, s’il te plaît…la prochaine fois que tu veux te droguer…viens vers moi ou préviens-moi »

Son cadet avait été dans un tel état de vulnérabilité…Nico aurait pu le tuer comme on tue un enfant. N’importe qui aurait pu entrer. Bon, Nico exagérait, peut-être pas n’importe qui vu la sécurité déployée. Mais quand même…Et puis…l’héritier espérait qu’à force, Tatsuya arrêterait.

Quelqu’un toqua à la porte close et Nico se leva, allant chercher ses habits. Il n’osait pas forcément regarder son frère, hésitant encore sur ses droits. Enlevant les habits de l’hôpital, il passa sa traditionnelle chemise noire, un caleçon rouge et un pantalon en cuir noir. Sa main s’aventura à son cou et il se mordit la lèvre. Ou était son foulard ?

Nico balaya la pièce des yeux sans le voir. Il ne voyait pas non plus ses gants. Soupirant lourdement, il rejoignit son frère et alla l’enlacer à nouveau, profitant de ce contact qu’il avait bien cru perdre. L’héritier avait promis qu’il ferait des efforts et il s’y tenait, mais ne savait pas comment faire. Il avait remarqué qu’être dans ses bras plaisait à Tatsuya lorsqu’il était sous l’influence de la drogue…mais était-ce pareil à jeun ?

« Tu viens avec moi dans la voiture ? Comme ça après tu pourras rentrer dormir… »

Il y avait encore Yoru…Nico pensait que ce serait bien pour son frère d’aller avec lui…dévastateur pour la mafia, mais bien pour Tatsuya. Parce que l’aîné, même s’il voulait son frère pour lui tout seul, était bien trop conscient du mal qu’il faisait à son cadet. C’était si dur d’être ouvert et amical, de ne pas se cacher. Un moment, Nico avait failli prendre une solution plus facile et faire comme s’il manipulait son cadet pour lui faire croire qu’il l’aimait. Il n’avait pas pu. C’aurait été trahir sa promesse et Tatsuya.

« Ce n’était pas des bêtises. »

Pas facile à admettre, mais déjà plus que l’après-midi.

Nico avait sourit. Oh si ! L’heure était même parfaite. Il était content de voir que Tatsuya ne le repoussait pas. Même s’il doutait encore du bienfait de sa présence pour son cadet. Il n’y avait pas mille et une explications pour la tendance de Nico à se négliger. Il se sentait plus humain comme ça et rien que ça lui rappelait à quel point le pouvoir était dangereux. Il n’avait pas envie de retomber dans une mégalomanie dangereuse.

Parce que Nico était loin d’être parfait…comme tout humain il était tenté par le pouvoir…pouvoir faire tout ce que l’on voulait…qui refuserait une telle proposition ? Surtout à son âge…il aurait eu toute la vie pour en profiter. Et il n’aurait même pas besoin de se justifier pour ses actions. Après tout, il était l’héritier de la mafia, non ? Une machine à tuer et à torturer…à voler…à faire le mal…qui n’avait reçu aucune tendresse et n’en avait aucune…

Pourtant, il en avait des sentiments. Le Sawada avait juste appris à les camoufler à la perfection. La preuve était que juste avant de passer chez Tatsuya, il avait commandité le meurtre de celui qui lui avait proposé pour la première fois de la drogue…Nico ne s’était permis que ça, mais s’il avait eu moins de compassion, moins de tendresse, il aurait tout simplement enlevé Tatsuya et l’aurait enfermé pour un temps au moins. Il en avait les droits…Un homme drogué était en quelques sorte une menace pour la mafia…

Sortant de la chambre, il remarqua le garde et aussitôt son sourire tomba. Aussitôt, son visage n’exprimait plus rien. Ca avait été rapide, presque inhumain. Mais c’était une défense érigée pour durer qui était devenue un pur et simple réflexe. Dans la voiture, il teinta les vitres, ainsi que celle qui les séparait du chauffeur.

« Tu ne veux pas me répondre. Bah, c’est pas grave. »

Nico supposait qu’il l’avait bien mérité. Le bisou lui fit tourner la tête et il caressa les cheveux de son cadet. Au moins, il restait avec lui. C’était le principal, Nico était prêt à tout refouler pour avoir la présence de Tatsuya à ses côtés. Parce que ce rayon de soleil, il en devenait dépendant…

« Tu as déjà vu le Luxurious club ? J’ai rendez-vous avec son patron. Normalement, ça devait rester un secret, mais vu le garde, tout le clan le saura bientôt. »

Il n’y avait aucune émotion dans la voix de Nico, pourtant il savait qu’il devrait s’expliquer avec son père. Chose qu’il avait voulu éviter. Se tournant complètement, il prit à nouveau son cadet dans ses bras et lui murmura à l’oreille :

« Ma douche est complètement détruite, un vrai carnage, je viendrais piquer la tienne après. Et faire changer la sécurité, elle est vraiment trop facile à passer. »

L’héritier Sawada n’accordait pour l’instant son attention qu’au frère qu’il avait dans les bras. Puis son regard fut attiré par des vêtements et il soupira de soulagement. Rapidement, il passa sa veste en cuir noire, son foulard et ses gants.

« Comment tu fais pour porter des costumes ? A chaque fois que j’en porte, j’ai qu’une envie, les ôter le plus vite possible. »

Une fois la porte ouverte, il était déjà plus facile de laisser couler les cent et une remarques que Nico se faisait. Au lieu de les garder pour lui, il les disait. C’était inhabituel, mais pas désagréable…de pouvoir dire ce que l’on pensait.