Une visite... Inopinée ?

Quelques jours après : Ne pas m'énerver... je mords ! - Usine de bonbons

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Lexian releva la tête pour regarder l’heure. Il poussa un soupir. Il ne savait pas, plus, ce sur quoi il voulait écrire, au juste. Et ça l’énervait d’autant plus que suite à sa rencontre avec un certain homme, il avait été extrêmement prolifique. Des dizaines de pages de son nouveau roman étaient tombées du ciel directement dans son mac, comme par magie.

Mais, il y a quelques jours de ça, sa plume était devenue amère et sèche. Le ton avait changé, les personnages avaient changés face à de nouveaux faits, ou s’étaient révélés sous une autre nature. L’atmosphère assombrie valsait entre le drame et le polar noir. Il avait écrit sans réfléchir. Mais après un certain nombre de pages, il s’était arrêté.

Où est-ce que ça le menait ? Est-ce que ça le soulageait de torturer ses personnages ? Peut-être, les premiers jours. Mais à présent il bloquait, quelque peu perturbé par la tournure de ses écrits. Il avait déjà écrit du drame, déjà fait du sombre et déjà vendu du réalisme glauque par le passé, mais il n’avait pas voulu verser là-dedans quand il avait commencé ce roman-là.
Il avait envie de redresser légèrement le tir, mais ne savait pas comment. Il ne se voyait pas refaire un changement d’ambiance soudain. Et quand il avait essayé de réécrire les derniers chapitres intégralement, il n’avait pas réussi, car il n’arrivait plus cerner ses personnages comme avant et ne les voyait que sous leur nouveau jour.

Agacé, il avait fini par tout mettre à la corbeille. Tant pis si ça plaisait à son éditeur, il n’avait plus envie de continuer ce récit. Et quand celui-ci avait commencé à lui faire la morale au téléphone, il avait raccroché et débranché l’appareil... Il n'avait pas envie d'entendre ça, c'était pas le moment.

Du coup, quand la sonnette avait retenti, le lendemain de cet appel, il n’avait pas été surpris. Il supposait que comme d’habitude, son éditeur venait tenter de le raisonner, et checker son état (d'esprit, mais aussi physique...). Sans même décrocher l’interphone, Lexian avait appuyé sur le bouton d’ouverture de la porte du bas et ouvert la porte d’entrée de son appartement. Après quoi il avait patiemment repris place sur son canapé, en attendant qu’il n’arrive. Il avait l'habitude. Il ne pourrait pas y couper, alors autant le faire tout de suite. C’était juste un mauvais quart d’heure à passer....

Sauf que s'il avait su quelle était la personne qui venait de sonner et qui était en train de monter les quatre étages en réalité... Peut être qu'il ne serait pas en train de boire tranquillement son thé.

Oh.. il en avait pris pour son grade, ça oui, mais que pouvait il faire sinon s'excuser et tenter de rattraper le coup, comme lui indiquait sa si aimmaaaaable secrétaire ? Rien. Il avait tout foutu en l'air, et en beauté, car il avait tout de même réussi à perdre sa virginité au passage, dans un moment de pure passion.
Alors c'est avec ce qu'il était allé s'acheter qu'il retourna à cet appartement ou le vice était né en lui.. si si si le vice messieurs dames.. Toute les nuits il se torturait sans trop le vouloir contre des images dans lesquelles il faisait de bien vilaines choses, avouons le.

S'attendant tout de même à avoir quelqu'un au bout de l'interphone, il haussa un sourcil. Il ouvrait souvent sa porte comme ça ? Ne demandant même pas l'identité de qui il s'agissait ? Un peu limite, comme attitude. Bref.
Franchissant les étages qui le séparait de lui, il se senti vraiment mal à l'aise, il avait réfléchi, même on avait bien réfléchi à sa place, Shuei se senti bien misérable. Mais sa condition telle qu'elle était aujourd'hui l'empêchait, il en était sur, d'avoir une liaison comme celle-ci..

Toujours à rien n'y comprendre, la porte était déjà ouverte. Il commença à croire à un soucis quelconque, se serait on introduit chez lui par effraction ? Se montrant méfiant, il pénétra alors sans bruit dans l'appartement. Un pincement au coeur lui fit mal, mais il tenta de l'ignorer. Ne pas se laisser avoir, ces choses là ne sont bonnes que pour nous tromper.
A pas de loup, il chemina sans bruit et sans qu'on l'ai remarqué, il resta dans l'angle du mur, observant alors Lexian. Sa nuit lui revint devant les yeux comme une claque. Serrant la mâchoire, il refusait toujours de laisser parler ses sentiments, il ne voulait pas tout perdre pour une chose aussi futile et si peu importante. Alors pourquoi son coeur lui faisait il aussi mal ?
Au bout de quelques minutes, il décida alors de se montrer et sans un mot, il resta dans l'ouverture de la pièce. Un regard désolé, mais aussi furieux de se sentir si vulnérable face à cet homme.. Il faillit faire demi tour, sans s'être excuser, mais l'image de sa si gentille secrétaire lui intima l'ordre de faire ce que pourquoi il était venu.

-Bonjour..

Poussant un soupir, Lexian retourna s’asseoir en tailleur dans son canapé, reprenant en main son mug. Maintenant qu’il y pensait, son éditeur avait les clefs de chez lui, normalement (oui, il était parvenu à les lui soutirer après un incident qui l’avait mis en colère, et avait refusé de les lui rendre depuis, pretextant qu’elles pourraient lui servir en cas d’urgence). Cet idiot avait dû encore les oublier chez lui. Ou il avait appris le savoir-vivre et c’estpour ça qu’il avait sonné.

Bref. D’ici quelques minutes, il aurait droit à son laïus, et ça serait passé. De toute façon, il ne pouvait pas le forcer à écrire ce qu’il ne voulait pas écrire, non ? C’était encore lui l’écrivain. Quitte à prendre quelques coups de pieds au cul de temps en temps, quand l'éditeur n'était pas content.

Les quelques minutes lui parurent pourtant bien longues... Mais qu’est-ce qu’il faisait ? Encore en train de draguer la jolie voisine du dessous, à tous les coups. Dire que ce type était marié... Tout à ses réflexions, il fut surpris d’entendre une voix... Une voix qui n’était pas celle qu’il attendait ! Pas du tout, même. Tournant la tête pour vérifier ses soupçons, il retrouva Shuei en plein milieu de son appartement.
Que... Qu’est-ce qu’il faisait là, lui ??

N’arrivant pas à cerner le regard de son non-invité, il se demandait ce qu’il allait se passer. Il n’aurait jamais cru qu’il aurait les couilles de revenir se présenter devant lui. C’est bien pour ça qu’il avait dit ça à sa secrétaire, d’ailleurs. Putain, il faisait quoi, maintenant ?
Son premier geste de défense, allez savoir pourquoi, fut de refermer l’ordinateur portable qui était posé sur la table basse devant lui. Puis, il se leva, lui faisant face, le canapé bien présent entre eux deux. Dans un air de défi, il lui demanda, sans prendre la peine de le saluer :

- Vous revenez me proposer un marché ?

Mais à dire vrai, il n’en menait pas large. Il pouvait sentir son sang pulser plus vite que d’ordinaire, la petite pompe qui était son cœur s’emballant pour dieu-sait-quelle-raison. Mais il ne voulait pas perdre. Pas une deuxième fois. Il resterait calme et sans émotions, il se l’était promis après le fiasco de la dernière fois. Pas moyen que ce type le fasse presque pleurer une seconde fois. Pas moyen qu’il perde la face, ou ses moyens.

Le regard et les mots de Lexian le mirent sur la défensive. Il se rembruni et pris un ton froid.

-Non, pas de marché, juste des excuses....... Je m'excuse.

Il tourna les talons et fit mine de partir. Autant faire vite et propre. Comme les pansements que l'on enlève, plus on va vite, plus la douleur passe rapidement. Du moins c'est ce que l'on tente de faire croire à tout les enfants de la terre. Lui avec.
Il sortit de l'appartement, sans refermer quand il tomba nez à nez avec un homme, qui lui tentait d'entrer dans l'appartement de l'écrivain. Qui était il ? et surtout, pourquoi venait il ? Un autre ? il en avait déjà trouvé un autre ? Donc en fait il n'avait servit que de défouloir ? Toutes ses questions le rendant encore plus en colère lui firent faire demi tour et cette fois, il claqua la porte sans retenue, verrouillant par la même occasion.

Fonçant de nouveau sur Lexian, il le pris par les épaules et le secoua un poil brusquement.

-Fallait déjà me remplacer ? donc en fait, j'ai bien fais de la jouer prudent. Tu aurais put me griller et qui sait me faire chanter !

Dans une paranoïa totale il serra plus fort sa poigne.

-Je voulais m'excuser, même si je suis pas très fort dans ce domaine, mais de voir que je ne suis pas le seul sur les rangs me met encore plus en colère ! cria-t-il.

Pris de fatigue, pris de lassitude, il se laissa tomber sur la canapé derrière lui. Se prenant les mains entre la tête. Sa peur pour son entreprise, le fait que l'on sache qui il était vraiment, la peur d'avouer des sentiments trop neufs pour paraitre sincère, Shuei soupira.
Dire qu'il avait espéré une relation douce et aimante, ne serait pas mentir, mais sa foutu trouille l'en empêchait depuis bien longtemps.

-Je vais te laisser, je t'ai blessé le premier et je m'en excuse, encore, mais je te demanderai de ne rien dire à mon sujet, j'ai des employés et je ne voudrais pas que cela contribue à la chute de leur emplois.

Oui, oui, il en faisait beaucoup, mais il savait très bien qu'une rumeur enflant rapidement pouvait tout détruire. Alors avec le peu de fièreté qui lui restait il se releva et baissa les yeux. On tambourinait sauvagement derrière la porte.
Quoi... ? il passait pour la victime maintenant ? Ben c'est quand même plus marrant que d'être le bourreau non ?

Surpris de retrouver cet homme dans son appartement, Lexian avait répondu à son bonjour de façon certe peu courtoise... Mais somme toute plus défensive qu’autre chose. Se cachant derrière un air de défi comme si rien d’autre ne lui était venu en tête qui soit capable de le protéger. De le protéger de lui-même. C’était ça, le plus drôle. Il avait plus peur de perdre à nouveau la face que la personne qui le fixait en elle-même.
L’écrivain regarda celle-ci s’excuser et repartir avec un arrière gout amer. Pourquoi avait-il l’impression d’avoir fait une connerie ? Pourtant il avait eu ses excuses. Mais avant de se refroidir à cause de lui, l’homme avait eu l’air sincérement... désolé.

Un peu interdit, Lexian contourna enfin le canapé pour s’approcher de sa porte, quand Shuei réapparut. Surpris, de nouveau, il eut à peine le temps d’esquisser un mouvement défensif avant de se faire secouer avec force, laissant échapper un « Aïe » qui n’était que peu audible comparé aux cris qui heurtaient ses tympans. Mais de quoi parlait-il ? Il était fou, ou quoi ? Encore un détraqué doublé d’un violent, il avait vraiment pas de chance...

Préférant serrer les dents, plutôt que de répondre, il respira de nouveau lorsque les mains puissantes se décidèrent à le lâcher. Instinctivement, il passa sa main sur sa propre épaule. Il avait l’impression qu’il avait faillit les lui dysloquer. On commença à frapper à la porte et voilà que Shuei se remettait à s’excuser. Il était complètement perdu dans ce bordel, et compris finalement de lui-même ce qu’il avait dû se passer après une ou deux secondes. Masao. C’est ça, il avait croisé son éditeur, et cru que...
Il tiqua. C’était pas une raison pour avoir l’air soudain si pitoyable ! Non, attendez. C’était pas une raison pour le démembrer, plutôt !!

Il commençait à chercher ses mots, bien que ce fut difficile avec la tambourinement à la porte. Finalement, il commença à parler avec une voix douce qui tranchait considérablement avec le bordel qui résonnait en fond :

- Je ne comptais rien dire. C’est pas mon genre de m’étendre sur mes relations. Et je n'y aurais rien à gagner, de toute façon...

Un homme pénétra alors dans la pièce, légèrement affolé. Il avait nettement entendu les cris au travers de la porte et dans l’affolement venait juste de penser à sortir son double des clefs après avoir presque défoncé la porte à coups de poings.

- Lexian ! Ca va ?...

Il se détendit à demi devant l’ambiance calme qui régnait étrangement, mais se rapprocha tout de même de son écrivain pour vérifier qu’il allait bien. Remarquant qu’il avait l’air d’avoir mal, il s’emporta :

- Me dis pas que c’est à cause de ce type que tu écris plus !! Alors vous, je sais pas qui vous êtes, mais je vais v...
- Masao ! C’est pas le moment. Lexian arrêta l’homme d’un geste pour éviter qu'il en vienne aux poings, et précisa : Masao. Mon éditeur.

Après quoi, il entreprit de finir de répondre à Shuei en ces termes :

- Et enfin, je ne pense pas que le fait d’être gay puisse paralyser votre usine et vous forcer à licensier. C’est stupide. Il est peut être temps de se réveiller et d’affronter la réalité. Pas de se cacher derrière des idioties, si vous voulez autre chose dans votre vie que votre boulot.

Il baissa légèrement les yeux. Qui était-il pour donner ce genre de sermont ? Qu’avait-il, lui, de véritable, en dehors de son portable et son chat ?... Un éditeur, quelques hôtes pré-payés... de la drogue. Il était pathétique.
Il n'osait pas le regarder, mais était persuadé que même Masao, ici présent, devait se retourner dans son costume pour ne pas rire. Surtout au vu des nombreuses fois où c'était lui qui le sermonnait.

Voir ce bonhomme rentrer comme ça, il avait les clés, lui fit douter à la seconde même de Lexian. Avait il été un de plus dans la petite vie de cet écrivain ? il aurait voulut croire que non, surtout vu le geste protecteur de ce dernier, qu'il ne supporta pas. Dans un élan de chevalerie sorti de je ne sais ou, il s'interposa et montra les dents.

-Ne le touchez pas ! non, je ne lui ai pas fait de mal, il peut toujours écrire... alors arrêtez d'accuser comme ça, sans preuve, c'est grave ce que vous faites !

Il se retourna et pris les mains de l'écrivain et les regarda attentivement, sous tout les angles, sans comprendre que le mot blessé voulait aussi dire, psychologiquement...

-Qui t'a blessé, on t'a fait du mal ? tu aurais put me le dire, c'est grave si tu ne peux plus écrire, tu as mal ?

Lexian ne lui laissa pas le temps de s'inquiéter plus, il lui présenta sobrement l'homme qui avait les clés de chez lui...
Vite rassuré en entendant le mot éditeur, il baissa la tête sur le discours moralisateur que lui tint alors l'écrivain.

Shuei se senti bien con. Rares étaient les fois ou il se sentait bien moins que tout. Sa vie durant, il avait fait passer son travail avant tout, rien n'était plus important que son usine. Sa fièreté, le pourquoi il se levait le matin, le pourquoi il avançait dans la vie. Alors se prendre un allé retour pleins de condescendance, il détestait, mais comprenait le sens de la remarque.

-Tu as raison, oui, mais sur un point seulement, vivre comme je le fais me permet de ne pas perdre pied. Avec toi, c'était tout l'inverse qui se profilait. D'une nuit avec toi, mon coeur en a explosé en mille morceaux, mon bonheur à été tel que j'en aurais pleuré. J'aurais put tout abandonner pour toi, et laisser derrière moi absolument tout, si tu me l'avais demandé. Je suis facile à avoir avec les sentiments, on m'a eut une fois, et plus jamais je ne laisserai qui que ce soit prendre le pouvoir sur moi...

Passant sa main sur la joue de Lexian, remontant jusque dans ses cheveux, il y appliqua une douce caresse et se recula. Un sourire triste mais sincère ne le quitta plus.

-Je m'excuse de t'avoir mal jugé, je vais te laisser, mais si tu veux venir me dire qui t'a fait du mal, je te promet de t'aider à le punir...

Il salua bien bas les deux hommes et parti, cette fois, sans revenir.

Le bordel. C’était le bordel. Lexian, l’épaule encore douloureuse, était pris en étau entre deux hommes prêts à se sauter dessus, mais qui n’avaient rien compris. Mais qui n’avaient pas toutes les pièces en main pour comprendre, il faut dire.
Il avait coupé Masao dans son élan mais voilà que Shuei se mettait sur la défensive – en même temps il y avait de quoi – et commençait à triturer ses mains, demandant qui l’avait blessé.

Non. Ce n’était pas ça. Il fronça les sourcils. S’il n’écrivait plus, ce n’était pas à cause d’une quelconque blessure aux mains. Mais il ne voulait pas s’étendre sur la question. Et ce, devant aucun des deux autres hommes présents dans la pièce.

Il détourna donc la conversation en présentant Masao. Bon, cela n’expliquait pas forcément pourquoi il avait les clefs de chez lui, mais il n’y pouvait rien. Ils avaient une relation un peu particulière et qui dépassait le stade professionnel. Mais jamais il ne s’était profilé la moindre histoire entre eux, d’autant plus que l’éditeur était un hétéro convaincu. C’était totalement impossible et impensable.

Mais il aurait bien le temps de s’occuper de Masao plus tard - il s’en fichait pas mal de lui là tout de suite, d’ailleurs. C’est pourquoi il reprit la parole afin de rassurer Shuei sur ses intentions. Cependant, en cours de route, sa tirade dévia légèrement, livrant un sermon qu’il aurait peut être du formuler plus gentiment. Mais il le pensait. C’était un conseil d’ami, parce que quelque part il espérait que l’homme l’applique et puisse vivre quelque chose de plus, quelque chose qui pourrait le rendre heureux à l’avenir.

Cependant, quand celui-ci répondit, il sentit sa poitrine se serrer. Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Il en resta tellement con qu’il le laissa caresser ses cheveux, marmonner dieu-sait-quoi et partir avant d’être tiré de son état de léthargie par la voix de son éditeur, sidéré :

- Alors là, j’ai rien pigé....

Lexian agrippa nerveusement son propre bras, perdu.

- ...Je crois que moi non plus...

Shuei : Que de mots...

Lexian : C'est l'heure !

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