Euh, un petit thé ?

Librairie du Parc, 13h45

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Bien sur qu'il avait fuit !! c'est ce qu'il tenta de justifier au téléphone auprès de son ex-femme. Tournant en rond, le téléphone rivé à son oreille, il ne passa pas inaperçu pour le coup sur la petite place de son quartier. Les gens le saluaient, il saluait et ils fuyaient généralement car ses gesticulations le faisaient bien passer pour fou.

-Bien sur que je lui ai dis ! mais oui ! il a rien dis... ben non... que veux tu que je te dise... j'ai merdé, point. Non je ne vais pas me remettre à jeuner, je suis d'ailleurs devant le traiteur chinois... j'avais envie de me gaver et surtout de me saouler, enfin là j'irais dans ma cave personnelle ! oui... moi aussi je pense à toi, prend soin de toi et de ta famille, je t'embrasse, je t'aime... Bip Bip Bip..

Il releva la tête et pris une longue inspiration. Son entrevue fut un véritable fiasco, il aurait mieux fait de se casser une jambe oui.. Mais quelque part, il devait bien se l'avouer, il était heureux de l'avoir revu. Il aurait voulut lui caresser la joue, le serrer dans ses bras mais tout ceci n'arriverait plus jamais.
C'est donc un peu désuet qu'il entra chez son fournisseur officiel de nem et autre choux sauté au bœuf. Il avait faim, bizarrement, très très faim.

Une fois rentré il pris douche longue et chaude. Ses muscles tendus fondirent comme neige au soleil. Trop peut être car il se senti bien faible devant l'alcool qu'il s'était réservé. Ses plats à emporté furent dresser dans de jolies assiettes, un peu comme s'il attendait un invité.
C'est tout chaud dans son peignoir qu'il avala son premier verre. Un petit nem au passage, histoire de ne pas manger liquide et il en but un deuxième. Contre toute attente il s'arrêta là. Il avait tout mis en œuvre pour finir fin saoul mais sa raison le secoua gentiment. Fermant les yeux, il tenta de faire le vide. La gorge serrée il se fustigea à haute voix, s'interdisant alors de se laisser aller plus. Plus il serait une loque.

Alors il se mis à manger, il gouta avec délice son choux sauté et eut envie de plus. Décidément, il n'en prenait jamais assez. Allant chercher à manger dans son frigo, il fut stopper dans son élan. Le bruit strident de son interphone le fit sursauter. Tellement pas préparer à entendre sonner qu'il eut un bref élan de panique. L'âge me direz vous, mais c'est quand même inquiet qu'il enclencha le haut parleur:

-Oui... ?

Alors là.... il resta sans voix. Quoi.... que... il transpira et fut encore plus choqué devant l'objet de la visite. Boire un thé ?! Mais il avait pêché ça ou ? Inquiet de le voir repartir il ouvrit aussi sec, sans dire quoi que ce soit. L'ascenseur le déposerait alors directement à sa porte.

Il lâcha le combiné, courut jusqu'à sa chambre se débarrassa en chemin de son peignoir et enfila alors une tenue pris au vol sur son valet. Encore un truc de vieux ça. Enfila une jambe, puis l'autre, un vieux tee-shirt pas trop moche et glissa une main dans ses cheveux encore humides. A la limite du parcours d'obstacle !
Complètement à bout de souffle il revient devant la porte et repris, si possible, une respiration normale. Enfin... presque...
Les yeux grands ouverts, ne croyant toujours pas à la visite de Lexian, il avait la bouche ouverte, prêt à gober des mouches.
La porte s'ouvrit et son coeur le lâcha presque. Ses jambes faillirent se dérober quand il le vit, là, devant lui. Il... il était venus pour quoi déjà ?

Pas de réponse. Lexian secoua la tête. Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris de sortir une ânerie pareille ? Boire un thé… C’était pitoyable…. Et dire que le jour-même, il avait osé se payer la tête de Masao quand il avait tenté d’improviser une excuse maladroite… Il était quatre fois pire !
En plus pour tout vous dire, il avait tout sauf envie d’un thé, en réalité.

Pourtant, un son électrique se fit presque immédiatement entendre. On lui ouvrait ? Sans même se soucier de savoir si c’était bien pour lui, il poussa la porte d’entrée et pénétra finalement dans l’immeuble.
Tandis qu’il avançait dans le couloir, il essayait de se souvenir de l’étage auquel il était censé se rendre. Il supposa qu’il s’agissait du premier chiffre dans le numéro d’appartement et appuya sur le bouton de l’ascenseur qui attendait sagement au rez-de-chaussée.

Les portes s’ouvrirent bientôt, et l’écrivain put sortir de la cabine métallique. Il se dirigea alors vers la porte d’entrée qui, à son souvenir, était celle de Shuei, et y toqua. Surpris de ne pas entendre de réponse, il pressa tout de même la poignée et ouvrit ladite porte, retrouvant le quadragénaire, debout de l’autre côté. Bon, il était au bon étage, c’était déjà ça !

Lexian observa son hôte un instant : souffle court, cheveux mouillés, muet. Se retenant de demander s'il dérangeait - bien sûr qu'il dérangeait, vous avez vu l'heure ? C'était pas une heure pour venir faire chier les gens.... - il esquissa un sourire qui se voulait sûr de lui, et qui pour être honnête était plutôt réussi.

- Bonsoir... Je peux entrer ?

Enfin, ceci dit il était déjà dans l'immeuble, et qui plus et, dans l'appartement. Donc la question était un peu futile. Se rendant compte lui-même de la stupidité de la demande, il referma aussitôt la porte derrière lui sans même attendre la réponse. Il n'avait pas envie de lui tendre des perches lui permettant de le mettre à la porte, de toute façon.

- Tu faisais quoi ?

En fait, il s'en fichait plus ou moins. Mais bon... son cerveau semblait désespérément vouloir qu'il meuble. A croire que les silences étaient trop dangereux pour qu'il s'y aventure. Et pour le moment il se trouve qu'il ne savait toujours pas ce qu'il voulait lui dire au juste. Ceci dit, la drogue qui polluait son système le rendait certes plus confiant, mais n'aidait peut-être pas à trouver ses mots ou avoir les idées parfaitement claires non plus.