Librairie du Parc, 13h45...

Impossible !! comment avait il put se laisser entrainer ici, ses jambes, de vraies traitresses ! Hmm pas vraiment crédible me direz vous, mais impensable qu'il admette de lui même qu'il avait pris sa voiture, pris la direction du Parc et surtout, pris la décision de lui faire face.
Il voulait se montrer sec, hautain, absoooolument pas nerveux, encore moins amoureux, surtout pas mort de trouille.
Pff du gâteau, il se présenterait devant lui, sans un mot, juste en lui tendant le livre et il repartirait. Fastoche non ?

Ruminant tout son plan, il sursauta quand la lumière devant lui disparut. Plissant les yeux, il mis quelques seconde à reconnaitre celui qui avait fait tourner court son entrevue avec Lexian. Fronçant les sourcils, il se dégagea de lui et tenta de partir s'asseoir sur un banc.

-Laissez moi croire que vous avez lui son livre. Après la façon dont vous avez foutu sa vie en l'air en quelques semaines, ne me dites pas que vous avez l'audace de venir vous faire dédicacer votre livre ! Vous êtes tordus ma parole !

Mais Shuei ignora de lui répondre tout en pensant qu'il avait raison. Mais ce n'était pas lui qui avait acheter son livre bon sang de bois ! Ouvrant son petit agenda papier, il tenta de se donner une constance et soupira, son envie de partir faisait doucement son apparition.

-Alors ? est ce que vous allez encore une fois fuir, sur un malentendu ? Comme le dernier des poltrons, qui à honte de ce qu'il est ? Vous imaginez dans quel état j'ai récupérer Lexian ?! Pauvre idiot, vous ne méritez pas de vous présenter devant lui (...)

Sbaf !!!!

-Encore un mot et je vous arrache la langue. Une langue bien acerbe n'est ce pas ? Vous êtes le premier à avoir fait en sorte que je ne revienne pas, vous n'avez pas chercher non plus à vous disculper !

La claque avait été retentissante, la rougeur, la fureur de l'éditeur ne laissait aucun doute sur la colère qui l'habitait. Il allait se jeter sur lui quand un autre costume cravate l'interpela. Shuei le laissa là, entrant à son tour dans la librairie. Il était venu pour son livre, il allait repartir avec sa dédicace, point.
A son tour, il pris place dans la file d'attente et observa les jeunes filles, toutes émoustillées de voir leur idole en vraie. Et lui...? qu'en était il de lui ?

C'est l'heure !

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Samedi,13h45, librairie du Parc.....

Arrivé un peu en avance (et ce, uniquement à cause de Masao), Lexian s’était installé sans grande volonté dans la partie de la librairie qui avait été aménagée spécialement pour lui. Un certain nombre de personnes étaient déjà présentes, feuilletant dans les rayons, ou assis sur les chaises à disposition, attendant sûrement que l’heure arrive. Quelques unes se préparant déjà à faire la queue à la vue du jeune homme à la peau claire. Il faut dire qu’il était malgré lui assez reconnaissable.

Et dès qu’il fut assis, un stylo en main, les choses s’enchaînèrent.
Sourire, dire bonjour, demander le prénom voire son orthographe, signer, dire au revoir et passer au suivant.
De temps en temps, Lexian jetait un coup d’œil à la file. Il y avait du monde. A croire que ceux à qui il avait échappé la fois précédente en s’éclipsant à mi-chemin s’étaient tous donnés rendez vous pour la revanche.

Tout à son travail, sérieux, l’auteur n’avait pas vu que parmi les anonymes se tenait un certain quadragénaire. Masao, lui, avait remarqué. Assez furieux de le voir venir, il avait même tenté de faire partir le gêneur avant qu'il n'entre. Mais tout ce qu’il avait réussi à faire, c’était se prendre une baffe. L’arrivée d’un collègue l’avait empêché de le retenir avant qu’il n’entre dans la librairie (par tous les moyens possibles, le premier qui lui était venu en tête n’étant pas le plus cordial), et à présent il était trop tard. Faire un scandale dans la boutique n’était pas une option.

Pourtant, il ne pouvait pas se contenter de rester en retrait et d'attendre simplement que Lexian se rende compte de la présence de l'autre maniaque. Prenant la situation en main, il passa devant la file pour rejoindre son écrivain, et lui glissa quelques mots à l'oreille.

Quelques minutes plus tard, dans la salle du personnel, l'albinos était dubitatif.

- Donc... ta belle-grand-mère a eu un accident, et tu veux mettre fin à la séance de dédicace ? C'est ça ?...
- Oui, voilà.
- Et pourquoi je ne pourrais pas continuer tout seul ?
- Parce que de toutes façons, je sais très bien que dès que j'aurais le dos tourné tu t'arrangeras pour partir, alors autant faire ça bien et te fournir une excuse, pour une fois.
- Tu sais, je comprends mieux pourquoi tu es devenu éditeur et pas auteur, maintenant. Il marqua une pause. C'est quoi, le problème ?

La responsable de la librairie s'excusa quelques minutes plus tard auprès des clients, clamant qu'un problème familial allait probablement empêcher l'auteur de poursuivre la séance. Mais, alors que la clameur se répandait dans la file, une tête blanche passa derrière la jeune femme, et rectifia.

- Ce n'est rien de grave, nous pouvons continuer.

Il attrapa immédiatement le livre de la personne suivante et demanda son nom avec un sourire quelque peu forcé. Il n'osait élever les yeux et regarder parmi les personnes qui patientaient. Alors, il était là ? Il se sentait idiot. Qu'allait-il dire ? Faire ? Allait-il juste signer son livre de la même façon impersonnelle que pour tous les autres ?
Les minutes semblèrent soudainement défiler. Et bien vite, alors qu'il disait au-revoir à une jeune fille... Oui, il était là. Baissant le regard malgré lui, il lança un faible : Bonjour, et tendit le bras pour attraper le livre d'une main qui s'avéra imperceptiblement tremblante.

La file s'allongea doucement derrière lui. Il scrutait alors de temps en temps pour voir si l'homme qu'il avait gifler allait de nouveau se pointer et faire une scène. Cela n'aurait été point bénéfique pour Lexian. Alors il attendit. Et il le vit. Son regard s'assombrit et il le foudroya du regard quand il remarqua son état. Oh pas qu'il soit squelettique non, mais il était déjà pas très épais alors la perte de poids qu'il estima l'ennuya. Le poussant presque à filer en douce. La photo n'était donc pas récente... Il réfléchit rapidement et engageant un pas hors de la file du bruit remua cette colonne de femmes dont le regard se portaient régulièrement sur lui.

On annonça que la dédicace serait annuler pour des causes personnelles ? IL allait pas lui faire ça ! Il resterait coute que coute pour sa signature ! Se contredisant avec son envie une minute plus tôt de fuir. D'ailleurs, Lexian fit taire le tintamarre de ces bonnes femmes et comme une machine de guerre, bien huilé, il passait de l'une à l'autre. Trop vite ! il allait trop vite ! En quelques minutes il se retrouva devant lui.

Aucun regard, il avait du alors être averti de sa venu. Soit, sauf qu'il allait devoir faire sa part en tendant son livre pour la dédicace. Ce qui l'énerva au plus haut point ce fut qu'il ne le regarda pas. Mais la pâleur plus intense que d'habitude, cette maigreur visible par ceux qui le connaissaient bien lui ôta toute envie de lui hurler dessus de le regarder.

Sans un mot, il tendit le livre. Gêné, il regarda ailleurs, tombant alors sur le regard ulcéré de l'éditeur, tapis dans l'ombre de l'arrière boutique. Il lui fit un sourire narquois, juste par vengeance, mais rapidement, se reporta sur Lexian.

Le livre de nouveau en main, il ajouta doucement:

-Merci... tu devrais manger un peu plus, et prendre un peu mieux soin de toi.. Félicitation pour ce livre.

Culotté ? Un poil. Inquiet ? bien plus. En prenant son livre il lui toucha volontairement la main et la trouva maigre et froide. Fronçant les sourcils, il se retint de cogner encore une fois l'homme qui se disait son éditeur pour l'avoir laissé se mettre dans un tel état.

Mais il se retira, amer. L'idée qu'il soit le fautif ne fit pas que l'effleurer. Lui aussi avait souffert, avait maigri, sauf que lui, il avait un petit surpoids qui ne lui valut que d'être mieux dans ses costumes. Alors il regarda ses chaussures le temps de sortir de la librairie et c'est grognant qu'il s'assit sur le premier banc venu.

Avec appréhension il ouvrit le livre pour y lire la dédicace, inquiet d'y voir des insultes..

Marmonnant des mots dans sa barbe il repensait à la situation. Comique, amer, absolument surréaliste. Il avait fait face à son ex amant, enfin... le peu qu'ils soient resté ensemble, et c'est une envie de se gifler qui le tiraillait. Les mots lus sur son livre étaient le point culminant à sa détresse. Il était pas le plus à plaindre, car en ayant vu la pâleur et la maigreur caché de Lexian, il savait qu'il avait fait du mal.

C'est la clochette d'une porte ouverte en catastrophe qui lui fit tourner la tête. Bouche ouverte, en apnée, il le regardant, debout devant lui. L'impression qu'il n'était pas à sa place.

-Lexian.... je... je m'excuse d'être venus, de m'être imposé face à toi... je.. je vais partir, excuse moi de t'avoir dérangé.

Il se leva. Il avait le choix de passer devant lui ou bien de continuer son chemin et donc de s'éloigner de l'écrivain. Mais son caractère fier, même dans la culpabilité le poussa à lui faire face et de passer avec lui. Le regard en biais, sans avoir l'audace de le regarder en face directement, Shuei passa là, tout près, le frôlant presque. Se stoppant à un pas derrière lui.

Il repensa alors à sa si bonne amie, lui ayant envoyé le livre. Si elle apprenait qu'il avait fuit encore une fois, au dernier moment, elle lui arracherait le coeur. Mais il n'eut pas le temps de penser à plus. La silhouette de son éditeur le ramena à la réalité. Le regard noir, près à lui sauter à la gorge lui intima l'ordre de partir. Il n'avait surement plus le droit d'espérer quoi que ce soit de toute façon.

-Il semblerait que l'on t'attende et puis je crois qu'il serait prêt à me fusiller s'il le pouvait. Je te remercie pour ces mots, je suis encore désolé de ne pas avoir pris mon courage, il y a quelques mois de ça...

Sa main se serra, son poing blanchi et avec cette fierté il parla plus fort tout en se rapprochant de quelques pas de Masao.

-Si vous ne prenez pas plus soin de lui je vous jure que vous aurez à faire à moi. J'ai raté ma chance avec lui alors si je le revois aussi fatigué, je vous promet de mes nouvelles.

Il ne lui avait pas collé son visage au sien, mais au contraire, d'une voix forte et claire il avait prononcé ces mots, il ne voulait plus passer pour un poltron.
Il recula, bâti en retraite bien conscient qu'il n'avait plus aucun droit.

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Euh, un petit thé ?