[Le miracle existe ! J'ai réussi T__T Un texte convenable et pas (trop) pervers... *va fondre en larme de joie dans son coin*]
Shirase eut un petit mouvement des épaules, comme s’il était satisfait de pouvoir un peu marcher. Vous le comprendriez mieux si vous passiez plus de la moitié de la journée dans une espace complètement fermé, le nez rempli de tellement d’odeurs différentes que ça en devient écœurant et tout le temps stressé à propos de petits détails si cons –tels que la température d’un plat, ou sa couleur, ou la façon dont il est présenté- qu’ils finissent pas être obsessionnels. Oui, prendre un peu l’air lui faisait du bien. Souriant légèrement, il indiqua la route à Tatsuya qui le suivit sans rien demander de plus.
Les deux hommes marchèrent en silence, mais pas dans le genre pesant, plutôt dans le genre réconfortant, laissant à ces deux personnes le soin de remettre de l’ordre dans leurs pensées et de réfléchir. Shirase avait besoin de ces moments-là, le plus souvent pour un examen de conscience sérieux. Normalement, il se remémorait toutes les choses méchantes qu’il avait faites durant la journée et se demandait en son for intérieur si ses victimes l’avaient vraiment vérités. La plupart du temps, sa réponse était bien évidemment oui. À vrai dire… C’était toujours oui. Un examen de conscience était malheureusement inutile pour un cas aussi désespéré que le sien. Et je vous jure que ça lui prenait dix minutes, minimum pour se rappeler de tout ce qu’il avait fait. Un vrai démon, je vous dis.
Bref, quand ils arrivèrent à l’immeuble de Shirase, celui-ci composa son code d’entrée, tout en jetant un regard discret au mafieux pour qu’il ne le voit pas : non pas qu’il se méfiât de lui, mais avec des gens pareils, on ne savait jamais. Une fois dans le hall, le cuisinier hésita entre prendre l’ascenseur et les escaliers. Mmh… Choix difficile, étant donné que l’ascenseur n’était pas en panne aujourd’hui et que Tatsuya apprécierait peut-être un peu de luxe dans cet immeuble, qui n’en était pas dépourvu, mais surtout après avoir marché durant dix minutes. Mais d’un autre côté… il y avait une grande menace avec l’ascenseur et cette menace avait un nom : Hiro. Hiro, gamin de l’appartement 1C, le genre de gamin qui adore faire joujou avec les fils électriques, surtout ceux que les gens utilisent… La dernière fois, Shirase était resté durant trois heures avant que quelqu’un ne vienne l’aider. Mais aujourd’hui il était accompagné…
Il imaginait déjà la scène : deux hommes, coincé durant des heures dans une pièce exigüe où il faisait chaud à crever… Il fallait tout de même bien éviter de mourir de chaud, alors ils enlèveraient leurs chemises respectives… Shirase aurait une crise de claustrophobie et son compagnon d’infortune tenterait de l’aider en l’enlaçant dans ses bras musclés jusqu’à ce que Shirase se calme et remercie son bienfaiteur en posant ses lèvres sur…
Stoooop ! Pause ! Il avait recommencé. Alors qu’il était ni endormi, ni complètement soûl, il avait des fantasmes tout éveillé. Y avait pas à dire, Tatsuya avait réussi à réveiller quelque chose en lui. En professionnel, Shirase cacha son trouble, mais à l’intérieur, son cœur battait la chamade. Ouuuh ! C’était vraiment pas bon d’être excité pour une si petite chose ! Vite calmé par une vision imposée de son frère un couteau à la main, il se tourna vers le mafieux en lui disant aimablement :
— Je pense que c’est plus sûr de prendre les escaliers, on ne sait jamais ce qui peut arriver dans un ascenseur.
Ce qu’il venait de dire pouvait avoir l’air dénué de sens ou un peu étrange aux oreilles de Tatsuya, mais que voulez-vous ? On ne pouvait pas toujours comprendre Shirase et c’était quelque chose qu’il fallait accepter. Après avoir gravi les cinq étages, Shirase et Tatsuya se retrouvèrent devant l’appartement 5E, l’antre du cuisinier qui s’empressa d’ouvrir. Appuyant sur un interrupteur, une musique d’ambiance –pas d’ambiance bordel, mais plutôt ambiance tranquille pour se détendre- se répandit dans tout l’appartement, Shirase jeta son trousseau de clé sur la table du téléphone et retira sa veste pour l’accrocher au porte-manteau. Il invita le mafieux à faire de même, pour se mettre plus à l’aise.
Arrivé dans sa cuisine, il releva ses manches jusqu’à ses coudes et mit un tablier pour éviter de tâcher ses vêtements. Rassemblant les ingrédients dont il avait besoin sur son plan de travail, il jeta un coup d’œil à son client pour voir où il en était. Avec un petit sourire, il lui fit signe de s’installer devant lui, sur une des chaises hautes d’où on pouvait voir toute la cuisine, sans pour autant avoir l’impression d’espionner.
— Ainsi vous pourrez voir comment je fais et peut-être essayer chez vous plus tard. De plus, vous pouvez avoir une vue magnifique en regardant à travers la baie depuis cet endroit.
Car la baie vitrée que Shirase avait fait installer –et qui l’avait endetté pour les deux années à venir- donnait une vue plongeante sur la plage et la mer. Shirase avait dépensé autant d’argent –malgré la remise eue pour l’emplacement- car il était tombé amoureux de la vue qu’il pouvait avoir depuis cet appartement. Le nombre de travaux, le temps qu’il avait dû attendre et le prix n’avaient en rien entamé son désir d’habiter là pour toute sa vie… Enfin, c’était bien beau, mais il fallait qu’il prépare son dessert à son client, maintenant !
Après s’être lavé les mains et avoir préchauffé le four, il sortit un plat dans lequel il rassembla de la farine du sel et du beurre. Avec des gestes experts, trahissant son habitude et son expérience, il mélangea les ingrédients, puis ajouta l'eau et commença à pétrir le mélange durant un bon moment. Quand la pâte commençait à être homogène, il lança de nouveau un petit regard à Tatsuya à qui il demanda d’un ton taquin :
— À vous, maintenant.
Il invitait le mafieux à prendre sa place. Shirase ne cherchait pas à le tester, quoique… Mais le but premier était surtout de le faire participer pour pas qu’il s’ennuie à attendre durant une demi-heure son plat.